Film de Floria Sigismondi. Scènes de concert remarquablement filmées. Cela change de l’ordinaire du cinéma qu’un film parle de musique.
Histoire ? Celle du premier groupe de (hard) rock féminin. Un groupe de filles d’une quinzaine d’années construit par un producteur (génial ?). Succès immédiat. Sa chanteuse sombre tout aussi vite dans la drogue. En un an le groupe est fini. Portrait de l’Amérique, aussi :
Je me suis souvenu de ma première rencontre avec une famille anglaise. Contrairement à chez nous, l’éducation compte peu, l’enfant est très vite laissé à lui-même. Ce qui conduit à une spécialisation précoce, rock star, futur prix Nobel, ou ouvrier non qualifié. En fait, à 15 ans, il est probablement beaucoup plus mur et adulte qu’un Français de 25 ans.
Ce qu’il y a de remarquable ici est aussi le producteur. Illustration parfaite du cours de MBA. Il a une « vision », il comprend que le marché attend un hard rock féminin porteur de sexe et de violence. La « mission » du groupe, c’est cela : sexe et violence. Comme hier celle des fabricants de tabac américains était la nicotine (voir le film Révélations). Il parle d’ailleurs de « produit ». Quant à sa stratégie, c’est une démonstration de marketing. Il demande au groupe fort peu de capacité musicale : il le façonne pour obtenir l’effet voulu. Et il lui ajoute une chanteuse, qu’il veut sur le modèle de Brigitte Bardot. C’est le « look » qui compte. Par chance elle parvient à chanter. Puis il joue du scandale pour faire une publicité fracassante. Elle disloquera, avec la drogue, le groupe.
Encore une fois, je note que ce que l’Amérique a déversé sur le monde n’est pas une science de l’efficacité de l’entreprise, mais ce qu’elle a dans le sang, sa culture.