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Romantisme versus Réalisme !

Publié le 09 décembre 2007 par Claude Grillet

Il y a quelques semaines de celà, je faisais écho à un billet publié par “Le Creusot Infos” qui révélait l’hésitation d’Arnaud MONTEBOURG à entrer dans la bagarre des cantonales. Héraut du non-cumul, figure emblématique d’une position ultra minoritaire mais exigeante, courageuse et respectueuse de l’électeur, l’élu de la Bresse en appelle aux internautes pour l’aider à sortir de cette indécision.

Un buzz nourri accompagne cette initiative. Une chronique de Robert SOLE dans le Monde, une brève de David ABIKER, sur France Info, un billet sur le site de Marianne, signé Anna BORREL - lequel cite d’ailleurs l’un des membres de la section de Cluny ! - et un article sur le blog “Rue 89″, signé Marion MOURGUE.

Après avoir consulté le blog d’Arnaud, je pense savoir ce que sera sa décision mais mes prédictions, en matière politique, sont loin d’avoir la pertinence de celles d’Isabelle T, Christine H ou de la regrettée Madame Soleil.

Je partage le point de vue de Jean-Michel LABONNE sur les similitudes avec le congrès de Saint-Gengoux le National. Pour mémoire, Arnaud MONTEBOURG, poussé par les militants qui redoutaient de se voir confisquer la victoire obtenue dans les urnes par le courant NPS, s’était présenté contre Christophe SIRUGUE au poste de 1er fédéral. Ce dernier appartenait, en effet,  au courant majoritaire sur le plan national. Les enjeux de stratégie avaient eu raison de la parole donnée. Bien que chagriné pour Christophe SIRUGUE - qui avait su prendre la succession de Jean-Claude SEGAUD, avec dynamisme et efficacité - je m’étais rangé à l’avis des membres du courant NPS et avais voté pour Arnaud. 

Au congrès du Mans, Arnaud MONTEBOURG avait eu une attitude courageuse. Je me souviens du documentaire diffusé sur C+, réalisé par JP LEPERS, sur le sujet. Je me rappelle Julien DRAY, évoquant avec un cynisme incroyable, le basisme des militants du courant qu’il avait contribué à créer. Dans le jargon PS, basiste, ça veut dire : “Plus à gauche que toi !”. Mais ça veut dire aussi romantique. Au bout de cette nuit de la synthèse, NPS explose et Arnaud fonde avec les non-synthétiques “Rénover maintenant”. Si je n’ai jamais été fan du nom, je me suis associé avec non moins d’enthousiasme à cette nouvelle poche de résistance à l’unanimisme de façade.

La prégnance dramatique de l’élection présidentielle sur la vie des partis a conduit Arnaud a anticiper l’avis des militants pour nous engager aux côtés de Ségolène ROYAL, dans son combat pour l’investiture interne. J’ai pris acte de ce choix qui n’était pas le mien. Dicté par des enjeux stratégiques, ce choix est finalement devenu celui du courant. On a confié le sort de la 6ème République à quelqu’un qui n’y croyait pas plus que cela et dont la défaite a sonné le glas de nos espérances (C’est le constat que fait d’ailleurs Arnaud sur son blog, en évoquant les conclusions de la commission BALLADUR). Avec le choix de Ségolène, on est sorti du romantisme et on est entré dans le réalisme. Réalisme confirmé par  la validation du projet socialiste, pourtant très éloigné des attentes de notre courant. Quelque chose me dit qu’il nous a justement manqué un brin de romantisme !!!

Nous espérions pouvoir tenir sur la parité au niveau de la désignation de nos candidats pour les élections législatives mais l’efficacité politique nous a rattrapés et la Saône et Loire d’Arnaud MONTEBOURG a dû se résigner à proposer 4 hommes pour 2 femmes ; avec les résultats que l’on sait ! - qui vont conforter encore les positions des tenants de l’efficacité politique…

Je regrette qu’on prenne aussi rapidement acte de la défaite des romantiques. C’est le romantisme de 2004 qui a conduit au renversement de la majorité du Président BEAUMONT. Je ne peux pas me résigner à accepter qu’on ne doive être romantique qu’en situation de conquête et réaliste dès lors que nous accéderions au pouvoir. On a besoin de l’un et de l’autre.

Je suis désolé de voir que “Rénover maintenant” n’est plus guère aujourd’hui qu’un outil de promotion de son chef de file. Notre mode de fonctionnement ressemble désormais à s’y méprendre à celui de la machine que nous prétendons réformer. Quelques caractéristiques du réalisme ont déjà fait leur apparition : réseautage, recul de la féminisation dans le choix des candidats, la fin qui justifie les moyens… Je suis assez triste de penser que demain, plus qu’hier, il y aurait unisson sur la question du cumul, devenu un mal nécessaire *.

Je récuse également la thèse selon laquelle on ne pourrait affronter des adversaires cumulards, armés comme des cuirassés,  avec de simples cure-dents. René BEAUMONT était tellement lesté par son armement qu’il est tombé sous les coups de fronde de notre David de Bresse, Frédéric CANARD.

En faisant une recherche sur “cantonales, Montebourg”, je suis tombé sur un courrier exemplaire rédigé par Daniel AUDUC dont je livre ici un extrait. Adressé aux militants de Montchanin, il explique que lors des échéances à venir, il y aura un candidat pour les cantonales et un autre pour conduire la liste des municipales.

” C’est un choix important que nous faisons parce que nous savons que l’exigence de compétences, de technicité et de disponibilité que revendique désormais l’exercice d’un mandat électoral n’est plus compatible avec le cumul de plusieurs mandats.”

*-*-*-*-*-*-*-*-*

 * Qui ne peut pas ne pas être… 


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