Horreur si longtemps
Redoutée, en rêve je tombai
Dans l’eau noire d’un lac
Niché au creux d’un cirque pyrénéen.
Je nageais, mais la rive était loin.
De tous côtés menaçait la montagne ;
Plages enneigées ; inébranlables,
Impraticables rocs…
Je nageais sans pouvoir aborder ;
Je me sentais mourir,
Suffoquer d’épouvante…
Puis, éveillé, je vis que je nageais
Dans une eau noire entre des rocs
Inébranlables, entre d’impraticables
Plages enneigées, et que jamais
Je ne donnerai un chaste baiser
A la jeune fille de mon rêve,
Et ne déposerai mon fardeau à ses pieds.
***
Orrore tanto a lungo
Temuto, caddi in sogno
Nell’acqua nera d’un lago
Annidato in un circo pirenaico.
Nuotavo, ma la sponda era lontana.
D’ogni parte incombeva la montagna ;
Piagge nevose ; ferrigni,
Impraticabili scogli…
Nuotavo, e non giovava ;
Mi sentivo morire,
Soffocare dallo spavento…
Poi, desto, vidi che nuotavo
In un’acqua nera tra scogli
Ferrigni, tra impraticabili
Piagge nevose, e che non mai
Avrei raggiunto la proda,
Avrei recato un casto bacio
Alla fanciulla di sogno,
O desposto ai suoi piedi il mio fardello.
(Tommaso Landolfi)