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Marché de Kako

Publié le 11 mai 2007 par Argoul

The Kako market is famous in the country for recycling the corn of the World Food Program. You can change your UN aid for local products. But you have also the possibility to buy a zebu for milk or for work; it costs the price of two Chinese bicycles… Dresses are a temptation for male youth, here, more than for females. As if they were not beautiful in loincloth, feathers and necklaces only. But they are not conscious of their appearance; they prefer to be fashion victims and their desire is to buy rough jeans and tee shirts too warm for the country. I taste a glass of mango mead, quite strange and strong.

Nous repartons dans la chaleur pour une heure de route avant d’aborder le marché de Kako. L’endroit est célèbre pour troquer le maïs en sacs de l’aide alimentaire mondiale contre des denrées usuelles du coin, et pour ses ventes de zébus sous l’arbre aux palabres. Un zébu coûte 1500 birrs la bête (soit 150 euros). On mesure le niveau de vie absolu des gens d’ici même si, en relatif, le prix des choses est à l’avenant (50 centimes d’euros la bière de 50 cl par exemple). Un adolescent m’apprend qu’un vélo chinois comme le sien coûte 700 birrs, soit un demi-bœuf !

Un petit moulin, proche du marché, permet aux paysans de troquer du grain contre de la farine, ou de faire moudre ce qu’ils viennent d’acheter. Les étals de vêtements sont très observés - non par les femmes - mais par les adolescents mâles dont la plupart vont presque nus, en pagne traditionnel, colliers et plumes. S’ils savaient… Ils sont bien plus beaux dans leur nature qu’affublés de jean et autres tee-shirts bariolés trop chauds pour le climat ! L’un d’eux porte un gilet à poches directement sur son torse, créant une mode gaie et incongrue, parfois reproduite chez Jean-Paul Gauthier dans ses défilés post-Pride.

Mais la mode se moque de la beauté : elle vise la conformité à un modèle social valorisé. Il n’y a que chez nous, depuis 1968 peut-être, que la mode réhabilite le corps. Cela ne va pas sans perversité, car le corps ainsi exalté est le seul corps de la jeunesse : éphébique, androgyne. D’où les contorsions anorexiques des mannequins filles dès qu’elles prennent un peu d’âge ; et la gonflette sans rapport avec un quelconque équilibre d’activité des garçons. La mode ne met pas en valeur : elle est un théâtre des apparences qui crée un être artificiel. Le pagne, les plumes et les colliers, sur un corps noir entraîné à la course et au lancer de javelot, sont bien plus seyants que les décolletés savants des minets de Saint-Germain.

Contrairement au tableau apocalyptique que nous avait tracé J sur l’agressivité, la rapacité ou le vol en bousculade, déambuler sur ce marché et prendre des photos ne donne lieu à aucune manifestation hostile. La prise de vue reste aisée à condition de ne pas arriver en bloc, de sourire aux gens, de parler quand on vous adresse la parole, d’être ferme mais amical, respectueux de la vie locale.

La jeunesse est vigoureuse et saine, les gars à colliers, peintures à même la peau et plumes dans la coiffure, les femmes cheveux lissés à la terre rouge qui sèche en composant une suite de grains de café, le corps gracieux avant la première grossesse. Les vues sont très sympathiques à prendre au léger téléobjectif, qui permet de garder une certaine distance de respect tout en cadrant suffisamment près.

Un gamin m’observe, curieux de la technique ancienne (encore argentique) sans écran de télé sur l’appareil. Tout le monde croit se voir immédiatement, comme cela se fait désormais chez tous les touristes. Pas chez moi chez qui l’appareil à téléobjectif n’est pas encore numérique. Un adolescent, qui devait avoir 14 ans quand sont apparus les numériques, croit donc que je ne prends aucune photo de lui puisqu’il n’y a pas d’écran sur mon engin. Il se demande ce que je fais mais ne soupçonne rien. Un autre adolescent qui ne porte sur lui qu’une plume et qu’un bout de pagne, s’ébahit au contraire devant le petit écran d’Hervé, mais refuse tout de gob de se faire tirer le portrait.

Le bar du marché, dans un coin de la place, est très animé. Et pour cause, l’on y consomme force hydromel aromatisé au jus de mangue, une boisson sûre et titrant bien 8°. Le goût n’en est pas mauvais mais je préfère ne pas trop en boire par peur des conséquences intestinales probables sur nos organismes peu adaptés.

Sous le banian, alors que j’attends les autres, un petit vient tout naturellement me prendre la main, pose sa joue dessus puis la presse sur son sein. Les petites filles qui sont ses sœurs ou ses cousines sont curieuses des poils que je porte sur les bras ; elles les touchent, les caressent, les tirent. Ces gestes spontanés donnent la mesure des relations entre adultes et enfants en ce pays.


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