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Des mots pour.. mesurer la pauvreté ?

Publié le 12 octobre 2010 par Unpeudetao

Dans le cadre de l’évaluation des objectifs du Millénaire *1, les Nations Unies proposent un nouvel outil de mesure de la pauvreté : l’Indice de Pauvreté Multidimensionnel (IPM).
Cet indice, qui a le mérite de ne pas se limiter aux aspects économiques habituels de la pauvreté, reprend des indicateurs tels que l'éducation, la santé et le niveau de vie, et y intègre 10 autres indicateurs dont la nutrition, les années de scolarité, l’accès à l’électricité, à l’eau potable, aux sanitaires, le type de combustible d'alimentation, l’accès aux biens mobiliers (radio, télévision, téléphone, vélo, moto).

Il a aussi le mérite de ne pas considérer seulement les Etats, mais bien les populations en situation de pauvreté : des données infra-nationales permettent désormais de mesurer les écarts entre régions, entre groupes sociaux..

Cet indice a enfin le mérite de bousculer quelques certitudes :
• C’est l’Asie du sud le continent le plus pauvre de la planète : elle abrite 51% de la population pauvre (alors qu’elle ne représente que 29,5% de la population totale étudiée).

La région la plus pauvre de l’Inde, le Bihar, compte davantage de pauvres (95 millions) que 9 des 10 pays les plus pauvres d'Afrique.
Si le Maroc compte 9% de pauvres en termes monétaires, il en compte 28% selon cet indicateur.

Pour autant, qu’en est-il de la mesure de la pauvreté dans les pays riches ? Ce sont encore les pays les plus pauvres de la planète qui sont stigmatisés, sans permettre d’encourager les Etats les plus riches à faire de la lutte contre la pauvreté une priorité politique.
En France, la mesure de la pauvreté reste encore largement monétaire, malgré quelques tentatives d’approche multidimensionnelle *2. L’indicateur le plus répandu et le plus utilisé reste le niveau de revenu : encore récemment, l’indicateur retenu dans le tableau de bord de suivi de la pauvreté est un indicateur monétaire *3.
Derrière la pauvreté, on peut se demander ce qu’il s’agit de mesurer. Au-delà d’éléments décrivant une situation, il faudrait aussi mesurer la vitalité des processus collectifs et démocratiques. L’illusion d’un monde sans pauvres menace toujours de se transformer en un monde dont les pauvres sont exclus.
C’est d’autant plus vrai dans une économie mondialisée. C’est pourquoi la question de la place faite aux plus pauvres dans les processus décisionnels n’est pas moins pertinente que l’éducation ou l’accès à l’eau potable. Or là-dessus, nos pays riches ont beaucoup de chemin à faire. Au fond s’agit-il seulement de mesurer « la pauvreté » ou l’humanisation d’une société ?

 *1 Les huit objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) sont : réduire la pauvreté et la faim, assurer l’éducation primaire pour tous, promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, réduire la mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/Sida, le paludisme et d’autres maladies, préserver l’environnement, mettre en place un partenariat mondial pour le développement.
 *2 Telle que celle de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale, qui considère un panier de 11 indicateurs.
 *3 Le taux de pauvreté ancrée dans le temps.

Annaïg ABJEAN,
Chargée de mission

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 Le site de la MRIE :

http://www.mrie.org/

 
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