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Alternative à droite : les grandes manoeuvres ont commencé

Publié le 24 septembre 2010 par Bernard Girard
La situation personnelle de Nicolas Sarkozy s’est à ce point dégradée ces derniers mois qu’il n’est plus, aux yeux de certains (beaucoup?) le candidat naturel de la droite aux prochaines élections présidentielles. Ses comportements personnels (débraillé, grossiéreté, brutalité), la politique qu’il mène pour reconquérir l’électorat du Front National lui ont aliéné la partie la plus modérée de son électorat qui peut être tentée par une candidature alternative en 2012.
Les grandes manoeuvres ont commencé à droite pour la préparer. On voit se dessiner trois stratégies :
- l’affrontement direct. C’est celle de Dominique de Villepin dont on sent bien qu’il a l’ambition de se présenter,
- la reconstitution d’une force de centre-droit sur les décombres de l’UDF que tentent, dans le désordre, Bayrou, Morin et Borloo,
- la mise en orbite au sein de l’UMP : c’est la stratégie de Jean-François Coppé qui parle de 2017 mais serait sans doute disponible pour 2012 si par accident Nicolas Sarkozy était indisponible ou victime d’une fronde massive à l’UMP.
Aucune de ces stratégies ne va de soi. Dominique de Villepin a quelques atouts (son allure, son discours à l’ONU, sa résistance à Nicolas Sarkozy, la sympathie des néo-gaullistes et de quelques chiraquiens) mais aussi et surtout de nombreux handicaps (il n’a pas de troupes, il n’a jamais été élu, beaucoup à droite lui reprochent la dissolution qui a amené Jospin à Matignon, il traîne une sulfureuse réputation d’organisateur de cabinet noir).
Même chose pour les centristes : aucun ne s’impose vraiment. Morin est d’une fadeur qui frôle l’insignifiance, personne ne connaît vraiment Borloo même s’il bénéficie d’une bonne image, Bayrou a dilapidé son capital de sympathie acquis lors de la précédente campagne présidentielle. De plus, Nicolas Sarkozy fera tout pour éviter que des députés de l’UMP rejoignent une néo-UDF. On se souvient comment il a acheté la non-candidature de Christine Broutin. On peut être sûr qu’il saura recommencer si nécessaire.
Pour qu’une candidature de Jean-François Coppé s’impose, il faudrait qu’il prenne la tête de l’UMP, ce qui n’est pas encore fait, que Nicolas Sarkozy soit incapable de se présenter (soi qu’il ne le souhaite pas, soit que son image dans l’opinion soit si dégradée que le doute n’est plus permis), que les grands barons (Juppé, Raffarin…) abandonnent toute ambition et l’adoubent (ce qui n’est pas fait). Cela fait beaucoup de si.
Rien n’est donc joué, mais ces interrogations de la droite ne seront pas sans effet sur le paysage politique. On peut dores et déjà penser qu’il y aura trois candidatures susceptibles de mordre sévèrement dans l’électorat de Nicolas Sarkozy  (un candidat du centre, un néo-gaulliste ou ex-UMP façon Villepin, un représentant du Front National), ce qui va lui rendre la tâche plus difficile et l’amener à se concentrer dans les mois qui viennent sur cet objectif : éviter la dispersion de son électorat. Une dispersion qu’il a aggravée avec son virage droitier de cet été qui lui a probablement fait gagner quelques voix à l’extrême-droite (mais combien?) mais lui en fait perdre sans doute autant sur son centre.
S’il veut éviter une fronde de l’UMP, il doit montrer à ses troupes qu’il est le mieux à même de les faire gagner. Mitterand dont la position n’était guère plus confortable à la fin de son premier septennat avait su reconquérir l’opinion en jouant de sa position de premier opposant et de son équation personnelle (son charme, sa stature d’homme d’Etat) contre un adversaire de droite qui inquiétait (on l'a oublié mais Chirac passait alors pour le grand méchant loup). Cette reconquête de l’opinion et son habileté politique avaient éloigné la menace Rocard. La situation est aujourd’hui toute différente. Sarkozy a tous les pouvoirs. C’est lui, et non son adversaire, qui passe pour brutal et source d’aventure, ses concurrents à droite sont crédités des qualités qui lui manquent (homme d’Etat pour Villepin, sensibilité sociale pour Bayrou, efficacité et imagination pour Borloo, fermeté pour Le Pen…). S’il a de l’énergie, il manque certainement de charme et rares sont ceux qui lui reconnaissent une stature d’homme d’Etat. En ce sens, il est, quoique pour des motifs très différents, plutôt dans la situation de Giscard en 1979. Aucune situation n’est jamais désespérée, surtout en politique, mais il faut reconnaître que le défi n’est pas mince.

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