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La bouche qui mange ne parle pas

Publié le 12 octobre 2010 par Sébastien Michel
De Janis Otsiemiéd. Jigal
A partir de 14,25 € sur Amazon.fr

Otsiemi fait de la récidive ! Et comme on ne change pas une plume qui marche, l'écrivain Gabonais reprend ses bons vieux ingrédients qui lui ont valu de recevoir pour son précédent roman La vie est un sale boulot le prix du roman Gabonais. Rappelez-vous l'intrigue, Chicano, un taulard sorti du gouffre mais pas de toutes les peines dans un Libreville brûlant des bas-fonds...
La bouche qui mange ne parle pas
Ici l'heureux élu s'appelle Solo, il vient lui aussi d'être libéré, et va aussitôt se retrouver, comme son nom ne l'indique pas, très mal entouré. Mais bon sa vie, on la refait pas, « on la poursuit ». C'est donc Tito son cousin, son grand frère des sales coups, qui va le prendre sous son aile. Pas un ange, le bougre qui lui offre pourtant le ciel pour une poignée de fric. Pour laver ses crédits, il faut une bonne machine, la combine à Tito, c'est la meilleure, celle qui vous dégage irrémédiablement du trou à rats. Et puis c'est trois fois rien, voler une voiture, suivre le zin-zin au volant et empocher la bouche muette. Sauf que Solo, comme Chico avant lui, n'a pas la destinée romanesque des super-héros made in US. Son dada d'Afrique, c'est plutôt la poisse. Car l'embrouille dans laquelle il se retrouve empêtré sent plus mauvais qu'un braquage : un enlèvement de môme. Quand le corps du petit Malien est retrouvé mutilé en face du casino Croisette, Solo peut se dire que la malchance lui a une fois de plus donné rendez-vous. Au diable les marabouts et  leur vaudou sanglant pour le compte de politiciens superstitieusement fous, Solo, ce qu'il crie, c'est sa liberté sans entrave ni maléfice ! Mais le mal est fait et avec lui son cortège de remords et de souffrances à la clé...
On comprend mieux encore pourquoi les éditions Jigal ont pris Otsiemi sous leurs ailes, parce qu'il y a ces élans libertaires dans la bouche et dans les veines, un scénar de gangsters et de politicards bien crapuleux sous le soleil des tropiques, avec ce qu'il faut de lexique local pour faire un cocktail explosif.  Tiens, tiens, l'Estaque des pourris et forts à bras n'est pas si loin... Sauf qu'ici les petits voyous qui n'ont pas perdu toute honte et toute morale en prennent toujours pour leur grade, c'est pessimiste à souhait. Mais derrière ces personnages qui font tout pour se sauver, ne peut-on pas s'autoriser à y lire l'allégorie d'une Afrique qui n'arrive toujours pas, malgré ses tonnes d'énergie et de bonnes volontés, à s'extirper de son carcan ? Trève d'analyse, Otsiemi et sa langue bien pendue vous attend la plume grande ouverte...

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