Il pleut, il pleut bergère : Voilà vingt quatre heures qu’il pleut sans discontinuer, avec un maraamu violent et froid. Il est temps de sortir les petites « laines ». Le gazon offre son vert luisant, les arbres fruitiers n’en finissent pas de fleurir et d’offrir des paniers de fruits hors saison. Mais, que ce passe-t-il donc, El Nino nous aime-t-il tant qu’il ne nous quitte plus ? Le fare en cours de reconstruction laisse, par manque de fenêtres, entrer la pluie. Quand irons-nous dans notre fare nouveau, mais quand ?
Depuis samedi 11 septembre, les vents violents Maraamu et Toerau soufflent en alternance et accompagnent une pluie violente et incessante. Il fait froid (23°) très humide, l’eau chaude devient rare dans le chauffe-eau solaire. La douche est loin d’être une partie de plaisir ! Heureusement on transpire peu ! Les feuilles des manguiers, uru, pommes-étoiles dessinent sur le vert du gazon des tableaux jaunes. Joli mais quel travail de ramasser ces feuilles qui courent avec l’aide des vents.
Les vagues ont atteint 6 m à la presqu’île et deux randonneurs ont été emportés, samedi, par les flots à Te Pari. Après plusieurs recherches écourtées à cause des éléments, un corps a été retrouvé. Dans la nuit de lundi à mardi, pluie et vent se sont associés et déchaînés provoquant des inondations à Paea, Papara et Teahupoo sur la côte ouest. Un flot venant de la montagne à Paea a jeté de gros blocs de pierre dans plusieurs maisons, heureusement sans faire de blessés. Cinquante maisons sinistrées. Cela risque encore de se répéter car les éléments ne se sont pas calmés, loin de là ! La saison des grandes pluies commence bien avant l’heure. La pluie explose tous les records historiques. 793 mm de pluie en 24 h à Teahupoo ; 200 mm de pluie en 24 h à Tautira, Paea et Papeari. Mercredi une légère accalmie et depuis ce jeudi matin, à nouveau de la pluie.
Toujours des affaires de terres, je suis mêlée, que je le veuille ou non, aux histoires de terre de mes amis. Il semble que certains se soient appropriés sans vergogne les terres des autres, et que même le territoire aurait eu ces tentations… et jouirait de la « complicité » de certains arpenteurs ! Il pourrait suffire de changer le nom des terres convoitées. La terre manque pour bâtir alors servez-vous chez les autres ! Ici en Polynésie, on ne vole pas, on se sert, on emprunte mais on ne rend pas ! Beaucoup de squatters surtout quand le terrain est « débroussé », s’installent alors ; ils posent quatre planches et des feuilles de cocotier en guise de toit, et voilà ! Ensuite le propriétaire doit ester en justice pour faire partir les occupants illégaux. Et là c’est une vraie sinécure, ça dure des lustres !
Toujours les mêmes, toujours la même rengaine, tout le monde veut la place, on cherche encore et toujours des sous… Un journal local titrait : « G.T.S. l’homme qui voulait 5 milliards de FCP ». Pour avoir des sous, il faut prendre l’avion et aller demander à la France. D’après les échos recueillis, Bercy n’aurait pas ouvert le robinet.
Je fête mon dix-neuvième déménagement dont huit internationaux ! Certes je ne figure pas dans le Guinness des records, mais je trouve mon chiffre pas mal du tout. J’ai quitté la capitale Papeete avec quelque regret mais mon bruyant voisin a eu raison de ma volonté de demeurer en ville à tout prix. Au district, c’est calme, je suis entourée et choyée comme un membre de cette famille tout en restant indépendante, je peux jardiner, me promener, contempler le paysage, préparer des petits plats, flatter Grisette, souffler dans ma clarinette, assister à des lectures bibliques et des concerts.
Voilà, c’étaient les nouvelles de radio cocotier pour ce mois de septembre 2010. Je vous en souhaite une bonne réception et à plus tard quand je serai « rebranchée » avec la civilisation ! Ce matin, le lézard (gecko) a encore chanté, ce qui signifie qu’il pleuvra ce jour. L. rentre de courses avec un produit pour coller les lézards afin de s’en débarrasser car ils font des dégâts dans la maison. Dans la chambre que j’occupe, il semble y avoir un gros lézard qui nous nargue depuis un bon moment déjà ! La chasse est ouverte. A bientôt les amis.
Sabine