Que signifie cette bataille entre la France d’en haut et la France d’en bas, entre la tête et le cœur, entre la capitale et la province, entre l’élite et le commun ? Entre ceux qu’on connaît et les autres, délaissés, oubliés, en marge d’une société qui les ignore. Un conte sans doute sur la vanité que tout le monde exerce, tour à tour, avec mesquinerie.
Orsay et sa fabuleuse exposition sur Manet au Grand Palais contre le musée Marmottan, qui n’a pas daigné répondre favorablement aux demandes du premier. De nombreuses œuvres ont en effet été prêtées par des musées du monde entier. Celles que possédaient Le Louvre, le Métropolitan Muséum ou l’Hermitage sont largement représentées au Grand Palais. “Impression de soleil levant”, l’un des chef-d’œuvres de Monet, est quant à lui resté à Marmottan. On n’y trouvera donc pas le fond d’un des musées les plus riches en oeuvres de Monet. Mieux encore, il a décidé de réaliser sa propre exposition, intitulé « Monet, son musée ». Un titre qui semble rappeler à tout le monde qu’Orsay n’a aucun droit sur l’artiste et que Marmottan a été quelque peu spolié de son titre de plus riche collection au Monde d’œuvres de Monet. Orsay se veut le temple de l’art du XIXe et en particulier de l’impressionnisme, alors que Marmottan ose présenter côte à côte des œuvres de peintres pompiers et d’impressionnistes !
Vous rendez-vous compte ? Le mépris n’est-il pas l’unique réponse de l’Académie et de la science infuse, relançant par là-même la bataille du Salon des Indépendants. En sens inverse. De toute façon, les amateurs de l’artiste n‘auront qu’à prendre le métro car cette expo aura lieu en même temps que celle du Grand Palais, du 7 octobre 2010 au 20 février 2011.
Orsay et sa fabuleuse exposition par les médias contre le musée Fabre à Montpellier qui rappelle qu’à cette époque où triomphait l’impressionniste, d’autres peintres suivaient des voies, sans doute bien trop académiques, mais qu’il serait injuste de mépriser. Si Monet est déchiré entre deux lieux de Paris, l’histoire de la peinture et plus particulièrement celle de l’époque de Monet, est éclatée entre le Nord et le Sud. Paris astique Monet, Montpellier dépoussière Cabanel, l’enfant du pays. Une exposition majeure d’un autre pompier, qui osait s’accoquiner avec les grands mythes de l’antiquité. L’une des stars du précieux et d’un orientalisme propre et sexy. L’un de ceux qui précipiterons les « Beaux-arts » sur les murs d’une bourgeoisie provinciales décriés - toujours - par ceux qui savent. N’en doutons pas, cette exposition n’aura sans doute pas la couverture médiatique. N’y croyez pas
n’en parlera pas. Il s’agit pourtant de la première rétrospective jamais consacrée à ce peintre qui eut tant de gloire sous Napoléon III. Et pour ma part, je reste persuadé qu’il contribua grandement à l’évolution de la création artistique y compris chez les impressionnistes.