Après avoir vu ce film, je trouve les critiques bien sévères, voire carrément injustes envers ce film poignant et prenant. Djamel Debbouze, Roschdy Zem et Sami Bouajila campent trois frères au destin à la fois parallèle et divergeant.
Il y a l'idéaliste, bon élève à l'école, qui deviendra un chef pendant sa détention politique, le soldat prisonnier des Viets, et celui qui tourne mal - maquereau, patron de bar et organisation de combats de boxe - mais tous trois sont solidaires dans leur amour de leur mère et de leur Patrie. A travers eux, c'est la guerre d'Algérie qui nous est contée, avec ses horreurs, comme dans toute guerre. Mais, comme me le fait remarquer Claude, le film est plutôt indulgent envers les Français : pas de scène de géhenne, pas de "corvée de bois". Seulement, un couple de policiers convaincus, eux aussi, de la justesse de leur cause.
Il fallait tout de même du cran pour évoquer le rôle des agents recruteurs du FLN auprès de la communauté immigrée des algériens vivant en France, les humiliations, les spoliations et la haine qui s'en est suivie contre le colonisateur, soudain déboulonné de son prestige après la débâcle de 1940 et la chute de Dien-Bien-Phu.
Rivalités politiques entre partis (MNA et FLN), organisation de l'impôt révolutionnaire, prise des ordres en RDA, terrorisme, contre terrorisme, répression policière, purges internes et infiltrations en tous genres....
Effectivement, on ne nous a guère parlé, dans nos cours d'histoire contemporaine, des massacres de Sétif et des ratonnades de 1961 au métro Charonne. C'est bien de rappeler combien peut être meurtrière une guerre de libération.
Film historique, film de guerre, film de gangsters, Hors la loi est tout à la fois. C'est un regard plein d'émotion sur une génération idéaliste et sacrifiée, surtout lorsque l'on sait comment la société algérienne a évolué sous l'effet des luttes pour le pouvoir et de la corruption.
La direction d'acteurs est impeccable : on retrouve avec plaisir Bernard Blancan, qui fut l'officier français dans Indigènes, Chafia Bouadraa, la mère pleine de dignité qui se meurt dans l'innommable bidonville de Nanterre (démantelé seulement en 1978 par Chaban-Delmas), le commissaire Picot joué par Jean-Pierre Lorit) qui se fait assassiner dans son commissariat....
Je gage que, sous couvert d'aller voir un film d'action, bien des jeunes repartiront de là avec une autre image de la guerre d'Algérie et de ses héros. Même si tout n'est pas si simple ou manichéen comme au cinéma.