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Quelques idées sorties de derrière les buissons... des Buissonnières 2010

Publié le 11 octobre 2010 par Jean-Claude Borowiak @cejice
Être à l'initiative du projet LES BUISSONNIÈRES avec Les Ateliers du Sept-Nain et Evelyne Galinski, le présenter, le mettre en place, y participer en tant qu'artiste et accueillir les visites, voilà quelques "casquettes" qui ont du bien s'accrocher pour ne pas trop s'emmêler ou... " perdre la boule !"J'en ai tiré quelques réflexions qui n'engagent que mon expérience dans cette belle aventure et je me permet à mon tour de vous les faire connaître.
A l'occasion de cette première édition des BUISSONNIÈRES, notre intention était de créer une rencontre et une sensibilisation à des formes d'expressions artistiques actuelles pour un Large public.
La première idée pour faciliter cette rencontre nous semblait assez aisée à réaliser: - Faire une bonne communication, proposer une belle promenade découverte et culturelle dans un cadre naturel magnifique, et surtout choisir pour cette exposition des œuvres sensibles ayant toutes des points d'accès facilités par leurs aspects esthétiques, oniriques ou symboliques.
Quand à la sensibilisation, étant affaire intime et donc éminemment personnelle, notre deuxième idée à ce sujet était de ne surtout pas orienter ou influencer le regard de chacun et encore moins de lui expliquer le "bon sens" ou la "bonne émotion" à rechercher dans les œuvres proposées.
Alors, tout simplement, nous avons proposé à chaque visiteur de formuler par écrit (et s'il le voulait bien uniquement), ce qu'il avait vu et ce qu'il avait ressenti tout au long de ce parcours. Ces retours étant destinés à être ensuite restitués tous ensemble sur ce blog afin que chacun puisse les comparer, les apprécier et en faire « quelque chose » dans la compréhension et l'évolution de leur propre sensibilité à l'art.
Belle idée, bien accueillie aussi, avec ce bon sentiment en fond de proposer un échange de paroles, un échange d'idées, un échange de points de vues, une sorte d'accompagnement respectueux de chacun et pouvant permettre par ces diverses confrontations d'aider à « la création de notre propre culture ».C'est donc ce que nous avons mis en place et tenu durant les 3 semaines du parcours.
Nous avons eu de très belles rencontres, de très riches et gratifiants retours et aussi de beaucoup plus durs, et c'est avec ceux-là que cette expérience nous a montré que notre demande, si douce et bienveillante soit-elle, cette proposition d'écrire sur ces rencontres artistiques pouvait être aussi, pour certains, d'un grand inconfort, voir d'une certaine violence.
Prenons les 2 cas suivants:- Pour les amateurs d'art ou ceux qui ont déjà une recherche, ou peut-être même une certaine habitude à se rendre à des expositions, il y a là déjà un fonctionnement très particulier qui est mis en place, une "aptitude" qui permet à chacun d'appréhender la création artistique, même si chacun le fait avec ses propres critères.
- Il en est bien autrement pour la personne qui vient seulement pour voir, pour découvrir quelque chose de nouveau à l'occasion d'un événement culturel et occuper un moment de loisir de façon agréable. Dans cette approche très différente de la création artistique, la personne se retrouve face à quelque chose d'inhabituel avec ses seuls sens, ses seules émotions et ses  références et habitudes de fonctionnements.
Et donc, comment, quand on n'est pas familier de la reconnaissance de nos propres émotions ou de nos propres fonctionnements relationnels face à quelque chose d'inhabituel (dont on n'a pas forcément, au premier regard, découvert l'aspect symbolique et qui de ce fait peut devenir dérangeant car insaisissable), comment donc arriver à formuler avec des mots et de surcroit par écrit ce que l'on peut recevoir d'une expression artistique?Cette difficulté est la même pour tout le monde. Quand quelque chose ne nous est pas familié ou inconnu, nous ne pouvons l'aborder dans un premier temps qu'avec les outils relationnels que nous utilisons quotidiennement.L'acte créateur est multiple et nous savons tous  "faire quelque chose" ou même nous pouvons avoir des idée sur le "comment faire".
Or, l'acte créateur de l'artiste se situe dans un domaine très différent de l'acte créateur d'un artisan (par exemple) qui, avec son savoir faire et la connaissance de certains matériaux va fabriquer  une chaise, dont l'usage bien connu sera de pouvoir s'en servir pour s'asseoir dessus.
Bien entendu, l'artiste connait lui aussi les outils et les matériaux qu'il utilise. Il va lui aussi fabriquer quelque chose, mais à la différence de l'artisan, cette chose-là n'est pas un objet utilitaire ni même un objet de décoration. La création de l'artiste, dans la mesure où ce dernier s'engage dans un travail sensible où tout son être est impliqué, est un mode d'expression, son mode d'expression et de transmission qui ne peut être abordé qu'avec précautions car il s'agit bien là d'une intimité, de son intimité.
En effet, (je développe): Si le résultat final de son travail aboutit généralement à la réalisation d'un objet sonore ou visuel, qu'il soit musicien, poète, peintre ou sculpteur, l'artiste ne fabrique pas un objet pour l'objet lui-même mais cherche constamment au travers de multiples images à matérialiser une certaine  "transcendance" de son propre système de réalité.
Si l'artiste ne se ment pas à lui-même, si la recherche de son mode d'expression est sincère, alors son travail devient porteur de sens et d'émotions profondes.Et selon moi, c'est seulement sur cette matérialisation, cette image, sur ce don au regard ou à l'écoute de son œuvre qu'il propose une rencontre avec l'autre, l'amateur d'art ou non, le spectateur, l'auditeur qui à son tour mettra en jeu ses propres émotions et les sens qu'il donne aux choses en rapport (lui aussi) avec son propre système de réalité, sa propre intimité.
Or, je l'ai déjà un peu dit, cette rencontre n'est pas toujours évidente car si elle provoque des émotions, il est souvent bien difficile de prendre conscience que ces émotions nous appartiennent en totalité et quelles nous révèlent nos propres fonctionnements dans le cadre de notre propre histoire.
Si l'émotion est acceptée et reconnue au fond de nous-même, l'artiste devient ce créateur de doutes qui ouvre de multiples petites portes sensibles sur nous-même et sur notre inconnu.
Mais il est possible aussi que cette émotion nous dérange et que nous ne l'acceptions pas: "Nous ne voulions pas y aller devant cette porte, nous ne nous y sentons pas bien et il n'est pas question de vouloir l'ouvrir, de la franchir et encore moins d'aller explorer de cet autre côté!..."
Bouleversés dans nos propres émotions, nous recherchons alors parfois des points d'appuis dans nos références de vies, dans nos références d'histoires ou d'actualités pour mieux nous positionner face à ce créateur d'imaginaire, de symbolisme, ou de transcendance que l'on ne comprend pas.
Alors cet artiste, ou cet autre, celui qui nous montre un autre système, une autre idée, un autre point de vue devient le responsable de notre désaccord, de nos émotions éveillées, et parfois de notre mal-être.C'est lui le provocateur qui met en doute ou en péril notre système de réalité et nos capacités à reconnaître et à adapter nos différents modes de connaissances et nos modes sensibles.
Pourtant, il nous faut bien admettre que notre construction se fait dans un espace qui ne nous appartient pas totalement et qui nous propose aussi de continuels changements.Depuis notre naissance, nous devons sans cesse nous adapter, prendre, apprendre, recycler tous nos fonctionnements, nos espaces , nos relations au monde, à la vie , aux autres. Nous construisons indéfiniment des savoirs faire, des idées, des savoir dire, ainsi que notre propre caisse à outils sensorielle avec dedans tout ce qui semble nous servir et ce qui semble nous desservir aussi, tout ce qui nous positionne plutôt bien, et ce qui nous met plutôt mal à l'aise aussi.Nous tendons tous les jours à devenir acteurs de notre vie, mais nous sommes parfois objets, parfois sujets et aussi parfois sujets par défaut. Bien évidemment, ce serait un bon pas de devenir réellement le sujet que nous sommes. Celui qui peut et qui sait reconnaître ses propres outils. Celui qui sait et qui peut les améliorer ou en créer de nouveaux pour vivre dans une évolution constante de sa propre existence avec les autres, en observant et en adaptant chaque seconde de sa propre vie émotionnelle, intellectuelle et corporelle.
Selon moi, l'artiste y travaille constamment avec sa propre histoire, sa compréhension, sa sensibilité, son corps et ses outils d'artiste. En créant ses poèmes, sa musique, ses peintures ou ses sculptures, son véritable  travail à lui, est de  transmettre à l'autre les résultats son propre travail de recherche et d'évolution. Il ne dit rien que ce qu'il fait et il n'a rien a dire sur sa façon de faire car ce n'est pas son propos. Il fait, et son "faire" est une expression qu'il partage, qu'il expose. Il s'expose.
Ainsi, après avoir pris conscience (un peu tard) de la difficulté que pouvait être pour certains cette mise en situation de parler de soi-même au travers d'une rencontre "de sensibilité à sensibilité",  nous avons aussi découvert à quel point il est important de protéger aussi cette personne artiste, ce créateur assez particulier, qui donne ainsi à l'autre une part de ses recherches souvent très sensibles, car dans un dépassement toujours renouvelé de ses propres limites.
Jean-Claude Borowiak
Merci à vous tous pour cet apport de nouvelles idées que je partage aujourd'hui avec vous et... moi-même, mais qui  ne sont que des convictions...   non des certitudes.
Vous pouvez comme d'habitude nous proposer des commentaires avec le formulaire prévu à cet effet en fin de billet.
Retrouver le parcours en photos avec les liens ci-dessous
Mais aussi je vous propose de découvrir un très beau blog qui m'a été adressé avec de très belles photos du parcours comme "un échange de sensations, une vision verbale d'émotions ressenties"
http://jardindombres.blogspot.com

  1. " Coquelicots "
  2. " Porte "
  3. " Galets suspendus "
  4. " Pépites "
  5. " Toile "
  6. " Mue "
  7. " Cocons "
  8. " Nymphe dans la rivière "
  9. " Mue de nymphe "
  10. " Vieux moulins "
  11. " Sphère "
  12.  "Racines "
  13.  "Gué de têtes"
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