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Retraites : Vive le «Parlement croupion» de Sarkozy !

Publié le 30 septembre 2010 par Kamizole

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Souvenez-vous : Nicolas Sarkozy – pour mieux faire gober sa réforme de la Constitution, dont le seul objectif était de pouvoir parler devant le Congrès : sa manie du discours ! – eut l’outrecuidance de prétendre “revalo-riser le rôle des parlementaires”… Moyennant quoi, il ne cesse dans la pratique de limiter leur rôle, par exemple en décrétant l’urgence sur les projets de loi : un seul passage devant l’Assemblée nationale au lieu de deux. Cela n’a l’air de rien mais le retour devant les députés ou les sénateurs en seconde lecture se faisant sur la base du texte amendé, il n’était pas rare que le texte adopté définitivement en sorte amélioré.

Je vous passe les droits de l’opposition qui ont été réduits comme peau de chagrin, les délais trop courts accordés pour le passage en commission – stade pourtant essentiel de la procédure législative – et pour l’examen des projets de loi en général. J’ai accordé peu d’importance à la polémique sur la démission d’Accoyer qui préside – très mal – l’Assemblée nationale. Tellement elle a peu de chance de se réaliser.

En revanche - c’est loin d’être nouveau ! - Nicolas Sarkozy a pris la fâcheuse habitude de “tordre les bras” des parlementaires qui osent ne pas être d’accord avec les projets de loi, osent présenter des amendements qui lui déplaisent ou exprimeraient la velléité de voter contre un texte.

Les exemples sont tellement nombreux depuis plus de 3 ans que je perdrais trop de temps à en dresser la liste exhaustive. Vous y ajoutez les amendements, contraires aux desiderata de Sarko, adoptés par surprise souvent de nuit ou parce que les chiens de garde ne s’étant pas méfiés devaient “avoir piscine” : gueuletonnant dans des resto qui n’étaient certainement pas “du cœur” ! ou déjà repartis dans leur circonscription…

  • Théoriquement, ce qui est voté devrait être considéré comme adopté, quitte à y revenir en seconde lecture ou en Commission mixte paritaire (CMP) en cas de désaccord entre le Sénat et l’Assemblée nationale (qui a toujours le dernier mot).
  • Mais en Sarkozie, les choses ne se passent pas conformément aux règles légales et les exemples ne manquent pas d’amendements votés et contre lesquels Nicolas Sarkozy – et ses ministres, ce qui revient au même tant ils sont “fantoches” y compris et sans doute surtout ! le premier d’entre eux, François Fillon – a exigé un vote contraire le lendemain ou dès la reprise de l’examen du texte. Là aussi, les exemples sont trop nombreux… J’y passerais la nuit !

    C’est donc avec colère mais sans surprise que j’ai lu hier soir avant de fermer boutique tardivement sur le Monde que sur la Réforme des retraites le rapporteur UMP de la commission des affaires sociales retire ses amendements. Dominique Leclerc – son nom mérite d’être cité ! s’il y avait quelque award des bénis-oui-oui, il serait au moins nominé sinon décoré… à moins qu’il ne vise quelque strapontin ministériel dans le futur gouvernement ? – rapporteur UMP de la commission des affaires sociales du Sénat a annoncé mardi 29 septembre 2010 le retrait de tous ses amendements sur le projet de réforme des retraites. Prétextant – mais un Solognot parlerait de “bonne décanche” pour mauvaise excuse – que la centaine d’amendements étaient «mal écrits» !…

    Allons donc ! Il y a bien de quoi faire rigoler Jolly Jumper et si elle pouvait du même mouvement les expédier par une ruade dont elle a le secret, le spectacle n’en serait que plus drôlatique. A qui fera-t-on croire que des parlementaires expérimentés – ils siègent en commission – présenteraient des amendements qui ne tiennent pas la route ?

    La vérité, selon le sénateur communiste Guy Fischer, est que mardi la session de la Commission avait donné lieu à des échanges «parfois vifs» entre Eric Woerth et Georges Tron – représentant l’exécutif – et Dominique Leclerc qui s’étaient ensuite longuement réunis. L’histoire ne dit pas quels arguments ou promesses leur ont permis d’emporter le morceau. Mais encore une fois, ils s’en tirent en “tordant les bras” des parlementaires de leur propre majorité.

    Bien entendu cela n’abuse nullement les sénateurs de l’opposition. Ainsi, Annie David (CRC-SPG, communistes et Parti de gauche) : «Ce sont des prétextes fallacieux, le rapporteur agit sous la pression du gouvernement. On ne peut accepter que le gouvernement fasse pression La majorité veut “sans doute que le débat soit vite expédié en séance pour faire retomber la mobilisation” contre le texte».

  • A mon avis, c’est plutôt le contraire qui risque de se produire.
  • Une grande majorité des Français (quasi 70 %) est déjà plus qu’hostile à cette réforme – absurde sur le plan économique et socialement inique - qui, même pas viable sur le plan financier, ne ferait qu’aggraver la situation des seniors – dont les entreprises ne veulent pas – en les contraignant à demeurer en non-activité deux ans de plus.

    Les syndicats et l’opposition le soulignaient mais il a fallu attendre un article de La Tribune – à n’en point douter de très dangereux gauchistes

    :)
    - pour que soit enfin admise cette vérité d’évidence : La réforme des retraites coûtera cher à l’Unedic.

    Dans les tous les cas de figure repousser l’âge de la retraite – 62 ans pour l’âge légal, 67 ans, 67 ans pour le taux plein, que bien peu atteindront ! – devrait coûter à terme entre 440 à 530 millions d’euros à l’assurance chômage selon les hypothèses conjoncturelles. Déshabiller l’Unedic pour habiller (fort mal) la Cnav… belle prouesse de Sarkozy & consorts, uniquement mus par l’idéologie ultralibérale sans aucun égard pour l’économie réelle et les conditions objectives.

    Et cela, qu’il y ait ou non amélioration de la conjoncture économique et de l’emploi des seniors. Ce qui serait surprenant. D’abord parce que l’inepte politique budgétaire, qu’on la nommât “rigueur” ou “austérité” plombera encore plus irrémédiablement la reprise économique… J’aimerais que l’on m’expliquât comment la fameuse et ridicule «rilance» de Christine Lagarde – oxymorron entre rigueur et relance – pourrait avoir quelque chance de réussir à relancer l’économie en asséchant de pareille façon le revenu disponible de la plupart des consommateurs !

  • Ensuite, parce que le chômage est reparti à la hausse nonobstant les “hourrah” prématurés de Lagarde et Wauquiez pour les meilleurs – très relatifs – chiffres de juillet.
  • Dus sans doute en grande partie à l’ignoble politique de radiations administratives utilisant toutes les ficelles et astuces possibles et imaginables pour mettre “à la faute” les demandeurs d’emploi… Parfaitement révélateur de ces pratiques, l’article du Monde (9 sept 2010) Radiations du Pôle emploi, mode d’emploi… J’avoue ne pas comprendre comment les salariés du Pôle Emploi acceptent d’en être complices. Ou plutôt si : dans un régime devenu quasi totalitaire où tout se gouverne “par la peur”, ils craignent eux-mêmes pour leur emploi. Virés sans coup férir s’ils ne font pas le sale boulot qu’on leur demande.

    La notion de solidarité a complètement disparu. Prédomine aujourd’hui l’individualisme le plus féroce. Le chacun pour soi pour “sauver sa peau”. Le Pôle Emploi est une “entreprise barbare”, en témoignent les suicides qui ne manquent pas. Réponse individuelle au mal-être. S’ils veulent restaurer leur honneur, leur dignité ils en reviendront peut-être à l’action collective. Une grève peut-être ? C’est dans l’air du temps.

    Nicolas Sarkozy gagnera sans doute “SA” bataille des retraites… Mais victoire à la Pyrrhus comme le souligne le 25 sept. 2010 l’Edito du Monde Retraites : un blocage social à hauts risques. Il aura eu beau se rassurer en parlant d’une mobilisation moindre, ce qui au demeurant était fort éloigné de la réalité et stupidement penser que les protestataires mènent un combat d’arrière-garde qu’ils savent voués à l’échec.

    Si les Français sont si majoritairement hostiles à une réforme injuste qui pénalise les femmes et les salariés qui ont commencé tôt à travailler – les «carrières longues» et tous ceux qui ont occupé des emplois pénibles, c’est parce qu’ils comprennent bien que l’objectif de Nicolas Sarkozy est purement comptable et cynique : rassurer les marchés financiers déjà plus que largement responsables de nos malheurs !

    La «méthode Sarko» : passer en force sans vraies négociations ne peut que montrer ses limites. Nicolas Sarkozy joue avec le feu car si pour l’instant les syndicats en sont restés à des mobilisations ponctuelles sans grande efficacité, sinon le plaisir de nous compter ! il n’est pas dit que – comme en décembre 1995 – les appareils syndicaux parviennent à contenir longtemps leurs troupes… Les mouvements sociaux de grande ampleur partent souvent de réactions spontanées de la base.

    Enfin, Nicolas Sarkozy - dont je ne cesse de rappeler que s’il est sans doute matois, rusé comme un singe et manipulateur en diable, mais néanmoins totalement dénué de la moindre once d’intelligence politique – ne me semble pas mesurer pas le risque politique de son obstination asinienne. Les salariés et les retraités sont aussi des citoyens, donc des électeurs.

    Les parlementaires de l’UMP devraient s’en souvenir avant d’accepter de se laisser «tordre les bras» par ces branquignols… Les élections cantonales de mars 2011 et la désignation des sénateurs à l’automne 2011 qui sera d’autant plus périlleuse pour l’UMP que le nombre des “grands électeurs” appelés à désigner les sénateurs est nettement plus favorable aujourd’hui à l’opposition grâce aux victoires des municipales et des régionales. D’autant que l’UMP n’a plus aujourd’hui qu’un majorité relative au Sénat… Le Sénat à gauche ? Chiche ! Ce serait une grande première historique et l’UMP pourra en remercier très chaudement - une belle veste pour le premier tour en 2012 ? -Nicolas Sarkozy.

    Quant aux élections de 2012, élection présidentielle en avril et mai et législatives en juin, il est encore bien trop tôt pour tirer des plans sur la comète… Il se passe tellement de choses en quelques mois ! Je n’aspire qu’à une seule chose : que le Parti socialiste arrive en bon ordre de bataille – donc avec un programme qui tienne la route - et dans l’unité la plus totale. Que l’on me foute la paix avec le reste : les querelles – supposées – de personnes, les ambitions ridicules de certains.


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