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On continue en 2008

Publié le 03 janvier 2008 par Caroline
Je résume son histoire :
Younes, 21 ans, est arrivé à Sarrians (ou son père habite et travaille depuis 45 ans) à l'âge de 13 ans (pardon : 13 ans et deux mois, ce "détail" a toute son importance).
Younes a fait sa scolarité au collège de Monteux.
Il travaillait. Il avait une promesse de CDI (dès qu'il aurait ses papiers)
Younes est connu à Sarrians : la mairie faisait appel à lui comme médiateur lorsqu'il y avait un peu le feu dans la jeunesse. Il a toujours répondu présent bénévolement pour cette tâche.
Younes avait un logement à Sarrians (qu'il a quitté depuis 6 mois puisqu'il se cache). Il y vivait avec G., une jeune d'Althen les Paluds.
La préfecture a refusé les papiers à Younes. S'il avait eu moins de 13 ans à son arrivée en France, il les aurait eu, mais voilà, il est arrivé deux mois trop tard.
La mère de G., Nathalie Fournier, se bat depuis 6 mois pour les droits de Younes. Elle a reçu le soutien de RESF.
Hier, elle avait entamé une grève de la faim dans les locaux de la mairie de Sarrians, soutenue par une cinquantaine de citoyens, de républicains.
A 12h30 le maire de Sarrians a fait donner les gendarmes qui ont évacué la mairie de ses occupants pacifiques (le maire avait promis un local, promesse non tenue). 40 gendarmes dont un commandant et un colonel.
Le maire a ordonné la fermeture de la mairie pour la journée.
Nathalie est donc condamnée a poursuivre sa grève de la fin dans sa voiture sur le parking de la mairie de Sarrians.

Aujourd'hui, à 9h, une délégation avait obtenu une audience en préfecture. En signe de soutien, avait lieu un rassemblement citoyen devant l'entrée du bâtiment républicain. J'y suis allée. Cela a duré une heure, durant laquelle, on faisait signer une pétition aux usagers dudit lieu. Venus pour une carte grise ou d'autres formalités, ils se sentaient majoritairement concernés.
À l'issue de l'entrevue, un des membres de la délégation a relaté les propos du bras droit du préfet (celui-ci est-il en vacances ?) confirmant que, à part un recours en tribunal administratif, il ne voit pas d'autre solution pour Younes que celle de retourner au Maroc considérant que l'essentiel de sa famille est là-bas (son père et celle qu'il souhaiterait fonder avec G. ne comptant pour rien), et de redemander un visa pour revenir en France. L'humour d'un chef de cabinet de préfet étant ce qu'il est, on aurait pu lui demander d'arrêter de plaisanter, qu'il est plus facile d'obtenir une pierre de lune qu'un visa de séjour de longue durée pour un marocain. Mais, la loi, c'est la loi, quelle que soit la loi et par qui elle est faite. Justement, en me rendant à la préfecture de Vaucluse, j'écoutais les matins de France Cul où il était questions des lois qui, petit à petit, orientent le pays vers un régime dans lequel certaines valeurs républicaines sont , disons, bafouées. C'est insidieux, mais le glissement est amorcé.
C'est pourquoi, pour me donner un peu d'énergie, ce matin, malgré le froid, la pluie et le vent, je me suis dit qu'il fallait y aller, même si le résultat n'est pas immédiat. On compte trop sur notre usure au combat, notre lassitude à défendre certaines valeurs pour faire sombrer le pays dans un état paranoïaque (pour ne pas dire autre chose). Est-ce celà la "politique de civilisation" que certains appellent de leurs voeux ?

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