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A l'occasion des 50 ans des indépendances africaines, une trentaine de portraits, pour la plupart, de présidents africains, sont exposés dans le hall de France Télévision. Un événement qui annonce la diffusion au mois d'octobre d'un documentaire en 4 parties... (Elikia Mbokolo est l'un des auteurs).
L'exposition démarre par cet intitulé : acte 1 : le crépuscule de l'homme blanc....
Au dessus de cet intitulé, trône en premier, le portrait de l'empereur Hailé Sélassié suivi de celui de Gamal. A. Nasser. L'instigateur pour la fondation de l'O U A, appelé le négus, roi des rois, dans sa posture de seigneur des seigneurs parait avoir « un regard noble et triste ».*
A l'acte 2, vos jambes ne tiennent pas. Vous êtes emporté par l'Ouragan africain (intitulé de la 2e partie) qui vous balaie et vous propulse au Règne des partis uniques, l’intitulé de l’acte 3.
Vous avez dépassé Nkruma, Cabral, Sékou Touré, vous atterrissez au chevet d'un léopard mort que Mobutu exhibe et semble piétiner.
Vous vous imaginez alors le règlement de compte qu'à pu lui faire là haut, le léopard, qui serait plus plutôt fier d'être à côté de Lumumba, dont le nœud papillon sur la photo ne cache pas la souffrance.
Comme par miracle, les portraits de L.S. Senghor et d'Houphouët Boigny se glissent sous vos yeux pour vous dire que l’un utilisera sa poésie, et l’autre, sa sagesse pour tenter de sauver celui qui n'était pas tendre avec ses opposants.
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Au nom du cousinage entre sérère et peul, deux présidents sérères c’est trop ! A. Ahidjo, le peul, pourrait exiger que son portrait figure à la place de celui de Diouf. A moins que tous les portraits du premier président camerounais soient jetés au feu par certains de ses concitoyens. Sinon quelle interprétation pourrait-on donner à cette phrase qu’on lui prête à propos de deux de ses opposants : «Toi, j’ai de l’estime pour toi, je te tue. Et toi, je n’ai que du mépris pour toi, je te laisse vivre. ».
Bongo est très radieux sur sa photo. C'est comme s'il n’était pas absent du monde des vivants.
Vous voulez avancer, mais vous ne pouvez pas échapper à la tenue d'apparat de Bokassa "autoproclamé empereur". Vous vous dites, qu'après tout, il en a le droit. Pourquoi faut-il que le sang royal soit l'exclusivité de certaines veines humaines. Il peut bien piquer un des nombreux titres d’Hailé Sélassié.
Sur la photo, l’aigle a une telle envergure que Bokassa qui a voulu en faire son emblème en tant qu’empereur, semble en être la proie.
Maintenant qu’il s’agit de proie, quelque chose de sanguinaire apparaît et ternit brutalement l’éclat des diamants qu’il porte.
Par contre la jeunesse et le rouge sang du béret de Thomas Sankara vous éblouissent. Le sourire qu’il arbore sur la photo est comme pour témoigner, même s’il a été brutalement fauché, qu’il reste encore l'un des rares putschistes adulés par une partie de la jeunesse africaine révoltée.
L'intitulé de l’acte 4, dernière partie, "les aventures chaotiques de la démocratie", vous incite plutôt à retourner sur vos pas pour revoir des portraits qui vous ont échappés. Mais c'est impossible. Le sourire majestueux de Nelson Mandela vous retient et vous accueille dans ce carré des vivants. Le prix Nobel de la paix est à côté d'un autre prix Nobel, Wangari Maatei qui ferme l'exposition.
P .S : Par ailleurs, même sans le portrait du premier président de la Mauritanie M.O Daddah, je me suis souvenue de l'année où il "caressa" nos têtes d’écolières. Nous devions lui présenter les produits régionaux au cours d’une de ses visites officielles dans notre village. Comme la petite fille au dessus, nous étions fières de porter de minuscules niordés (corbeilles), pour ce qui représentait pour nous un joyeux évènement.
Safi
Merci Doyen pour les corrections.