Ce jeudi 30 septembre, devant la maison d’arrêt de Corbas, la journaliste Florence Aubenas a lancé un appel “pour que la parole des détenus passe les portes des prisons”. La présidente de l’Observatoire International des Prisons veut notamment que les personnes incarcérées sortent de leur cellule pour débattre de la question lors d’un débat.
C’est devant les murs de la maison d’arrêt de Lyon-Corbas que Florence Aubenas a lancé, jeudi 30 septembre, un appel “pour la libération de la parole détenue par les murs de la prison” . Le lieu n’a pas été choisi au hasard par l’Observatoire International des Prisons (OIP), dont la journaliste est aujourd’hui la présidente. “Corbas c’est un symbole. Car on a dit qu’on allait en faire une prison décente. Matériellement, les conditions de détentions se sont améliorées.
En revanche, les relations humaines ont empirées. La prison a été conçue pour qu’il y ait le moins de communication possible entre les gens” . Et de préciser qu’un certain nombre de détenus regrettent Saint-Paul/Saint-Joseph.
Parmi ces personnes, Alain Corgina, militant de l’OIP qui a passé 25 mois dans les deux prisons : “La liberté d’expression a régressé au plus bas. A cause de l’isolement et des techniques de déplacement. Avant, au moins, avec les rats, les cafards et les pigeons, on avait de la vie” .Comme le reconnaît le directeur de la prison de Corbas et ancien directeur de Saint-Paul/Saint-Joseph, il y avait là-bas une plus grande tolérance “en raison de l’insalubrité des locaux” . Les détenus circulaient dans les couloirs, ils pouvaient aller récupérer une cigarette ou un CD dans la cellule d’à côté, ils pratiquaient pendant quelques minutes un parloir sauvage avec l’extérieur (lire
“Les nouvelles prisons, déjà dépassées ? ) .”
Un appel pour faire sortir les détenus
L’important pour l’OIP est donc de faire sortir la parole des murs de ce nouvel établissement de Corbas mais aussi de toutes les prisons de France. L’objectif est de recueillir le témoignage de tous ceux qui vivent la prison, aux premiers rangs desquels, les détenus. Dans ce sens, l’OIP souhaite informer les condamnés qu’ils peuvent demander au juge d’application des peines une permission pour sortir et venir témoigner le 11 décembre, lors d’un colloque organisé à Lyon.
Faire sortir cette parole est une nécessité mais seulement pour un colloque. “Un détenu qui aujourd’hui veut se faire entendre n’a pas d’autres solutions que d’utiliser des moyens brutaux, poursuit Florence Aubenas. On l’a vu avec le mouvement de protestation de novembre 2009. Les détenus se sont réunis dans six cours de promenade différentes. Ils demandaient à être entendus, on leur a répondu par des sanctions. Pourquoi ils se révoltaient ? Ils voulaient tout simplement parler de leur condition de détention. On ne les a même pas entendus. Nous voudrions simplement que quand des gens veulent s’exprimer, qu’on ne réponde pas par la violence, écoutons ce qu’ils ont à dire” .
Selon l’OIP, la maison d’arrêt de Lyon-Corbas compte 690 places pour 735 détenus. Parmi ceux-ci, l’association compte qu’un certain nombre vienne raconter “la petite muette”.
Lire l'intégralité de l'appel de l'OIP sur le site de l'association (Observatoire international des prisons) :
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