VDV 29 : on se rince l’œil

Par Oenotheque

Un thème inhabituel pour cette 29ème édition des vendredis du vin. Car si les vendredistes ne sont pas des buveurs d’étiquettes, privilégiant généralement le fond à la forme, notre président du mois, François Desperriers (Bourgogne Live), nous encourage à ouvrir les yeux sur le contenant. Peu importe l’ivresse donc, pourvu qu’il y ait un flacon qui nous ait tapé dans l’œil...

« Imaginée en 1996, dernière année érotique du siècle après 1969 (à condition de se mettre les chiffres en face des yeux), cette étiquette est dédiée à Serge Gainsbourg et Jane Birkin : que la liberté était belle et croquante en ces temps-là ! ». Voici donc toute l’histoire de cette cuvée érotique imaginée par Seppi Landmann, qui ajoute, militant : « Aujourd’hui, la frilosité actuelle et le prohibitionnisme rampant de nos élus et de nos frénétiques législateurs remet plus que jamais la maxime de Montaigne à l’ordre du jour : versez-leur de bons vins, ils vous feront de bonnes lois. »

Pour Jay McInerney*, il n’y a qu’une seule activité qui peut apporter plus de plaisir que de déguster un bon vin avec un bon plat. Et, ajoute-t-il, si vous dégustez avec la bonne personne, le premier plaisir peut, plus souvent qu’à son tour, vous conduire vers l’autre. Il aurait pu ajouter que certains flacons sont mieux prédisposés que d’autres pour donner un coup de pouce à Eros. Voyons justement ce qui ce dissimule derrière la gravure coquine qui orne ce flacon-ci...

Si Seppi a fait cette cuvée en Riesling ou en Crémant, ici j'ai préféré le Muscat. Un cépage aimablement fruité, évoquant pour moi le printemps et l’éveil des sens. C’est également bien connu que les Alsaciens plébiscitent l’accord du Muscat avec les asperges, légume phallique que l’on est autorisé à prendre en main. Ce cépage rend-il, à l’instar du Champagne, les femmes plus belles ? Sans doute, si l’on en croit Alphonse Daudet : « Le dimanche nous allions aux moulins, par bandes. Là-haut, les meuniers payaient le muscat. Les meunières étaient belles comme des reines, avec leurs fichus de dentelles et leurs croix d'or ».

Ailleurs, avec une verve aussi militante que celle de Seppi, c’est Aragon qui le cite dans La Rose et le réséda : « Il coule il coule il se mêle / À la terre qu'il aima / Pour qu'à la saison nouvelle / Mûrisse un raisin muscat ». Mais je laisse volontiers les mots de la fin à Serge et Jane, puisqu’ils ont été à l’origine de l’idée de cette cuvée érotique :

* : dans son livre A Hedonist in the cellar – Adventures in wine.