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PS : bientôt le partage des dépouilles ?

Publié le 27 septembre 2010 par Sylvainrakotoarison

Plus que dix-huit mois avant l’échéance présidentielle. La guerre des chefs semble s’estomper au sein du PS.

yartiCandidatPS08La Ve République vit au rythme des élections présidentielles. 2012 sera la prochaine "respiration" démocratique. Penchons-nous sur un candidat mystère, celui du Parti socialiste.
L’inconnue de l’élection présidentielle
À chaque élection présidentielle, il y a toujours une part de devinette pendant les longues années qui la précède.
Avant décembre 1965, la question était de savoir si le Général De Gaulle allait ou pas se représenter. Georges Pompidou y était défavorable et songeait déjà à sa propre candidature. À gauche, "L’Express" avait lancé la candidature de centre gauche de monsieur X qui n’était autre que Gaston Defferre : allait-il y aller ou non ?
Avant avril 1969, c’était la candidature d’Antoine Pinay qui était sérieusement mise en avant pour 1972 par un Valéry Giscard d’Estaing qui se trouvait encore trop "jeune". Celle de Georges Pompidou ne faisait en revanche aucun doute alors que Pierre Mendès France avait raté l’occasion de faire entendre la gauche.
Avant avril 1974, tout a été prévisible …sauf la date de l’élection, conséquence du tragique décès du Président Pompidou. Chaban-Delmas, Giscard d’Estaing, Mitterrand… tous les trois se préparaient à s’affronter.
Avant mars 1981, c’était la candidature de Jacques Chirac qui n’était même pas imaginée par les gaullistes qui s’étaient giscardisés (Robert Galley, Alain Peyrefitte etc.). Celle de Valéry Giscard d’Estaing n’avait fait aucun doute. Quant à celle de François Mitterrand, malgré les velléités rocardiennes, elle semblait déterminée.
Avant mars 1988, la question revenait sans cesse sur la nouvelle candidature de François Mitterrand, ce dernier gardant avec malice le secret jusqu’en début mars 1988, avec malice, ou peut-être avec une sincère indécision quand on a su par la suite le cancer qui l’avait rongé. Les candidatures de Jacques Chirac et de Raymond Barre étaient préparées depuis 1983 alors que Michel Rocard en rêvait.
Avant décembre 1994, toutes les interrogations se focalisèrent sur la candidature de Jacques Delors sur un climat de duel RPRcide Balladur/Chirac.
Pour 2002 et 2007, étrangement, aucune incertitude n’avait plané sur l’identité des protagonistes, déclarés de nombreuses années auparavant. Serait-ce un effet du quinquennat ?
Sûrement pas, car 2012 revient avec sa nouvelle question mystère : Dominique Strauss-Kahn sera-t-il ou pas candidat ?
Une bonne occasion de s’interroger sur la candidature socialiste à un an et demi de l’échéance cruciale.
Où en est-on au Parti socialiste ?
On a aiguisé les armes pour le débat sur la réforme des retraites (rien n’est sorti de bon, une occasion ratée pour montrer un peu de responsabilité de l’intérêt général), mollement protesté contre le discours de Grenoble et surtout, on prépare l’avenir.
L’avenir politique du pays : l’élection présidentielle de 2012.
En raison d’une baisse croissante de la popularité du pouvoir exécutif (et de Nicolas Sarkozy en particulier), les socialistes se prennent à rêver de remporter l’élection présidentielle et les élections législatives du printemps 2012. Les sondages sont d’ailleurs aujourd’hui absolument affirmatifs : ils ne peuvent pas perdre !
Un peu comme en 2004 ou en 2005, ou encore en 2006, où les gouvernements chiraquiens (de Jean-Pierre Raffarin et de Dominique de Villepin) s’étaient enlisés dans le référendum sur le Traité constitutionnel européen et sur le CPE après ses graves défaites aux élections régionales et européennes du printemps 2004.
Ce qu’il y a de bien dans les sondages, d’ailleurs, c’est que non seulement on peut connaître le "camp" qui va gagner, mais aussi le nom du vainqueur : Dominique Strauss-Kahn. Cela devient tellement évident que tout se cristallise autour de cette information. DSK, après sa nomination à la direction générale du FMI, fin 2007, n’avait pourtant plus beaucoup de fidèles pour croire en lui, tous avaient quasiment déserté.
Une primaire… pour le fun ?
Une des premières difficultés pour Martine Aubry depuis le congrès de Reims, c’était de faire adopter la procédure de désignation du candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2012.
C’est chose vaguement faite depuis la fin du mois de juin 2010 et selon toute vraisemblance, une primaire sera donc organisée en automne 2011 pour départager les candidats à la candidature qui se seraient déclarés avant juin 2011. En quelque sorte, la reconduction de la méthode de 2007, en sachant que cette méthode avait eu l’efficacité que l’on sait.
Pourquoi une primaire si tardive alors qu’au contraire, le candidat socialiste, qui n’est pas "naturel", aurait besoin de temps pour se faire connaître et reconnaître (l’automne 2010 aurait été plus judicieux) ? Tout simplement pour aider Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI pour cinq ans, à pouvoir assumer ses fonctions le plus longtemps possible.
Évidemment, beaucoup de candidats déjà déclarés ont protesté contre ce calendrier absurde qui ne permettrait pas aux outsiders de faire la différence.
Car depuis le dernier congrès, il y a bien une sorte de deal entre Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius pour rester unis entre eux. Deal également élargi vers Benoît Hamon et sans doute Bertrand Delanoë (dont l’abandon en 2008 ne l’empêche pas cependant de garder une inexplicable popularité). Deal confirmé encore par Claude Bartolone (député PS de Pantin) le 24 septembre 2010 qui parle même de « primaire de confirmation »
La consécration de Dominique Strauss-Kahn
La question restait en fait sur la nature du deal : qui de Dominique Strauss-Kahn ou de Martine Aubry serait le candidat ? En sachant qu’en prenant les rênes du PS, Martine Aubry s’était donné un avantage décisif.
La très forte popularité de Dominique Strauss-Kahn, bien que qualifié de représentant de la pensée unique, peut faire changer bien des esprits chez les militants socialistes, au même titre que Ségolène Royal avait su séduire les adhérents du PS en 2006 sur sa seule cote dans les sondages.
La nouveauté des derniers mois, c’est justement la réaction de Ségolène Royal depuis fin mai 2010. Une réaction à la fois étonnante mais saine et responsable. Puisqu’elle n’est plus la chouchou des sondages, elle se dit qu’elle pourrait ne pas être la mieux placée pour 2012. Alors, au lieu de lutter en frontal, elle se dit qu’il vaudrait mieux, pour elle, négocier son retrait dès à présent.
C’est une idée assez sage : cela lui éviterait, le cas échéant, un échec tant à la primaire qu’à l’élection présidentielle dans le cas où elle réussirait la primaire, et surtout, cela lui permet de se proclamer responsable, garante des intérêts de son parti, prête à se sacrifier pour faire gagner la gauche, un discours qui ne peut que résonner chez les sympathisants socialistes.
Le consortium DSK-Aubry-Fabius pourrait alors évidemment s’étonner puisqu’il s’était créé à la veille du congrès de Reims dans le seul but de s’opposer à Ségolène Royal. Si Royal les rejoint, cela signifie que le choix que ce nouveau consortium serait forcément le choix final après la primaire (et la primaire ne servirait plus à grand chose).
Pourquoi ? Parce que la primaire resterait encore obligatoire dans la mesure où il y a déjà d’autres candidats déclarés. Le principal est l’ancien patron du PS, François Hollande, qui reste persuadé qu’il sera un recours pour les socialistes.
Les autres compétiteurs sont d’une génération plus jeune, Manuel Valls, député-maire d’Évry, pour qui 2012 ne sert qu’à se démarquer et à prendre date, et Pierre Moscovici qui avait déjà pu tester amèrement sa grande solitude lors de la préparation du congrès de Reims (il voulait devenir premier secrétaire, la place actuelle de Martine Aubry).
Quant à Bertrand Delanoë, ses hésitations, son manque de combativité, son absence de projet national et son "parisianisme" ne plaident pas en faveur d’une candidature.
Tous ces "petits" candidats ne devraient pas faire le poids face à Dominique Strauss-Kahn, si les sondages restent aussi beaux pour lui (et pourquoi descendraient-ils alors qu’il restera absent de la vie politique encore au moins un an ?).
L’objectif du retrait de Ségolène Royal
Exit l’affrontement Aubry-Royal, ce qui peut être bien pour panser les blessures de Reims, mais dommage dans la mesure où la féminité du candidat socialiste risquerait d’être remise en cause, et place surtout à la consécration de DSK.
Mais alors, pourquoi Ségolène Royal, elle la combative et la téméraire, renoncerait-elle si tôt à la bataille interne ?
À mon avis, c’est qu’elle a compris que le sort était déjà jeté et qu’il valait mieux dès à présent négocier au mieux avec cette donne. Un peu comme certains chiraquiens qui, en 2006, avaient compris que la candidature de Nicolas Sarkozy était inéluctable : Xavier Bertrand, Michèle Alliot-Marie, Jean-François Copé, Éric Woerth, Xavier Darcos…
Et quel pourrait être l’enjeu de la négociation (à venir bien sûr) ? Cela ne semble faire aucun doute : Matignon.
Le deal entre DSK et Martine Aubry, c’était en gros se partager l’Élysée et Matignon, le candidat étant celui qui (au vu des sondages bien sûr) aurait le plus de chance de battre Nicolas Sarkozy (dont la nouvelle candidature présente peu d’incertitude).
En rejoignant dès avant la primaire la candidature "officielle", Ségolène Royal bouleverse le deal interne : et pourquoi Ségolène Royal n’obtiendrait-elle pas Matignon ?
Des discussions qui promettent d’être encore bien piquantes, mais qui auraient au moins l’avantage (pour le PS) de ne pas se faire devant les caméras.

La peau de l’ours
Pourtant, penser à se partager les postes au gouvernement, c’est sans doute un peu trop rapide. Une élection présidentielle est difficile à gagner et la campagne promet d’être dure : rien ne garantit que la gauche sera majoritaire tant à l’élection présidentielle qu’aux prochaines élections législatives.
Édouard Balladur avait, lui aussi, déjà partagé les dépouilles en 1995 : Charles Pasqua à Matignon, puis Nicolas Sarkozy. Tout était prévu. Nicolas Sarkozy en successeur d’Édouard Balladur.
On a vu ce qu’il est finalement advenu.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (27 septembre 2010)
http://www.rakotoarison.eu

Pour aller plus loin :
Dominique Strauss-Kahn.
Martine Aubry.
Ségolène Royal.
François Hollande.
Le PS et Bayrou.
Sur le PS.

http://www.agoravox.fr/actualites/politique/article/ps-bientot-le-partage-des-81878


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