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des femmes et des retraites

Publié le 24 septembre 2010 par Polluxe

des femmes et des retraitesDans les manifestations d'hier et dans les reportages qui en ont rendu compte, les femmes étaient au premier plan.
Motif : du fait de carrières interrompues ou courtes elles sont pleinement concernées par le passage de 65 à 67 ans pour l'âge limite de retraite à taux plein. Point positif, on parle enfin de ce seuil là et pas seulement des mythiques 60 ans. Mais cette focalisation sur les femmes me gêne un peu. D'abord parce le problème des 67 ans ne concerne pas spécifiquement les femmes mais tous ceux et celles qui ont fait des études supérieures et ont commencé à travailler après l'âge de 23 ans, c'est-à-dire de plus en plus de gens, avec l'allongement de la durée des études. Ensuite parce que le problème de l'inégalité des retraites entre hommes et femmes n'est pas un problème de retraites mais d'inégalité en amont dans le monde du travail. Le système de retraites n'y est pour rien. Doit-il pour autant servir de système de compensation, comme c'était le cas à une époque pour le chômage, avec le recours aux pré-retraites ?

Comme le rappelait en 2009 une étude de l'INED (1) sur le sujet :

" l'activité féminine se distingue de celle des hommes par une moindre participation au marché du travail, une fréquence accrue du temps partiel et un niveau de rémunération plus faible. [...] les écarts de salaire, aux causes multiples - temps de travail, ségrégation professionnelle, carrières interrompues - demeurent et se répercuteront donc in fine sur les droits à retraite. [...] Si la montée de l'activité féminine donne l'impression qu'on s'éloigne du modèle traditionnel de " l'homme gagne-pain ", la répartition des tâches domestiques au sein du couple demeure largement inégalitaire. Les carrières professionnelles des femmes en restent affectées, tant en termes de type d'emploi, de durée du travail que de niveau de rémunération. "

Les femmes ont accédé au monde du travail mais de façon incomplète ou inégalitaire parce qu'elles ont gardé une bonne partie de leur rôle traditionnel. Et ceci est d'autant plus dommageable qu'avec les divorces elles sont de moins en moins nombreuses à bénéficier des pensions de réversion qui dans le système - traditionnel justement - venait compenser leurs fonctions domestiques. Ainsi, en France, en 2004, la pension moyenne de retraite de droit propre de l'ensemble des retraitées était égale à 48% de celle des hommes, 72% si l'on ajoutait la pension de réversion (1).

Bref les femmes ont perdu le beurre et l'argent du beurre. Faut-il pour autant inventer un nouveau système de compensation ? Ou passer au stade suivant en luttant efficacement contre l'inégalité dans le monde du travail ?

En fait des mécanismes de compensation existent déjà : les mères salariées du secteur privé ont droit à une majoration de durée d'assurance de deux ans par enfant, qu'elles aient ou non interrompu leur activité.
Certains proposent de maintenir l'âge de 65 ans pour les mères de trois enfants, mais cela ressemble plus à une mesure nataliste. La Halde propose de tenir compte du congé parental pour les parents, comme c'est déjà le cas pour les fonctionnaires, ce qui aurait le mérite de ne pas être réservé aux femmes.

Il me semble que seules les périodes de grossesse et d'allaitement - qui sont spécifiques - peuvent être compensées dans le cadre d'un système de retraite. Pour le reste, il vaut mieux lutter contre les inégalités en amont, plutôt que de les entériner en les compensant. Même si ce n'est pas facile et si certains se gaussent.

(1) INED, Populations et sociétés n° 453, février 2009 : " Comment corriger les inégalités de retraite entre hommes et femmes ? L'expérience de cinq pays européens. "


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