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Liberté, égalité, conflits d’intérêts

Publié le 28 septembre 2010 par Hmoreigne

 Déjà sur le devant de la scène médiatique avec l’interminable saga Woerth-Bettencourt, le débat sur les conflits d’intérêts, omniprésents dans la vie politique française, revient au galop par l’intermédiaire de Martin Hirsch. L’ancien Haut Commissaire aux solidarités actives de Nicolas Sarkozy signe un essai au titre explicite Pour en finir avec les conflits d’intérêts. Si les pistes esquissées sont pertinentes, le parcours et les silences de l’auteur laissent perplexe.

Tête de premier de la classe ou d’éternel enfant de chœur, Martin Hirsch par ses rondeurs et son côté gnan-gnan agace . L’exaspération monte d’un cran quand il dénonce sans citer de noms ses anciens camarades de la majorité. Jean-François Copé dans une défense disproportionnée dénonce “un exercice de délation“. Faux lui rétorque l’ancien Haut fonctionnaire pour qui “il n’y a pas de délation à dire des situations connues ou revendiquées“.

L’impertinence n’est pas le fort de Martin Hirsch singulièrement capable de déclarer que “conflit d’intérêts“, c’est “l’expression de l’année 2010 et de rester silencieux sur le cas d’école Woerth au le prétexte qu’il est son ami. Pas plus glorieux sa façon de fuir sur France Inter la question sur la situation paradoxale du couple Ockrent-Kouchner respectivement patronne de France 24 et ministre des Affaires Etrangères. “Ca peut se gérer” avance un brin gêné Martin Hirsch.

Pudeur de jeune fille toujours quand dans son livre il tourne autour sans oser l’écrire clairement que dans bien des cas, la Franc-maçonnerie a dérivé vers de simples réseaux affairistes.

Peu importe ces bigoteries. Peu importe que Jean-François Copé vise juste lorsqu’il renvoie au donneur de leçon le fait  qu’il est à l’initiative de la loi portant sur la création de l’Agence du service civique dont il allait ensuite prendre la direction, après en avoir fixé la rémunération. Martin Hirsch dit aussi des choses intéressantes. Notamment lorsqu’il estime qu’il “a écrit tout haut ce que tout le monde pense tout bas“.

A cet égard on ne manquera pas de consulter les 10 propositions pour prévenir les conflits d’intérêts formulées depuis juillet 2010 par l’ONG Transparence internationale France.

Martin Hirsch se limite lui à neufs recommandations inspirées de la législation canadienne, articulées autour de trois axes : établir la transparence sur les revenus des hommes politiques, s’interroger sur la compatibilité des fonctions entre elles et enfin, déterminer un gardien de ces règles.

Des propositions dont l’auteur reconnaît qu’elles ne seraient que la simple extension au champ politique des règles préalablement définies avec succès pour les experts dans le secteur médical. L’ancien directeur de cabinet du ministère de la santé a le mérite de nous plonger dans le concret, exemples à l’appui lorsqu’il pointe la nécessité de s’interroger sur le mélange des genres, sur la pratique des “cadeaux et invitations” qui “peuvent représenter le préliminaire du conflit d’intérêts et l’antichambre de la corruption”.

L’exaspération populaire sur ces dérives ne doit pas être sous estimée. La crise a cristallisé une demande d’équité. Si la présidentielle de 2007 s’est en grande partie jouée sur le terrain de la sécurité, celle de 2012 ne pourra faire l’impasse de la forte demande de moralisation dans la vie politique et économique.

Plus que par des hauts cris, la défense de la République passe par la formalisation et l’adoption d’une déontologie du pouvoir.

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