Dans l’enthousiasme d’un métier passionnant, animés d’une curiosité insatiable pour les nouvelles technologies et leurs différents outils-miracles, certains peuvent voir dans l’entreprise un lieu où se réaliser. Qu’ils méditent deux exemples récents.
Le premier, celui de Vincent Talaouit, qui décrit dans un livre[1] qui fait, à juste titre, du bruit le cauchemar qu’il a vécu au sein de France Télécom - Orange.
Le second celui de Jérome Kerviel, trader de la Société générale, qui vient d’être condamné à trois ans de prison et à rembourser 4,9 milliards d’euros…
Qu’ils sachent que leur entreprise peut brutalement décider qu’ils sont devenus un simple chiffre dans un effectif à faire baisser par tous les moyens, sans tenir compte à aucun moment de l’importance et de la qualité de leur travail. C’est ce qu’a vécu Jérome Talaouit. Son livre mérite d’être lu et relu.
Qu’ils sachent aussi que leur entreprise peut se retourner contre eux après avoir tout fait pour qu’ils prennent les risques les plus grands pour les profits les plus grands. Mais comme dans Mission impossible, la bande s’autodétruit, aucune trace n’est laissée et le jeune et brillant trader se voit seul condamné par la justice.
Les deux exemples ne sont pas identiques. Le jeune ingénieur n’a commis aucun infraction. C’est d’ailleurs son entreprise qui est la cible de plusieurs plaintes dont celle de l’inspection du travail.
Mais un point commun les rassemble. Celui d’une illusion partagée, celle de l’entreprise comme lieu de réalisation de soi.
Que tous, et en particulier les jeunes diplômés bac+…, prennent conscience que dans le monde enchanté du néolibéralisme l’entreprise est un monstre froid qui n’a qu’un seul objectif : maximiser la valeur pour l’actionnaire.
C’est, dans ce lieu, l’expression de ce totalitarisme en marche contre lequel le seul combat possible est politique.
[1] Talaouit Vincent & Nicolas Bernard, Ils ont failli me tuer, Flammarion
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