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John Edwards est celui qui a le plus préparé la primaire de l'Iowa sur le terrain. Il a commencé méthodiquement dès 2005. Sa victoire serait une surprise lui permettant de se hisser au rang de Clinton et d'Obama.
John Reid Edwards est né le 10 juin 1953. En 2004, il fut candidat aux primaires américaines au sein du Parti Démocrate. Il s'installe progressivement comme le principal concurrent de John Kerry avant de se retirer puis d'annoncer son ralliement à John Kerry. A ses côtés, il a effectué un parcours de candidat à la Vice-Présidence dans des conditions particulièrement performantes.
Auparavant, il s'était fait remarquer dans trois circonstances particulières.
Tout d'abord, sur le plan professionnel, il a fait fortune comme avocat en engageant des procès retentissants contre des grandes sociétés accusées d'avoir lésé des consommateurs en particulier face à des cigaretiers.
Ensuite, lors de la procédure d'impeachment contre le Président Clinton, il fut l'un des avocats les plus exposés dans la défense du Président ; ce qui lui assura une reconnaissance rapide au sein du Parti Démocrate.
Enfin, il devint Sénateur de la Caroline du Nord à l'issue d'une campagne au ton novateur se voulant en permanence le "champion des gens ordinaires". Issu d'un milieu modeste, John Edwards a gardé un ton populiste. Son physique télégénique lui a assuré une rapide notoriété.
Sur le terrain, depuis 2006, John Edwards a effectué une pré-campagne très professionnelle. Il a multiplié les rencontres à thèmes : visites d'usines, hôpitaux… Toutes ces visites sur le terrain ont un point commun : aller au contact et à la rencontre des plus défavorisés.
Au niveau des institutions universitaires, il développe les thèmes novateurs qu'il souhaite porter dont :
* le caractère immoral d'acceptation d'un certain seuil de pauvreté,
* les arbitrages nouveaux à opérer. Il dénonce les aides accordées aux grands groupes pétroliers démesurées par rapport aux aides accordées par exemple aux organismes chargés de promouvoir la couverture santé des enfants, la mise en place d'un " salaire minimum ",
* la stigmatisation de la coupure croissante entre la " riche Amérique " et celles des " pauvres ",
les abus des grands groupes industriels,
….
Sur ces deux terrains, il choisit des géographies qui correspondent aux premières localités des primaires 2007-08.
Il sait désormais combien les résultats des premiers votes créent une dynamique ou pas.
Surtout, par le contact personnel et direct créé entre lui et l'électorat de base, John Edwards vise à amoindrir la fonction d‘intermédiaire reconnue au parti démocrate. Il vise à créer sa propre structure de quadrillage du terrain.
Tout paraît donc en marche. Et pourtant, ce candidat n'arrive pas encore à percer. Sa candidature est pour l'instant écrasée par celles d'Hillary Clinton et de Barack Obama.
Cette situation relève du mystère. En effet, John Edwards est un parcours comme les américains les aiment. Des épreuves dramatiques qui façonnent un profil exceptionnel à celui qui, issu d'une famille modeste, fut le 1er de sa famille à aller à l'Université. Une épreuve familiale supplémentaire pour ce père qui perdit tragiquement un jeune fils au milieu des années 90.
Une percée lors des premières primaires pourrait créer une dynamique. Sa levée de fonds est modérée face aux levées de Clinton et d'Obama.
C'est un excellent candidat mais il ne semble pas en situation d'être le premier. Son profil est-il trop marqué par sa campagne en qualité de vice-président de Kerry donc son image de second ?
Il lui faut rapidement résoudre cette question. Sans second souffle rapide, sa campagne risque de se banaliser et de conduire à un décrochage dans les sondages puis d'ouvrir la spirale de l'élimination.
C'est un étonnant destin que celui de John Edwards que de buter ainsi sur cette "dernière marche". L'Iowa est une étape déterminante pour lui.