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Le prix Nobel de littérature : un défenseur de la liberté

Publié le 13 octobre 2010 par Unmondelibre

Le prix Nobel de littérature : un défenseur de la libertéNicolas Lecaussin – Le 13 octobre 2010. Le Péruvien Mario Vargas Llosa vient d’obtenir le prix Nobel de littérature. C’est une excellente nouvelle pour ceux qui aiment l’écrivain mais aussi pour les amis de la liberté. Vargas Llosa a défendu les solutions libérales en économie et a été l’un des grands admirateurs de Margaret Thatcher, qu’il a d’ailleurs rencontré plusieurs fois. On peut conseiller au moins deux de ses ouvrages à lire, Les Enjeux de la liberté, des essais sur l’idée libérale et La fête au bouc, l’un des plus grands romans sur une dictature politique.

Mais on oublie souvent que Vargas Llosa a même été candidat à la présidence du Pérou. Avec justement un programme libéral. Il raconte les trois années de « vie politique » - candidature, campagne, élections – dans un livre intitulé Le poisson dans l’eau (Folio 1995). On apprend énormément de cet ouvrage, sur la société péruvienne et son « complexe social », sur le général Velasco et sa dictature militaire marxiste (1968-1980) qui avait nationalisé toute l’économie du pays, sur la pauvreté qui y régnait à la fin des années 1980. D’ailleurs, c’est en 1987, pendant le mois de juillet et à la suite d’un discours du président en exercice, Alan Garcia (qui a été réélu en 2006 mais sur un programme de centre-droite) que l’écrivain pense qu’il devrait agir d’une façon ou d’une autre : « Une fois de plus le Pérou vient de faire un nouveau pas en direction de la barbarie », les nationalisations annoncées par le président entraîneraient davantage de pauvreté, de découragement, de parasitisme et de corruption dans la vie péruvienne. Et à plus ou moins long terme, elles léseraient le système démocratique que le Pérou avait retrouvé en 1980, après douze ans de dictature militaire ».

Face à cette situation, Vargas Llosa publie le 2 août dans le journal El Comercio un article intitulé « Vers le Pérou totalitaire » et rédige aussi, à l’aide quelques amis intellectuels, un Manifeste dans lequel ils affirmaient que « la concentration du pouvoir politique et économique au sein du parti au gouvernement pourrait représenter la fin de la liberté d’expression et, pour tout dire, de la démocratie ». Le succès de ce Manifeste fût énorme. Il déclencha des milliers de réactions à travers le pays et même des manifestations dans la rue. Des listes de centaines de nouveaux adhérents apparaissaient chaque jour dans la presse non gouvernementale. L’écrivain organise avec ses amis une grande manifestation intitulée Rencontre pour la liberté qui rassemble 130 000 personnes. Un succès immense. Vargas Llosa prend la parole devant la foule qui crie « Liberté ».

Ca y est, l’engrenage est enclenché : il deviendra candidat politique pour le Mouvement Liberté. Pendant sa campagne, il défendra un programme libéral : on ne sort pas de la pauvreté en redistribuant le peu qui existe mais en créant plus de richesses, il faut ouvrir les marchés, stimuler la concurrence et l’initiative personnelle, étendre la propriété privée au plus grand nombre, dénationaliser l’économie et la psychologie des Péruviens, en remplaçant la mentalité de celui qui attend tout de l’Etat par un esprit moderne qui confie à la société civile et au marché la responsabilité de la vie économique. Un programme qui s’appliquerait très bien à la France d’aujourd’hui !

Vargas Llosa perdit les élections non pas à cause de ce programme mais parce qu’il n’a pas su se comporter en vrai politique en faisant des alliances et des calculs électoralistes inévitables pour gagner des élections. Mais le plus important est le fait qu’il ait pu prêcher la parole libérale partout dans le pays. Les Péruviens ont compris qu’il existait un autre ordre économique que le socialisme et que la Liberté pouvait être gagnée. Même si par la suite il a complètement abandonné la vie politique, Mario Vargs Llosa, ami de Jean-François Revel, restera, comme ce dernier, l’un des plus importants défenseurs de la Liberté.

Nicolas Lecaussin est directeur de développement de l’IREF.


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