Magazine Caricatures

Ça sera dur pour les daltoniens !

Publié le 08 octobre 2010 par Ruminances

30017131907600153656100000032505930354200967231n.jpgIl était une fois un jeune homme, trader de son état, travaillant dans une grande banque bien connue, la Société Générale. Celle qui à des comptes offshore (pas plus que les autres, mais quand même) et à qui on avait demandé de faire faire des bénéfices, beaucoup de bénéfices.

On lui avait tout appris au jeune homme. Comment acheter à terme prévu, avec le système du « levier », c’est à dire avec un dépôt -- virtuel -- de 10 % du montant des achats d’actions visées. Comment attendre (mais pas trop, parce que le temps c’est de l’argent) ? On s’occupe, on manipule un peu, on passe un coup de fil judicieux à tel pythie du marché etc … Rien que du normal quoi. Du coup, miracle, les actions achetées virtuellement avec 10% virtuels grimpent à la cote et VLAN !… On les revend en vitesse, encaissant un bénéfice pas du tout virtuel cette fois. Une affaire dans les affaires en somme, routinier, quotidien.

Le jeune homme ayant réussi plusieurs coups bien juteux, ses chefs le complimentent. Félicité, grassement récompensé, on l’encourage vivement à… continuer ! Ce qu’il s’empresse de faire, de plus en plus haut en chiffre d’affaires, et de plus en plus gros les engagements. Imaginez qu’au lieu de monter, le prix de ces actions soit descendu … la Banque aurait été dans l’obligation de payer ces actions au prix convenu à l’achat, plus cher que leur valeur au terme du contrat !

Catastrophe ! Ce qui pouvait arriver… arriva ! Il avait tant et tant acheté -- comme les chefs le lui avaient demandé, ne l’oublions pas… N’oublions pas non plus -- comment l’oublier ! -- que dans ces Banques-là, on n’hésite pas à vous envoyer une lettre recommandée à 17€80 quand votre compte est débiteur de 10 euros…, il y a des contrôles. La Banque, c’est du sérieux !

Les Directeurs se frottaient les mains, s’envoyant de joyeuses tapes dans le dos, disant : « ah les beaux bénéfices que nous allons faire avec ce garçon ! » se sont retrouvés ridiculement nus devant l’opinion. Ils avaient trouvé plus malin qu’eux !

Remonté comme une horloge suisse, le pauvre jeunot est allé acheter des actions alléchantes qui lui faisaient miroiter monts et merveilles à des sociétés venant d’un certain Monsieur Madoff, un américain ! Comme disait le Président : « ce qui vient d’Amérique, c’est du tout bon ! ».

Faut dire que le jeune homme n’est pas allé de main morte. Je ne sais combien de milliards d’euros qu’il avait promis de payer… Au nom de ses patrons, évidemment ! Le Madoff en question, -- aujourd’hui au gnouf -- comme nous le savons, vendait du vent. Il faisait de « la cavalerie » (mais ceci est une autre affaire). Bonjour la bourrasque ! Ses « valeurs » ne valaient RIEN. Et la Banque, la Société Générale, devait quand même rembourser ce qu’elle devait, moins les bénéfices escomptés quand même.

Vexée, elle est allée voir DAME JUSTICE : « Comment ?… Ce foutriquet a acheté sans notre accord !… Il doit payer ! »

Dame Justice, après lecture de son gros livre, plein de lois et de contre-lois, constatant au passage les grosses maladresses juridiques du jeune homme (un vrai feuilleton), tapant du maillet sur le pupitre, dit : il doit payer !… DE QUI SE MOQUE -T- ON ?… QUATRE MILLIARDS NEUF CENT MILLE EUROS !

Avec çà, la Banque est ensuite allée pleurer dans le giron du Président qui aime tant l’Amérique : « les américains nous ont fait du mal, il faut nous aider… » Le Président, compatissant, et un peu alarmé par l’ampleur du désastre, de répondre : « bien sûr, les Français sont riches, ils vont emprunter et vous soulager… Comme çà vous pourrez continuer à leur prêter de l’argent avec bénéfice … »

L’est pas belle la France ?

En direct de l’Assemblée Européenne :

Le Parlement européen a adopté un ensemble de réformes introduisant des changements fondamentaux dans le système de contrôle des banques, des marchés boursiers et des compagnies d’assurances.

A partir de 2011, trois autorités européennes de surveillance (AES) verront le jour et un conseil européen du risque systémique (CERS) sera mis en place. Les AES disposeront de pouvoirs étendus, dont celui d’interdire temporairement tout produit financier ou activité à risque. En cas de défaillance des autorités nationales, elles pourront intervenir directement, auprès des banques, des assurances ou des marchés financiers pour faire respecter la législation européenne. Elles auront aussi la faculté de demander à la Commission d’établir des actes législatifs visant à interdire certains produits. Pour former son analyse sur les institutions financières, le CERS utilisera une liste commune et harmonisée d’indicateurs ainsi qu’un système de code couleur évaluant les différents niveaux de risques. Son comité scientifique réunira un large ensemble de compétences et d’expertises parmi lesquels des universitaires.

LE PRÉSIDENT DE LA BANQUE CENTRALE EUROPÉENNE assurera la présidence du CERS pendant les cinq premières années de son existence.

Voilà. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !!!

En cas de conflit : créons trois commissions et confions-en la présidence au plus grand des conflicteurs

Ça sera dur pour les daltoniens !


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ruminances 506 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte