Dans l'affaire des emplois fictifs, où Delanoë vante sa défense sourcilleuse des intérêts des Parisiens, mieux vaut pour lui que l'on ne regarde pas dans les détails et la chronologie ! On pourrait n'y trouver, depuis le début, que calculs politiciens et cynisme ...
Qui connaît Pierre-Alain Brossault ?
Ce militant écolo a fait preuve d'une réelle témérité quand, en 1998, il s'est lancé avec un ami avocat dans une bataille afin qu'éclate la vérité sur l'affaire des emplois fictifs. Face à l'inertie de la mairie tibériste (c'est de bonne guerre), mais aussi à celle, plus surprenante, de l'opposition de l'époque, menée par Delanoë, il porte plainte, entame différentes procédures et obtient même l'autorisation de plaider au nom de la commune. Il est donc à l'origine des actions pénale et civile qui menacent aujourd'hui encore l'ancien président de la République.
Témoignage de son long isolement, en 1999 le Nouvel Observateur rapporte ( voir l'intégralité de l'article en cliquant ici ): "quant aux socialistes et aux Verts parisiens, ils évitent même de (me) serrer la main ... Ils ne nous ont jamais apporté le moindre soutien», assure le tandem (Brossault et son avocat)".
A cette époque, tout est clair. Sauf que les choses changent radicalement en 2001.
Brossault a d'abord la bonne idée de présenter une liste dissidente écolo dans le 13ème, qui obtient près de 4 % des voix et limite ainsi le score de celle des Verts. Cela arrange bien les affaires des socialistes de Blisko qui peuvent plus facilement négocier la fusion au deuxième tour et emporter cet arrondissement crucial pour le basculement de Paris.
Par ailleurs, après son élection, Delanoë sort de sa léthargie dans le dossier des emplois fictifs. Chirac est président de la république et candidat à sa réélection en 2002. Et c'est un moyen de pression bien utile pour un maire de Paris socialiste que d'avoir le chef de l'Etat dans son collimateur judiciaire. "Dès mon élection à la mairie de Paris en 2001, et conformément à mes engagements, j’ai souhaité reprendre au nom de l’exécutif de la Ville de Paris la plainte déposée par Pierre Alain Brossault qui avait ainsi préservé les intérêts de la collectivité : ce fut fait le 5 décembre 2001" explique aujourd'hui doctement Delanoë, sans trop s'appesantir sur son inaction d'opposant.
On n'a rien su, en 2001, des conditions dans lesquelles Brossault s'était désisté de sa propre constitution de partie civile. Toujours est-il que c'est bien grâce à cette substitution à Brossault que la mairie delanoiste peut aujourd'hui envisager de signer le protocole d'indemnisation qui va mettre fin à l'action civile contre Chirac, ayant en quelque sorte repris cette instance pour finalement l'enterrer. Il faut dire que cibler Chirac n'a dorénavant plus d'intérêt politique pour Delanoë. En revanche, obtenir la bienveillance de l'Etat dans les différents dossiers foireux de la mairie : Jean Bouin, les Halles, le tramway, les recrutements et rémunérations de personnels, etc ... présente un réel enjeu !
Qu'on se rassure en tous cas : les compétences de Brossault ne sont pas perdues pour la ville car il fut très vite embauché comme "chargé de mission" au cabinet de Jean-Pierre Caffet, adjoint à l'urbanisme ! On le voit de temps à autres dans des réunions et des couloirs. Chose fort désagréable, son nom apparaît dans une méchante histoire de corruption : cliquez là. Heureusement, cette affaire est classée. On le signale encore en 2009 à la mission "communication" de la direction de l'urbanisme. La communication : cette activité éthérée qui emploie tant de monde dans tant de recoins de l'administration municipale.
Qui aura l'idée de demander à l'ex chevalier blanc et nouvel agent municipal Brossault, ce qu'il pense de l'accord Chirac/Delanoë ? Comme les centaines d'employés recrutés par la ville dans des conditions qui font aujourd'hui tousser la Chambre régionale des comptes, il est désormais tenu à un strict devoir de réserve ...