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Déluge de subventions à Paris (2/2) : les potes riches !

Publié le 05 octobre 2010 par Lecriducontribuable

Cet article en deux parties est paru initialement sur Delanopolis, le site de l’élu Serge Federbusch, conseiller du 10e arrondissement de Paris.

Le domaine culturel est naturellement le mieux à même d’engloutir des monceaux d’argent public. Le dernier Conseil de Paris s’est bien acquitté de cette tâche !

Pour un festival ce fut un festival. Nos lecteurs apprécieront à leurs justes valeurs certaines subventions héroïques que nous retiendrons parmi des dizaines d’arrosages farfelus et/ou dispendieux.

1 – Edgar tu t’égares !

Edgar Morin, qui a érigé la notion de complexité en système de pensée sans grand souci de rigueur scientifique ( qui osera dire qu’il s’agit plus de complication que de complexité et de raisonnements filandreux que de philosophie ? Nous ! ), va bénéficier d’une énième promotion sur fonds publics. C’est vrai, il faut encourager les jeunes talents.

Ainsi donc, l’association Compagnie des hommes, va recevoir 7.000 euros pour quoi ? Pour organiser une rencontre à Paris avec Edgard (89 ans aux prunes) sur le thème de la différence qui sera suivie par une lecture d’un texte d’Aimé Césaire ! On peut difficilement être plus innovant. Les employés des bibliothèques à qui Girard et Delanoë refusent de payer correctement leur travail du dimanche apprécieront.

2 – La (petite entre)prise de la Bastille !

Le Théâtre de la Bastille, nous explique pudiquement la ville, est « apprécié pour sa relation scène/salle intimiste liée à la faible jauge au regard de la taille importante du plateau ». En clair, l’espace dévolu à la scène est très important par rapport à celui accordé au public, on a les priorités qu’on peut.

Cela expliquerait paraît-il les faibles recettes de billetterie. On observera prosaïquement que ce n’est pas cette « jauge » réduite qui justifie que sur 38.669 spectateurs seuls 29.918 ont payé leur place en 2009, mais passons.

Quoi qu’il en soit, cette année là, le rapport entre places payées et subventions totales (ville de Paris + Etat) conduit à un montant de 40 euros de subvention par spectateur. Pas mal … mais pas suffisant encore car la ville a décidé de porter sa subvention à 615.000 euros au titre de 2010.

Lasse but not lisse, comme aurait pu dire Gainsbourg, la délibération explique que l’augmentation de la subvention est de 30.000 euros par rapport à 2009 et que, cette année là, la moitié de ladite subvention représentait 260.000 euros. Point n’est besoin de faire chauffer une calculette pour s’apercevoir que 260.000 x 2 = 520.000, ce qui est loin de 615.000 – 30.000 = 575.000. Bref, soit les votes financiers de la delanoisterie sont truffés d’erreurs matérielles, soit l’administration municipale la plus chère de France ne sait plus compter et s’est faite emplâtrer de 55.000 euros … A nouveau, qu’en pensent les bibliothécaires en grève ?

3 – Montfort de café !

Nos lecteurs ont eu connaissance en live ( voir ici et  ) des soubresauts et déboires du théâtre Sylvia Montfort dont Girard a éjecté le directeur, Régis Santon, pour le remplacer par deux autres, Laurence de Magalhaès et Stéphane Ricordel, couple en ville et sur scène, décidés à puiser dans l’univers du cirque et de la voltige dont ils sont issus pour relancer l’établissement. On nous promettait monts et merveilles de ce changement qui s’est traduit immédiatement par le versement de plusieurs salaires pour le même job.

Le résultat est en tous cas financièrement peu probant. Car nous voilà désormais au second avenant de subventions : 680.000 euros ! Pour le justifier, Girard et ses boys prétendent ( avec un an et demi de retard ) qu’il faut apurer la situation laissée au 1er juillet 2009, avant la prise de fonctions du nouveau duo. Il lui en a fallu du temps pour s’en rendre compte ! La direction précédente aurait été incompétente, la vilaine, et aurait, au titre du premier semestre 2009, enregistré un déficit de 133.045 euros. Petit problème : la nouvelle équipe dont la ville vante les mérites et qui aurait « en quelques mois conquis un nouveau public » a bu un bouillon de 186.270 au cours de ce fameux second semestre. Elle a donc creusé le déficit de 40 % ! A ce tarif, pourvu qu’elle ne conquière pas trop de nouveaux publics …

Mais il y a mieux. Cachée au détour des dizaines de délibérations votées machinalement, on découvre l’attribution d’une subvention de 10.000 euros à une compagnie domiciliée dans la Manche (50). Curieux ! Et pourquoi donc subventionner ces Normands ? Parce qu’ils jouent une semaine au Monfort. Bref, une aide indirecte à ce dernier qui n’apparaît pas dans les comptes fantastocs du maire-adjoint Girard et qui va améliorer discrètement le sort de ses protégés.

4 – Métallos hurlants !

On pourrait continuer longtemps mais comme le Delanopolis reçoit une subvention municipale égale à 0, nos lecteurs nous pardonneront notre manque d’ardeur. Terminons quand même par la fameuse Maison des métallos, gouffre à pognon notoire installé dans le 11ème arrondissement. Ce chancre budgétivore insatiable se voit à nouveau nourri d’une subvention de 150.000 euros non prévue et pourquoi donc ? « L’extrême polyvalence du projet artistique et le volume d’activités conjugués à certaines insuffisances en équipements techniques … occasionnent de lourdes charges de personnels intermittents et le matériel se détériore rapidement » explique la ville ! En langage moins diplomatico-culturel, c’est le bordel dans la programmation et la gestion du lieu. Enfin, cet argent n’est pas perdu pour tout le monde et ce sera la contribution des Parisiens au soutien aux intermittents du spectacle.

5 – Un petit dernier pour la route aride de la culture administrée :

  • subvention aux « Amis de Stendhal », 500 euros ;
  • subvention à l’association marseillaise « Ornic’art » qui participe au festival « Désordre urbain » avec pour ambition énigmatique de « questionner les liens entre performance, art urbain, art contemporain et spectacle vivant et esquisser des pistes de réflexion sur l’enjeu citoyen des nouvelles écritures artistiques dans l’espace public, notamment dans les territoires frontières du 11ème et du 20ème arrondissement » : 10.000 euros, 20 fois plus donc.

« For the happy few« , écrivait Stendhal en exergue du Rouge et du Noir, un roman dont l’auteur ne reçut jamais de subventions …


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