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Après le politique.

Publié le 28 septembre 2010 par Hermes
Après le politique.
Après tout, mieux vaut se tromper qu’être trompé - quoiqu’en la matière, le monde semble s’être abandonné à une formidable entreprise de miroirs déformants avec, partout, quantité de lance missiles pour envoyer des leurres si bien, qu’en ces temps où les repères se dissolvent, savoir qu’on s’est trompé – ou que le monde nous trompe – représente encore une certaine victoire puisqu’on s’attelle ainsi à cette ultime certitude.
Bref, me relisant, je considère combien j’ai pu souvent me planter avec, toutefois, la satisfaction d’avoir effleuré la vérité, de l’avoir sentie roder tout près, comme dans une valse, de l’avoir sentie dans toute sa force et son attrait à l’instant même où elle se dérobe.
Naïveté parfois, volonté de ne pas céder au pessimisme (cette forme morale de la misanthropie), désir de rester fidèle à des règles que je ne m’impose que dans la mesure elles sont l’ossature d’une pensée, c'est-à-dire d’une histoire - je préfère encore ces erreurs que d’avoir transigé, que d’avoir abdiqué à l’air du temps qui, de tous les étendards, quel qu’en soit la couleur, est toujours le pire. Etre à contre courant, s’opposer au flux quel qu’il soit, ne révèle pas seulement la sagesse d’un sceptique mais encore une capacité à inventer le monde, à le transformer.
Merde ! A le transformer… comment ?
Et c’est là qu’à l’erreur qui s’impose dans les lignes que j’ai pu commettre ici, semaine après semaine, répondent les doutes qui freinent toute action. Mais qui a envie d’agir quand il est pénétré par le doute ?
Agir c'est-à-dire s’engager quand ceux qu’on voudrait défendre s’avachissent dans la médiocrité, quand la masse n’est plus une vague porteuse d’histoire et de progrès mais un troupeau veule nourri à la télé réalité dont les revendications se résument à plus de spectacle et de consommation ? Ou bien agir pour que ceux qu’on défend rêvent de planter ou un minaret ou un doigt d’honneur ?
Retour à l’erreur –qui n’a rien d’humaine – et qui n’est qu’une construction d’une société tentaculaire qui la sème au point de l’ériger conne ultime lumière pour une ronde d’aveugles qui tournent , attirés, aspirés par elle pour s’aliéner au piège de la toile, de l’écran – ces lieux où la vérité comm e l’erreur perdent sens.
Debord (Commentaires sur la société du spectacle. P 63) : « L’incertitude grandit, à tout propos, quand l’imposture générale du spectacle s’enrichit d’une possibilité de recours à mille impostures particulières. »
Baudrillard (La gauche divine, P.114) : « Nous allons peut-être vers la république des crooners, des sprinters, des speakers, des animateurs. Pourquoi pas ? A Rome on avait bien couronné un cheval empereur. »
(P.136) « Mais peut-être avons-nous basculé tout entiers dans la part maudite, peut-être la société est-elle devenue cette part maudite et, derrière l’excès de bruit et d’information, n’y a-t-il plus déjà que du secret et du silence ? Comme dit Heidegger : « Plus nous considérons l’essence ambigüe de la technique, plus nous apercevons la constellation, le mouvement stellaire du secret. »
Et enfin, surtout, Baudrillard encore (Le crime parfait, P.147) : « Autre chose nous a été volé : l’indifférence. La puissance de l’indifférence, qui est la qualité de l’esprit, par opposition au jeu des différences, qui est la caractéristique du monde. Or celle-ci nous a été volée par un monde devenu indifférent, comme l’extravagance de la pensée nous a été volée par un monde extravagant. Quand les choses, les événements renvoient les uns aux autres et à leur concept indifférencié, alors l’équivalence du monde rencontre et annule l’indifférence de la pensée – et c’est l’ennui. Plus d’altercation ni d’enjeu. C’est le partage des eaux mortes. (…) Toute idée qu’on défend est présumée coupable, et toute idée qui ne se défend pas toute seule mérite de disparaître. En revanche, il faut se battre contre toutes les inculpations d’irresponsabilité, de nihilisme, de désespoir. La pensée radicale n’est jamais dépressive. Le contresens là-dessus est total. La critique idéologique et moraliste, obsédée par le sens et le contenu, obsédée par la finalité politique du discours, ne tient jamais compte de l’écriture, de l’acte d’écriture, de la force poétique, ironique, allusive, du langage, du jeu avec le sens. (…) Le sens, lui, est toujours malheureux. »
Vive Mallarmé. Vive la révolution poétique !

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