Magazine Photos

Soirée du 11/09, sur ARTE, à partir de 20h40 : sur les Incas et les Aztèques.

Par Ananda

2- Les AZTEQUES étaient-ils aussi sanguinaires qu’on le pense ?

Après les Incas (voir plus haut dans le blog) nous nous tournons maintenant vers une autre Amérique précolombienne, l’Amérique Centrale, plus exactement vers l’Empire MEXICA, l’empire des Aztèques.

Si Hernan Cortez débarqua en 1519 au Mexique, avec les conséquences que l’on sait, il faudra attendre le XIXe siècle pour que quelqu’un daigne s’intéresser aux documents laissés par cette civilisation, encore dénommés CODEX.

Ce documentaire nous retrace une histoire assez extraordinaire : celle de SELLER, au départ simple « petit précepteur » allemand  passionné de mystères précolombiens jusqu’à l’obnubilation qui, à l’époque dont nous parlons, épousa, par amour, la fille de son riche médecin et trouva en elle non seulement une tendre épouse mais encore une auxiliaire précieuse, jamais défaillante.

Seller, qui voulait à tout prix faire sortir les anciens Aztèques de l’oubli, de l’ombre où les avait jeté la conquête espagnole, commença ses recherches par la lecture scrupuleuse de L’Histoire générale de la Nouvelle-Espagne, ouvrage de Bernardino de SAHAGUN, espagnol considéré comme « le premier ethnologue de l’Amérique Centrale ». Cet ouvrage présente l’intérêt de contenir un « lexique aztèque ». Cependant, très vite, le chercheur autodidacte constata que cette lecture ne suffisait pas. C’est ce qui l’amena à prendre contact avec « le plus grand spécialiste mexicain des Aztèques », Antonio PENAFIEL et, dans la foulée, à l’instigation de celui-ci, à décider de partir pour le Mexique.

« Le père de Cécilia [le médecin] finance l’expédition du couple Seller », qui vit ses premiers contacts avec la ville de México, bien trop peuplée, comme un « cauchemar ».

Sous les Aztèques, l’actuelle capitale du Mexique se nommait TENOCHTITLAN.

De Tenochtitlan, on nous dit qu’elle fut « fondée en 1325, sur une île au milieu d’un lac » et qu’ « entre 1428 et 1521 », son nombre d’habitants (« 70 000 ou même 300 000 ») en fit non seulement « le centre de toute la Mésoamérique », mais également « la plus grande cité d’Amérique » tout court.

D’après ce que nous savons, elle abritait « une population très vivante », constituée de deux catégories bien distinctes : la « population permanente » et la « population fluctuante », cette dernière se déplaçant, chaque jour, « en provenance de la périphérie ».

Nous faisons la connaissance de l’archéologue mexicain Raul BARRERA, récent découvreur des « vestiges d’un immense temple du soleil datant des Aztèques », dans México même. Nul n’est mieux placé que lui pour nous parler de l’ancienne cité, dont il nous dit que, si l’on sait avec certitude qu’elle comportait « quatre sections séparées par quatre grand canaux, on ne connait pas [en revanche] ses frontières extérieures ».

Mais revenons au couple Seller : une fois atteinte la capitale du Mexique en 1887, il bénéficie de l’hospitalité empressée de Penafiel, qui les accueille et les loge.

Penafiel est un des pionniers de « l’aztécologie », et les Allemands, à son contact, revivent. Expansive, Cecilia se sent comme un poisson dans l’eau au Mexique, où ses manières directes et sans façons plaisent au menu peuple, ce qui ne peut que servir les intérêts de leur recherche commune. Son dynamisme fait d’elle le véritable « moteur » du couple.

Seller et elle, fébriles, se préparent à entamer leurs premières fouilles…lorsque, déception et stupeur, ils apprennent, sur ces entrefaites, que « toute fouille a été interdite par le président mexicain ». Il ne reste plus à l’archéologue qu’à s’enfermer dans la Bibliothèque Nationale, où il peut étudier à loisir les copies des Codex. A ce propos, le commentateur ne manque pas de nous signaler que « ce qui frappe dans ces Codex, ce sont les images de sacrifices ».

Les recherches de Seller aboutissent à une découverte importante, celle du « calendrier aztèque de 260 jours », figuré notamment sur un disque de pierre de 24 tonnes, « La Piedra des Sol ».

Mais on ne peut pas parler du calendrier aztèque sans « zoomer » sur la cité de TLATELOLCO, qui, « fondée treize ans après Tenochtitlan, possède, tout à fait à son image, un Templo Mayor et un quartier religieux ».

Selon les dires de Salvador GUILLEN (spécialiste de Tlatelolco), on y construisait, en fait, « plusieurs pyramides les unes sur les autres », ceci selon le calendrier, à savoir « tous les 52 ans, à chaque changement de siècle » aztèque. Cette période était aussi celle du « feu nouveau, des sacrifices ».

Pour les Aztèques, Guillén le confirme, « sacrifier aux dieux, c’est faire un acte sacré ».

Et pourtant les fouilles accomplies à ce jour par Guillén n’ont donné lieu qu’à l’exhumation de « quelques os et d’un seul crâne », ce qui s’avère être un maigre butin. De même, des fouilles précédentes n’ont-elles récolté que « peu d’ossements ».

Et  Guillén de conclure : « les fouilles archéologiques n’ont jamais confirmé les charniers décrits par les Espagnols ». Voilà de quoi laisser bien perplexe…

Toutefois, les fouilles, bien sûr, se poursuivent. « Tlatelolco a connu au moins huit phases de construction ».

Après sa découverte calendaire (capitale pour la compréhension du monde aztèque), l’allemand Seller se mit à éplucher le CODEX MENDOZA, qui lui fournit de nombreux renseignements d’ordre ethnologique, particulièrement des informations portant sur « l’éducation des enfants ». Assurément, les Mexica ne faisaient pas partie des peuples tendres : leur vie était encadrée par une « très grande discipline », appuyée sur des « règles très strictes ». Aux petites filles étaient dévolues les tâches de « cuisine et couture ». Aux jeunes garçons, celles de « la pêche et des champs ». Une répartition très rigide !

Ce qu’il faut savoir, c’est qu’ « au départ, les Mexica étaient un tout petit groupe ethnique » et qu’à partir de ça, « ils ont conquis toute l’Amérique Centrale ». S’ils y sont parvenu, c’est, précisément, grâce à leur discipline sévère, à laquelle venait s’ajouter, côté ruse, l’action d’ « un vaste réseau d’espions », les POXTECA (qui utilisaient pour « couverture » le commerce).

Quid de l’image des Aztèques, de l’essence de leur culture ?

Le documentaire effleure à nouveau le problème en nous montrant deux magnifiques objets appartenant à la Collection Seller :

-« une coupe rituelle recueillant le sang des victimes sacrifiées »

-un masque de guerre dont l’intérieur est revêtu de symboles.

Tout cela nous donne, tout de même, l’impression d’une culture sombre, « stoïcienne ».

Retour à Tlatelolco, où Guillén a découvert « une fosse commune de 39 squelettes…presque tous des jeunes gens de 25 à 35 ans ». Pouvait-il s’agir d’Espagnols ? On le soupçonne, bien que, pour le moment, on n’en sache, pour être honnête, rien.

De son côté, une autre archéologue mexicaine, Elsa HERNANDEZ, a « peut-être découvert l’autel sacrificiel privé de MONTEZUMA » en personne ! Il correspondrait à l’emplacement de ce qu’on appelait à l’époque la « chambre noire de Montezuma », un lieu tout à fait spécial, « plongé dans l’obscurité totale » où l’empereur se retirait « pour méditer, demander conseil aux dieux ».

Par ailleurs, « il reste encore beaucoup de notes de Seller à étudier ».

Les CODEX constituent « les rares traces de ce que fut la civilisation aztèque ». Ils sont « peints sur des peaux d’animaux ou sur le fameux papier AMATL, fabriqué à partir de l’écorce de figuier ».

Mais le film n’en a pas encore tout à fait fini avec l’histoire de Seller. En effet, les autorités du Mexique finirent par lui donner, en 1887, accès à des ruines situées à 120 km au sud de México : les ruines de XOXICALCO.

Xoxicalco signifie, dans la langue NAHUATL que Seller a apprise, « La Maison des Fleurs ». C’est « l’un des rares sites [du Mexique] épargné par les Conquistadors », et l’on y trouve, outre « plusieurs temples et palais et un terrain de jeu de balle découverts par les Seller », de « magnifiques hiéroglyphes » et des bas-reliefs qui apparaissent, manifestement, comme des « emprunts à la culture MAYA et à celle, moins connue, de TEOTIHUACAN ». Cette série d’indices ne trompe pas : nous avons là une véritable « cité multiethnique rassemblant plusieurs peuples d’Amérique Centrale ». Un métissage, déjà !

« Xoxicalco, ajoute-t-on, fut longtemps une cité fortifiée ».

On imagine l’émerveillement de Seller lorsqu’il l’atteignit…quelle récompense, surtout au terme d’une route réputée, en raison de ses hordes de brigands, comme l’une des plus dangereuses du Mexique !

Ce fut ébloui que Seller, enfin reconnu, rentra à Berlin, où, rapidement, il présenta ses travaux « lors d’un congrès ».

Le savant allemand revint par la suite « de nombreuses fois » au Mexique.

Nommé, entre temps, professeur à Berlin, il était désormais « considéré comme le fondateur du Mexicanisme ». Là encore, belle récompense, que son grand sens de l’observation et sa grande mémoire, jointes à sa puissance de travail, méritaient bien !

A son décès, survenu en 1922, l’administration de son œuvre revint à son épouse Cécilia qui « rédigea plusieurs études, notamment sur les femmes aztèques » et se mit à entreprendre des tournées de conférences.

Au final, que dire, sinon que « l’image des Aztèques a été façonnée en grande partie par E. Seller », dont les ouvrages sont aujourd’hui encore, en la matière, de véritables « références » et que, plus important encore, sans doute, « les sacrifices humains étaient beaucoup moins importants » que le prétendirent, dans leur tentative typiquement coloniale de « justifier leurs exactions », les Espagnols ?

P.Laranco.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ananda 2760 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossiers Paperblog

Magazines