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Serbie et réalisme

Publié le 02 octobre 2010 par Egea

Ce week-end se déroulent des élections en Bosnie : et pourtant, je vais vous parler de la Serbie.

Carte_Serbie.jpg

Tout d'abord pour reconnaître (en partie) une erreur d'appréciation.

1/ Mais en premier lieu, le connaisseur de la zone aura observé qu'en illustration, j'ai placé une carte de la Serbie sans le Kosovo. Allez fouiller sur le net, vous verrez que ce n'est pas évident à trouver...... Pourtant, force est de constater qu'il va falloir s'habituer à cette représentation-là.

2/ Car à la suite de l'arbitrage de la CIJ de juillet (la déclaration d'indépendance n'a pas violé le droit international), les décideurs politiques à Belgrade ont réévalué leur position. Ils cherchent désormais à trouver les moyens d'une négociation avec le voisin au sud, autour de trois principes : un statut particulier pour les monastères orthodoxes ; une garantie pour les populations minoritaires serbes au Kossovo; un statut particulier pour les K Serbes au nord de l'Ibar. Les deux premiers ne posent pas de grandes difficultés, le troisième est plus problématique. Là au fond n'est pas l'essentiel.

carte_kosovo.jpg

3/ L'essentiel tient au pragmatisme de Belgrade, qui au fond a voulu sortir de cette épineuse affaire qui l'empêche d'avoir des relations "normales" avec l'environnement général. On peut ainsi s'interroger si la demande d'arbitrage à la CIJ n'était pas justement le moyen de sortir de l'impasse. Car que désire au fond la Serbie, désormais ? la normalisation. L'intégration européenne. L'enrichissement.

4/ Vient ici la reconnaissance de mon "erreur". En effet, je tiens depuis longtemps que la stratégie internationale de reconnaissance d'abord, le statut ensuite me paraissait dangereuse, car elle bafouait un certain nombre de principes. Je suis bien obligé de reconnaître qu'à tout le moins, elle est ici efficace. Et qu'il faut donc s'en réjouir, puisqu'un problème qui se résolvait dans le sang trouve désormais d'autres moyens de résolution. L'européanisation est un aimant bien puissant qui force les évolutions, et au diable les principes. Il y a d'ailleurs quelque paradoxe à trouver une vertu "pragmatique" à l'Europe qui, par ailleurs, ne cesse de se dresser sur les ergots de sa morale, mais passons.

5/ Ainsi, cela marche, cette fois-ci. Je le "reconnais", si on veut bien me passer ce mauvais jeu de mot. Il reste que je persiste à trouver que l'affaire constitue un dangereux précédent, et qu'il faudra désormais trouver les moyens de ne pas appliquer cette nouvelle règle aux alentours européens, par exemple en Bosnie.

6/ Revenons toutefois à Belgrade : ce pays a perdu tout accès à la mer, ce qui représentait un de ces objectifs de long terme. Il ne peut donc jouer maintenant que sur son rôle de carrefour à la fois fluvial (le Danube) et routier. Nul doute qu'il accueillera volontiers les gazoducs venant de la mer noire. Car telle est désormais la carte que devrait jouer la Serbie : celle d'une passerelle vers la mer Noire, nouveau rivage européen. Mais c'est une autre histoire...

Réf : voir ces deux billets sur la décision de la CIJ et sur les vertus pacifiantes de l'européanisation.

O. Kempf


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