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Polémique low cost

Publié le 14 octobre 2010 par Toulouseweb
Polémique low costRyanair continue de susciter de violentes rancœurs.
Dčs le 11 janvier prochain, Ryanair devrait fermer sa Ťbaseť de Marseille-Provence, une violente mesure de rétorsion qui fait suite ŕ la décision de Justice l’accusant d’emploi illicite de personnel navigant. A savoir 120 personnes environ dont le lieu de travail est situé dans le Sud de la France mais qui n’en disposent pas moins d’un contrat de travail irlandais.
L’affaire –une bataille judiciaire- est moins simple qu’il n’y paraît ŕ premičre vue, les personnels concernés relevant d’une catégorie particuličre, celle des Ťtravailleurs mobiles de transportť. De toute évidence, de ce fait, il y a matičre ŕ interprétation, ce qui explique notamment la déception de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille, de nombreux élus locaux et, bien sűr, de la direction de l’aéroport. De plus, si les consommateurs étaient en mesure de s’exprimer d’une seule voix, ils n’hésiteraient certainement pas ŕ prendre parti pour Ryanair. Laquelle assure l’essentiel du trafic de l’aérogare low cost MP2 en y faisant transiter non moins d’un million sept cent mille passagers par an. Ils empruntent vingt-trois lignes qui quadrillent l’Europe et permettent aussi de rejoindre des destinations d’Afrique du Nord.
Le fond du problčme est qu’il s’agit d’un affrontement fondamental sur le front des compagnies ŕ petits prix et, qui plus est, de Ryanair. Laquelle, ŕ travers la forte personnalité de son directeur général, l’arrogant Michael O’Leary, applique une stratégie qui ne connaît pas le discernement et moins encore la diplomatie. Tout au contraire, portée par une vague extręmement puissante de consumérisme, Ryanair bouscule jour aprčs jour le transport aérien européen tout entier, se moque des conventions, ignore les valeurs du passé et, tout au contraire, menée par O’Leary, prend plaisir ŕ provoquer les compagnies traditionnelles, loyalistes, ŕ commencer par Air France.
Cette derničre apparaît de plus en plus comme une vieille dame BCBG, trčs respectable, dont la bonne éducation est profondément ébranlée par les méthodes parfois antipathiques d’une équipe d’Irlandais ambitieux qui parlent mal et ne portent jamais de cravate. Il serait néanmoins faux d’affirmer qu’Air France et ses collčgues de l’ex-cartel IATA n’ont pas vu changer le monde. A Roissy, analyses des concurrents low cost, études statistiques et autres réflexions stratégiques remplissent une bibliothčque entičre. Ce qui n’empęche pas le retard coupable avec lequel Air France et d’autres tardent ŕ reconnaître que la génération O’Leary est lŕ pour longtemps, les pieds dans le ciment. Il est devenu tout ŕ fait inutile d’accuser Ryanair, EasyJet et leurs émules de ne pas jouer le jeu, de casser le systčme : les temps ont changé, profondément changé, plus de 30 ans aprčs l’apparition et la généralisation de la déréglementation.
D’une certaine maničre, cette nouvelle polémique était inévitable en męme temps qu’on devine d’ores et déjŕ qu’elle n’aboutira ŕ rien. Ryanair, en effet, bénéficie d’une position exceptionnellement forte, grâce ŕ ses 75 millions de passagers annuels et un taux de croissance solide qui ignore superbement les caprices de la conjoncture. La vérité toute crue est qu’elle peut se passer des passagers de MP2, en tout ou en partie, parce que d’autres clients potentiels attendent leur tour de voyager low cost, ailleurs en Europe.
O’Leary, homme pressé, n’a gučre envie de se lancer dans une procédure judiciaire qui, disent les spécialistes, pourrait durer deux ans et demi. Aussi a-t-il choisi de repositionner ses 737 marseillais sous des cieux plus cléments. L’affaire n’est évidemment pas terminée pour autant, d’autres développements sont d’ores et déjŕ annoncés, le spectacle va continuer. A terme, il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu. Tout au contraire, il y aura consensus pour enfin admettre que le transport aérien est entré de plain-pied dans une čre nouvelle. Du point de vue des grands anciens, il faudra relire Darwin, s’adapter ou disparaître.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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