Le personnage est complexe, comme souvent les grands sportifs. Essayons de brosser rapidement son portrait avant de traiter la question d’actualité, le dopage.
Le gentil Alberto
Le « pistolero de Pinto » (souvenez-vous ses petits tirs du doigt quand il gagne) peut à première vue paraître inintéressant. Il est toujours si souriant qu’on pourrait le croire naïf ou benêt. Il n’a jamais un mot au-dessus de l’autre et jamais une parole déplacée, ni pour ses adversaires, encore moins pour ses équipiers qui sont toujours « parfaits » ou, au pire, ont « donné le meilleur d’eux ». Alberto est un mec sans aspérités , lisse. Souvenez-vous du Tour 2009, sa cohabitation avec le despote Lance Armstrong dans l’équipe Astana. Personne pour l’aider, personne pour le défendre et une multitudes de petites piques, verbales ou sportives et tout ça, dans sa propre équipe ! Mais au final, qui gagne la course avec le sourire, sans balancer quiconque, pas même ce petit enfoiré de Bruyneel ? Le garçon doit quand même avoir la tête dure et les nerfs solides non ?Fin de saison 2009 : presque toute l’équipe quitte Astana pour Radio Shack, on raille la faiblesse de sa nouvelle équipe et qui regagne le Tour ? Le petit Alberto, cette fois ci en faisant des amabilités et des politesses à qui mieux mieux avec son dauphin, Andy Schleck.
Mais Contador c’est aussi un mec assez rustique : il énumère des platitudes, parle pas anglais, parle pas français, enfonce des portes ouvertes… Est-ce pour se protéger ? Le grand Indurain n’était pas passionnant mais il y avait toujours, en creux, un message, une analyse, une info. Avec Contador, peau de balle pour les journalistes et le lecteur lambda.
Alberto il fait un peu penser à Poulidor : simple, gentil, plein de bon sens paysan, le tout agrémenté de qualités physiques exceptionnelles.
Tout ceci, en plus de son palmarès, fait que Contador passe bien auprès du grand public, l’espagnol est plutôt du type gendre idéal. Nous sommes à des années lumière de Lance Armstrong…
Mais un cursus cycliste vraiment pas très net…
D’abord il est espagnol; je sais,c ‘est du délit de sale gueule mais en matière de dopage, l’espagne c’est pas ça…
Peut-être qu’il n’y peut rien, mais peut-être aussi que cela explique tout. Oui, quand on regarde le parcours cycliste d’Alberto Contador, on se dit qu’on ne peut pas faire plus louche… Eh oui, absolument toutes les équipes où il est passé sentent le souffre, et pas qu’un peu !
- Once-Eroski-Liberty Seguros => Affaire Puerto, dans laquelle son nom est cité (mais blanchi ensuite par la justice espagnole, dont on connaît l’intégrité morale de ses procureurs…)
- Astana-Wurth= > partenaires : , Nozal, Paulinho, Beloki… tout est dit.
- Discovery Channel=> là, rien de formel pour le moment, c’est dans les années à venir, avec l’enquête de l’USADA, qu’on va commencer à savoir…
- Astana => la belle équipe des transfusés homologues Vinokourov et Kashechkin -alias « Kash » ! (pour la petite explication, homologues ne veut pas dire « Vino et Kash ensemble »
Et puis il y a cette victoire au Giro 2008, qu’il gagne au débotté. Pour rappel, le gars se dore la pilule avec sa nénette en vacances et, appelé en urgence par son directeur sportif, il se pointe au départ, termine la course… et la gagne !!! Quand on connaît les parcours de Giro (Octave Lapize aurait dit «Vous êtes des assassins »), et les gars qu’il a battus (Ricco la chaudière, Sella, Di Luca… pas des anges quoi !), on ne peut qu’être épatés !
Bref, le parcours de Contador est tout sauf net. Et puis ce mec, et ce en dépit de son grave problème au cerveau, ce n’est pas qu’il sort de nulle part mais bon, il débarque, gagne quelques étapes d’épreuves de second rang et soudainement, il casse la baraque et surtout, autant en contre-la-montre qu’en montage (où il est un large ton au-dessus), c’est quand même assez particulier ; est-ce physiologiquement tenable de nos jours, où les cyclistes sont hyper spécialisés ?Et le Clenbuterol du Tour de France 2010 alors ?
Difficile de dire… L’UCI, comme d’habitude, communique de manière totalement bizarre, pas opaque mais ambigüe, là où elle devrait être claire et sans hésitations… L’UCI n’a toujours pas compris que désormais, la vie du sport dont elle s’occupe dépend des autres, du regard du monde extérieur, et pas de la manière dont en interne elle gère la vie de la communauté cycliste. Heureusement, l’AMA, même dirigée par un non convaincu, est là et veille au grain…
Alors attendons car franchement, cette histoire de pourcentage, de taux accepté, acceptable, de contamination alimentaire, de résidus d’une poche plastique… C’est tout sauf clair.
Pour ma part, j’ai toujours été réservé sur Contador. Je dis ça mais je dis rien !