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La nuque

Publié le 29 septembre 2010 par Fred Desbordes

Il y a cette boîte de jazz enfumée, cave humide où l'on va les yeux fermés.

Au mur de vieilles affiches qui se décollent, on se frôle des épaules, l'oeil qui pique j'écrase ma clope dans un cendrier bondé.

Il y Ray Charles en fond feutré, le vinyl qui parle en crachotant un flow qui se suffit à lui-même et les lampes tamisées qui donnent des airs un peu blêmes.

Il y a cette nuque, et l'instant d'après son regard qui cogne dans la poitrine, braises ardentes dans le glacier de ses prunelles. Et puis il y a ce son, ce son qui résonne. Elle jette un rapide coup d'oeil à la salle et les graves redoublent, faisant claquer les verres de bourbon. Cette nuque. Qui fait tout vibrer sur son passage avec la nonchalance de ceux qui contiennent leur rage. Cette nuque. Que l'on distingue sous les boucles à l'anglaise, fière.

Une main l'attire à elle. Je hais cette main. Une main qui caresse cette nuque avec une certaine certitude, celui d'une nuque qui se laissera aller dans la tendresse. Je hais cette main qui s'attarde sur l'arête de l'épaule, légère pression du désir et la clavicule qui répond, enlaçant la main dans un soupir. La nuque et la main, si belles dans la boîte enfumée.

Je m'en vais.


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