Un jour à Berlin

Publié le 13 septembre 2010 par Ladrevert

Je viens donc de découvrir la fameuse Berlin, la capitale de l’Europe qui a tous les honneurs. Ce fut un aller retour éclair, que je passais en compagnie d’un ami Berlinois qui fit office de guide et qui me raconta ses souvenirs notamment par rapport au mur… et à des retrouvailles, avec mon ami Stan Sakai et sa femme invités par un festival de BD en Allemagne. Nous avons eu une éclaircie au niveau du temps, mon ami Thomas m’a dit qu’ils avaient une expression en Allemagne : Quand les anges sont de sortie ils emmènent le beau temps avec eux.

Le photo reportage ici (avec une section spéciale Street Art)

J’ai été enchanté par la capitale, vivante, populaire, sécurisante. Il y a de l’espace à Berlin, de grands espaces, des rues populaires où les gens prennent le temps de vivre, à des prix tout à fait raisonnable. Il y a des arbres partout, les gens défendent leurs arbres, ce qui confère à la ville un micro climat l’été plus un capteur naturel de CO2. Comme dans les pays du coin, beaucoup de vélos. La ville construit de manière définitive, mais de manière temporaire… en effet Berlin est un chantier permanent loin de notre capitale du passé. La ville est vivante, et on se sent et est en sécurité, la ville a su garder sa mémoire du passé avec ses bâtiments historiques, ses mémoriaux mais est également ouverte au street art. Il y a visiblement des endroits beaucoup plus coquins qu’à Paris la nuit…

C’est amusant je découvrais juste après Nantes, où je trouvais beaucoup de similitudes entre les deux villes toutes proportions gardées

Mon ami Thomas est venu me chercher, je me retrouve dans un quartier où j’aurais pu croire un instant être dans la partie orientale d’Istanbul… je lui pose une question sur le livre de Sarrazin qui a été plutôt explosif là-bas. Le Washington Post a d’ailleurs ressorti le sujet récemment.

Là où la France a son sentiment de culpabilité avec le colonialisme et qu’elle se défend de vouloir traiter certains problèmes, en Allemagne on peut imaginer que l’immigration est un sujet brûlant, surtout lorsqu’elle est traitée par une personne louche qui parle d’eugénisme etc… néanmoins le soutien que reçoit l’auteur est étonnant, et dénote que la population, à défaut de prendre parti pour Sarrazin, veut voir débattre du sujet. ce qui montre que les sujets tabous finissent toujours par être débattus malheureusement pas de la bonne manière…

Angela Merkel l’a pris à parti alors même qu’elle a donné un prix au caricaturiste danois qui avait caricaturé le prophète.  Sarrazin reçoit le soutien inattendu de l’auteure allemande et musulmane Necla Kelek (cf article)

Je pense qu’effectivement il est sain de se poser une question sur ce que l’on attend de notre avenir, à une époque où il n’y a plus de valeurs, où l’on a peur d’affirmer certaines valeurs fondamentales, et où l’avenir n’existe plus. La notion de nation elle est beaucoup plus jeune, remonte-t-elle aux révolutions française et américaine ? quoiqu’il en soit on a planté sous Louis XVI de grandes forêts pour que les générations futures puissent naviguer dans de grands bateaux, ce qui bien entendu n’a pas de sens mais qui aujourd’hui se soucie des générations futures sincèrement ? quel héritage souhaitons-nous laisser, quelle utopie guide nos pas ? quelle société souhaitons-nous ? indépendamment de la liberté d’expression que je défendrai toujours (et sur laquelle nous reviendrons bientôt au vu de l’actualité), il est clair que si l’on traite quelqu’un comme un ennemi il y a peu de chance qu’il se révèle votre meilleur ami. Le but des agitateurs n’est pas de soulever le débat que les biens pensant veulent ignorer…

Longue digression, revenons en à Berlin, ville où le mur a laissé sa place, avec son mur, où les traces du mur, les éléments de reconnaissance des jeunes entre Est et West (E format par trois doigts ou W par quatre doigts), une statue de bonhomme géants s’affrontant représentant les diverses zones, et que les habitants une fois par se commémorent en se balançant des fruits les uns sur les autres. Peu loin un pont qui démarquait les zones près duquel deux jeunes se sont noyés, les ouests allemands ayant peur de se faire tirer dessus par les gardes est allemands, et les est allemands ne pouvant y aller, car ils auraient risquer de s’enfuir après. Les tergiversations ont laissé des cadavres à sortir du fleuve…

Et franchement une ville où il semble faire bon vivre, où l’on peut faire des rencontres, où il y a une vie culturelle et festive. Beaucoup de Street Art en dehors de ses musées, vous pouvez voir quelques séries que j’ai pris tant du mur que dans la rue : pièces faites sur papier puis collées afin de ne pas détériorer les murs. c’est aussi cela Berlin. J’aime beaucoup le mouton « Je suis ceux que je suis« , the Wall, le quartier japonais… et les affiches hippies sur LOVE.

Mon ami m’a dit que les Berlinois aimaient la transgression, peut-être tiennent-ils cela du sang français qui coule à Berlin, car après tout nombre de huguenots ont trouvé refuge là bas, à une époque fratricide en France. cela a donné le parc monbijou, et deux dômes jumeaux: le dôme français et allemand. Nous avons débattu, j’ai défendu que le plus beau dôme (le plus gracieux) était le français, au final j’avais raison !

Voilà déambulation à AlexanderPlatz, si vous pouvez vous offrir un hotel là-bas, vous verrez que la tour est visible de partout dans la ville. Thomas m’a raconté quelques surnoms qu’ils donnaient à leur tour, l’un concerne un de leurs hommes politiques (« sa dernière érection », c’est plutôt gaulois). Vous pouvez voir un poste de contrôle dans les photos où Thomas a eu la peur de sa vie plus jeune ayant été interrogé en possession de produits subversifs (une cassette musicale et de la monnaie de la mauvaise sonne…). sur la place il y a une rétrospective photo sur le mur (comme l’année prochaine ce sera les 50 ans de la construction du mur peut-être que l’expo deviendra permanente). Très intéressante. Les hommes politiques aux lunettes noires m’ont bien fait flippé (on comprend pourquoi sur un dessin du mur un homme polituqe sans visage est symbolisé avec cette barre de lunette noire).

tour : Hackescher Markt, Oranienburger Straße, Synagogue, Tacheles
Nikolaiviertel, Rotes Rathaus, Berliner Dom, Unter den Linden, Bebel Platz

Ah cette place fut intéressante car les nazis y ont brûlé des livres d’auteurs anti nazi durant la guerre, et comme mémorial, au milieu de la place un sol vitré où l’on peut voir des bibliothèques vides dans une salle souterraine.

Gendarmenmarkt avec les dômes dont j’ai parlé (allemand et français). Nous avons bu un verre.
au fait je n’ai pas trouvé de spécialité culinaire propre, une assimilation de plein de cuisines, par contre une bière locale verte ou rouge, absolument chimique et dégueulasse.

La place du mémorial de la Shoah dont l’architecture dans laquelle on peut déambulé m’a touché.
L’ambassade américaine est au bout, avec le famin ours de Berlin en forme de Statue de la liberté (cf photos)

Bundestag (dôme en verre et couloir en spirale), Brandenburger Tor.

Hmmm. Depuis le Brandenburger Tor on voit leur colonne de la victoire, qui semble avoir plusieurs significations maintenant que j’ai fait des recherches dessus, mais quand Thomas m’en a parlé, il m’a dit : c’est le mémorial de notre victoire contre la France en 1871. Cela m’a fait bouillir, ce qui est rare, mais c’est ainsi avec l’année terrible. Tellement terrible qu’on en parle plus dans nos grands moments historiques. Un jour j’y reviendrai longuement car ce moment et la IIIème république aide grandement à comprendre notre histoire moderne.  Sacré victoire prussienne où notre armée n’a pas combattu, pour une guerre de prestige afin d’asseoir l’empire, pour l’occasion Napoléon a vu battre pièce : Napoléeon III vampire de la France (et oui tout le monde pouvait battre pièce à l’époque), guerre largement sponsorisée par des généraux qui étaient à la fois actionnaires dans les industries de marchand de canons… La commune, les parisiens résistants, le schisme de la nation et pour ainsi dire entre les démocrates et les républicains. Puis après que nos chers versaillais de Thiers (les républicains, réactionnaires et royalistes, il s’en est fallu d’un drapeau qu’on ne soit une monarchie aujourd’hui) aient fait libérer l’armée française, celle-ci pour montrer qu’elle n’était pas une armée de capitulard, s’est occupé de Paris. Une vraie décimation. Une époque terrible. Vous pouvez encore vous recueillir à Paris au cimetière du Père Lachaise car le mur d’enceinte extérieure nommé le mur des Innocents à été construit là où l’armée a terminé d’exécuter la population. Bon j’ai largement résumé à coup de cuillère à pot (cette expression vient du nom des sabres d’abordage des corsaires pour bien visualiser) mais 1871 ça me hérisse. Ces connards de versaillais déclarèrent qu’ils se sentaient plus proche des hobereaux prussiens que de la populace parisienne avant de pactiser avec Bismarck.

bon je me suis égaré il est tard,  vous pouvez voir une photo de Checkpoint charlie le point de contrôle américain, et de la East side Galerie : restes du mur transformé en galerie d’art à ciel ouvert qui m’ a franchement bien plus pour certaines œuvres.

Berlin m’a franchement plu, puisque je suis tombé dans les considérations historiques, est-ce que l’absence d’arbres dans nos villes date de la révolution ? après tout à la révolution on a planté les « arbres de la liberté » partout dans le pays, renommé arbres napoléon par la suite, qui furent détruit à la restauration de la monarchie. Plus on bétonne, plus nos politiques se font photographier avec des fonds plein de verdure.

Ah, Berlin, très étonnamment, une ville où je prendrai plaisir à y retourner.