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Le parti de gauche et la déresponsabilisation individuelle

Publié le 10 octobre 2010 par Djaphil

S’il est un leitmotiv pour le Parti de Gauche, c’est bien la critique de l’écologie selon Yann Arthus-Bertrand. Sans rentrer dans la polémique, à mes yeux sans intérêt, des sources de financement de ses films et reportages, ce qui est le plus marquant dans cette critique est le rôle que le Parti de Gauche entend réserver à l’homme, l’individu, nous quoi !, dans le réchauffement climatique.

MELENCHON - l'individu n'est pas responsable du réchauffement climatique - solution politique et écologique

Nous abordons toujours le monde selon des a a priori et des préjugés. L’un des principaux préjugés du Parti de Gauche est que l’individu doit s’effacer devant le Tout, le Parti, le Politique.

En écologie, cela se traduit par une totale déresponsabilisation de l’individu : ce sont les entreprises qui polluent. C’est donc à l’Etat d’encadrer drastiquement leurs activités. L’individu n’a finalement qu’a attendre que les solutions politiques soient mises en oeuvre (car l’un des autres préjugés du Parti de Gauche est que ses idées parviendront à rentrer en application). Doux monde du Parti de Gauche où la solution à tous nos problèmes proviendra du Parti ! Doux slogan « engagé » : « Il s’agit de mettre de l’écologie dans la politique et, surtout, de mettre de la politique dans l’écologie.« .

Ma position est au contraire la suivante. Sans vouloir prendre la défense de YAB (je ne pense pas qu’il ait besoin d’une quelconque assistance pour la diffusion de ses idées, notamment après Home), et sans être du côté du néolibéralisme, je pense que EFFECTIVEMENT, le développement durable passe AVANT TOUT par l’individu.

Les individus doivent tout faire pour agir de manière responsable sans attendre que le Messie politique (Mélenchon ?!) vienne sauver le genre humain. Réduire la consommation, acheter intelligemment (local, de saison…) : autant de choix individuels qui, mis bout à bout, réduisent notre empreinte écologique. Les choix individuels ont alors un impact sur les produits vendus par les entreprises. C’est une révolution par le bas (le peuple consommateur) plutôt que par le haut (la politique).

Dire à l’individu qu’il n’est responsable de rien (ou plus précisément : qu’il n’est finalement pas responsable de consommer tel qu’il le fait) et qu’il peut attendre patiemment que le Politique prenne en charge notre protection, en plus d’être à côté de la réalité est tout bonnement irresponsable. Evidemment qu’éteindre la lumière quand on quitte une pièce ou fermer le robinet lorsqu’on se lave les dents ne sauve pas la planète ! Mais ne pas le faire la menace chaque jour un peu plus.

Pour revenir sur la critique de YAB par le Parti de Gauche, je citerai une preuve de mauvaise foi dans son dernier édito : « La lutte contre le productivisme et l’économie capitaliste, pour la répartition des richesses et la relocalisation n’ont pas la moindre place dans son raisonnement. ». Ces personnes ont-elles regardé Home et ont-elles compris les idées véhiculées ? Ou ont-elles à nouveau analysé les choses avec leurs a priori habituels ? Cet argument consistant à dire que YAB est un ultralibéral du fait de ses financements et de son passé est un argument ad hominem qui n’est pas recevable et qui est, surtout, contredit par les oeuvres de YAB.

Dès lors, ma position, un peu dialectique, serait la suivante :

  • la solution commence par l’individu, car la politique n’a pas fini de se faire attendre en faisant les yeux doux aux entreprises et aux couches de la population les plus aisées qui souhaitent protéger leurs fortunes ;
  • néanmoins, il est souhaitable IDEALEMENT, que les mesures individuelles soient appuyées, voire incitées ou obligées par des mesures politiques ;
  • par conséquent, il faut vouloir que l’écologie trouve sa place en politique à terme, afin qu’un nouveau mode de vie, non fondé  principalement sur la consommation et l’avoir advienne.

Donc oui, il faut vouloir une politique radicalement écologique (et pas seulement du « green washing »). Mais non, cette politique ne trouvera pas facilement sa place du fait de nos représentations qui sont trop profondément façonnées par le dernier siècle de course au progrès. Les dirigeants et penseurs du Parti de Gauche feraient peut-être bien de relire « Le désert des Tartares »…

L’utopie est peut-être le pire ennemi de l’homme dans le domaine de l’écologie. A force de cracher sur les petits gestes (et l’intégration même partielle des problématiques écologiques dans l’industrie sont un indéniable progrès), le Parti de Gauche risque d’inciter l’électorat à se tourner vers la droite qui assume pleinement la non prise en compte des générations futures.


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