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Moi pis les artistes

Publié le 11 octobre 2010 par Dateurenserie

Je suis abonné aux rencontres-éclair. Ces rencontres qui durent moins de 30 minutes et où l’ennui est palpable. On se parlait via un site depuis à peine une heure. Je ne perds pas de temps, vous le savez.

- Je serai à Montréal ce soir, je peux faire un tour te voir et si ça clique, te baiser comme tu ne l’as jamais été… je suis sur que ça te tente.
- Appelle-moi ce soir et on verra.

Bon ça ressemblait à peu prêt à ça à plus ou moins une vingtaine de mots. Vers 23 h 30 à la fin de ma soirée, elle accepta ma proposition. Veuillez noter l’utilisation parfaite du passé simple, ce temps de verbe mal aimé.

Je roulais sur Ontario à sa rencontre. Le coin je ne sais plus lequel ça n’a pas d’importance. D’ailleurs, je l’ai manqué car, j’étais trop concentré à regarder autour de moi et me rappeler les paroles de la chanson « La rue Ontario » de Bernard Adamus. Juste pour mettre un visuel sur les endroits dont il parle dans sa chanson. Mais quand je me suis rendu au bout, dans une espèce de rond-point, j’ai vite constaté que j’avais dépassé largement le lieu de rencontre.

À mon retour, elle était bien là. Assise sur un banc proche du coin de la rue.

- C’est toi sur le coin de la rue?
- J’imagine… tu es où?
- Tourne ta tête un peu à droite… oui voilà!

Nous nous sommes stationnés un peu plus loin et on a marché. En fait, je ne vous écrirai pas de flafla, on n’a fait que ça, marcher. Pas juste un tour de bloc, mais pas loin. Une rue au sud d’Ontario et une au nord. Pas plus que trois rues de large. Le temps d’une demi-heure. Le temps de savoir que ça ne cliquerait jamais.

Je n’ai pas la cote avec les artistes. J’ai l’impression qu’ils me regardent de haut à cause je ne connais pas les auteurs undergrounds. De son côté, elle fait partie d’une troupe de théâtre où seuls ses amis et peut-être les leurs connaissent l’existence.

- Mais je connais Michel Tremblay, je l’ai lu au Cegep! C’est bon j’ai trouvé.
- C’est plate raide, on ne donne pas du tout là-dedans.
- Et le théâtre d’été? Moi ça me fait rire tu sais!
- …

J’ai essayé. J’aurais dû me la fermer. Dire qu’on aime le théâtre d’été à une artiste, c’est comme avouer qu’on aime Lady Gaga à Edgard Fruitier.

Pourquoi lorsqu’il est question d’art, j’ai l’impression que seulement ce qui est connu d’un cercle ultra restreint est bon? Et que le populaire ne l’est pas de façon systématique?

On est passé devant sa porte sans s’y arrêter. Elle m’a reconduit à ma voiture quelques mètres plus loin, par politesse sans aucun doute. Pas de bec, pas d’au revoir. De part et d’autre, le feu n’a vraiment pas pris.

C’était l’évidence même, pas besoin de jouer la comédie cette fois.

D.


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