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This is...Ed

Publié le 27 septembre 2010 par Vonric Vonric

*Réflexion*Et le gagnant est... Ed Miliband ! Tous ceux qui avaient parié sur son frère David (favori des bookmakers londoniens) en sont pour leurs frais.

Après les élections britanniques de mai et la défaite du Labour (qui achevait ainsi 3 victoires consécutives aux élections générales) le parti se cherchait un nouveau leader. Samedi dernier, il a choisit.

C'est une surprise pour les observateurs étrangers, cela l'est moins pour ceux du pays. Cinq candidats se disputaient le poste de chef de l'opposition:

  • David Miliband, ancien ministre des affaires étrangères, poulain de Tony Blair (mais qui était resté sagement en dehors des batailles qui avaient suivit le remplacement de celui ci par Gordon Brown) et qui comme lui se présentait comme le candidat du centre, voulant ratisser large ;
  • Ed Miliband, son frère, élu à la Chambre des communes en 2005, quatre ans après son aîné (et donc évite aussi d'approuver par son vote la guerre en Irak, épine irrémédiablement enfoncée dans le bilan Blair), entre au cabinet de M. Brown en 2008, comme ministre (3 ans après David) ;
  • et Ed Balls, ancien ministre de l'éducation de M. Brown, Andy Burnham, en charge de la santé, et Diane Abbott, une députée connue pour se situer à la gauche du parti et avoir été la première femme noire à entrer à Westminster.

Tous savaient que la bataille se jouerait entre les deux Miliband. Ed s'étaient positionné plus a gauche que son frère, rassemblant le support crucial des principaux syndicats prenant part au vote de parti.

Il est amusant de voir qu'à l'annonce des résultats, ce sont les journaux britanniques de droite qui étaient les plus critiques, le Sunday Telegraph écrivant que le parti a "choisi le mauvais Miliband". "Hier, David Cameron [actuel Premier Ministre conservateur - NDLR] a gagné les prochaines élections", déclare même l'éditorialiste du journal, Matthew D'Ancona.

J'étais à une soirée samedi soir et certains n'hésitaient pas à déclarer: "avec Ed, le Labour est dans l'opposition pour 20 ans". C'est foncièrement stupide (je ne ferrais pas l'affront de dire qu'ils ne connaissent pas les mœurs politiques de leur pays, mais tout de même...!). D'abord il est rare qu'un leader ayant perdu les élections générales restent à la tête du parti (on n'est pas en France où on essaye plusieurs fois tant qu'on n'a pas réussit). Michael Howard et Ian Duckan Smith pour le parti conservateur en savent quelque chose.

Ensuite, et je leur donne 100% raison (en cas où certains souhaiteraient savoir ce que je pense de la politique de Tony Blair, n'hésitez pas a remonter quelques années en arrières dans les archives de ce blog), après 13 années, les britanniques ne veulent plus entendre parler du New Labour, de Tony Blair, d'Alistair Campbell (son âme damné spin doctor). La guerre en Irak, les mensonges à répétition, l'échec du parti de gauche qui a au contraire vu se creuser les inégalités comme jamais auparavant... il fallait tourner la page.

David incarnait la continuité avec Tony Blair. Ed, plus jeune, moins connu, présentait le visage du renouveau. Le résultat s'est joué sur le fil (50,65 % contre 49,35 %) mais au final le parti a choisit et range au placard les années Blair. 

Au passage on notera qu'alors que les journaux britanniques nous ressassent leurs critiques sur Gordon Brown (le Premier Ministre le plus nul, celui qui a conduit le parti au désastre....etc) en élisant Ed les membres du Labour passent aussi un message : Brown n'a fait que gérer le désastre enclenché par Tony Blair (rappelons que ce dernier a gagné son 3e mandat avec le plus mauvais score jamais réalisé par un parti gagnant les élection - 35% - et surtout parce que les Conservateurs étaient complétement à la rue au niveau des préoccupations des britanniques).

Quand à savoir qui est le plus à gauche, il y a toujours une différence entre la campagne et ce qui suit. Ed est intelligent et le sait très bien : il a d'ailleurs immédiatement recentré son discours après l'élection, répondant a l'influence des syndicats de gauche qui l'ont aidé a gagner: "Je ne suis l'homme de personne. Moi c'est moi."


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