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Echos du Palet : l'arbitrage en questions

Publié le 30 septembre 2010 par Guillemette
Echos du Palet : l'arbitrage en questions
Chaque jeudi, Glacenews vous propose un nouveau rendez-vous : Echos du Palet. Où il sera question de hockey, bien sûr, abordé sous des angles variés, avec des problématiques sociales, économiques, psychologiques, sportives, etc.
Aujourd'hui, gros plan sur l'arbitrage.
Alors que Pierre Berbizier, manager du Racing-Métro (club de rugby du Top 14), a été suspendu hier, pour une durée de 60 jours, pour des propos tenus envers un arbitre, et alors que les 9e Journées nationales de l'arbitrage se dérouleront les 23 et 24 octobre, Glacenews a questionné Nicolas Barbez (en photo) et Bruno Colleoni, deux arbitres principaux de ligue Magnus, au sujet de leur fonction.
Guillemette Flamein : pour quelles raisons avez-vous décidé d'arbitrer ?
Nicolas Barbez :
déjà tout petit, j'étais attiré par l'arbitrage. J'ai arbitré dès l'âge de 13-14 ans. J'ai joué au hockey jusqu'à l'âge de 18 ans au poste de gardien. En jouant, j'ai découvert une chose que je ne supporte pas dans ma vie personnelle : l'injustice.J'essaie que les matches que j'arbitre soient le moins soumis à l'injustice et que l'équipe qui joue le meilleur hockey soit celle qui gagne la rencontre. le fait d'avoir joué comme gardien m'a beaucoup appris et aidé car lorsque l'on occupe ce poste, on a une vision particulière de tout ce qui peut se passer derrière.
Bruno Colleoni : j'ai commené à jouer au hockey à l'âge de 5 ans et j'ai commencé à arbitrer sur les catégories cadets et juniors. Je me suis aussi occupé du hockey mineur et des féminines en tant qu'entraîneur. J'ai mis un terme à ma carrière de joueur en 1991 et je me suis tourné alors vers l'arbitrage pour garder un pied dans ce sport qui est une passion.
G. F. : Qu'est-ce qui vous passionne aujourd'hui dans cette fonction ?
N. B. : il faut déjà avoir la passion car aujourd'hui, être arbitre est très ingrat. Ce qui me motive, c'est l'ambiance qui règne avec mes collègues. Nous sommes comme une équipe. Il règne une bonne ambiance dans le corps arbitral, on est sérieux sans se prendre au sérieux, j'y ai beaucoup d'amis. Ce qui est intéressant aussi est le fait de "diriger" une rencontre tout en sachant que l'arbitre n'est qu'un acteur secondaire de l'action qui n'est absolument pas là pour transformer ou influencer l'issue de la rencontre, les premiers acteurs étant les joueurs ! Le jour où cette ambiance aura disparu, j'arrêterai d'arbitrer.
B. C. : cela me permet de continuer à faire le sport que j'aime en développant un autre volet du hockey, mais de façon beaucoup plus régulière que lorsque j'étais joueur et arbitre. Je peux concilier mes vies professionnelle et sportive. J'éprouve aussi un certain plaisir à concilier l'effort physique et la réflexion à apporter, avec le jeu en fond de trame.
L'arbitrage est une école de vie. On retrouve les mêmes comportements humains en entreprise, vous savez. Dans mon métier, j'encadre près de 80 personnes au sein d'une entreprise européenne. Sur la glace, il s'agit aussi d'encadrer des personnes avec des profils très différents. Etre arbitre apprend à prendre sur soi, à prendre du recul par rapport à certains spectateurs qui viennent se défouler sur les équipes et sur vous...
G. F. : qu'est-ce qui est le plus difficile à vivre en tant qu'arbitre ?
N. B. : le plus difficile réside dans le fait qu'on est vu par beaucoup comme des chats noirs quand on arrive certains soirs, dans une patinoire. On est les méchants qui sanctionnent, qui décident de l'issue du match ! Certains clubs et certains joueurs ont cette image de nous. L'arbitre n'est qu'un acteur du jeu ! Tout le monde n'a pas conscience que nous sommes là pour faire avancer les choses aux côtés des clubs.
Heureusement les choses sont en train d'évoluer. Depuis deux ans, grâce au travail fait par la fédération et les rencontres organisées avec les entraîneurs, on parle plus les uns avec les autres. Les coaches se rendent compte qu'on n'est pas là pour "pourrir" le match, qu'on sait aussi reconnaître aussi nos erreurs. Nous allons dans le bon sens.
B. C. : je dirais que le plus difficile à vivre est la solitude à laquelle est confrontée l'arbitre face aux décisions qu'il a à prendre tout au long de la saison. La régularité que l'on aura sur une saison nous permettra d'avoir la confiance des équipes. Il faut la gagner, cette confiance, être pour cela régulier et donc savoir également se remettre en cause.
L'attitude des spectateurs ne me dérange pas. Pendant le trajet du retour après un match, on est seul et on repense au match. On se pose des questions en essayant d'être le plus objectif possible. Il faut trouver le bon jugement par rapport à l'analyse de ses propres décisions. C'est certainement ce qui est le plus difficile...
NDLR : cette interview a pu être réalisée grâce à l'accord de Didier Bocquet, superviseur et de Fabrice Hurth, président de la commission "Arbitrage et règles du jeu".

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