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Vers l’Islande

Publié le 17 octobre 2010 par Argoul

L’Islande, pays de la glace et du feu, est une partie émergée du rift océanique qui sépare les plaques tectoniques eurasiatique et américaine. Le magma qui pulse éloigne l’Amérique de l’Europe à la vitesse de 2 cm par an. L’île de 103 000 km² est un plateau volcanique aux côtes profondément entaillées de fjords. Bien que située sur le cercle polaire, le climat est tempéré par l’océan, là où meurt le Gulf Stream.

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Les moines cherchaient des lieux déserts pour vivre en ermites et l’Islande est mentionnée pour la première fois dans les écrits par l’irlandais Dicuil en 825. La société norvégienne changeait, devenant plus hiérarchique et plus centralisée pour faire face à la pression de Charlemagne au sud. Il avait annexé la Frise en 770 et s’était attaqué à la Saxe. Les Norvégiens réfractaires à cet autoritarisme, qui voulaient préserver la relative égalité des chefs de clans, sont partis coloniser l’Islande. Le premier hivernage a eu lieu en 865 et le peuplement dès 870 sur le site de l’actuelle capitale Reykjavik. Il est dit que le chef de clan a jeté les bois de son trône à la mer et a suivi les courants pour s’établir là où ils touchaient côte. Ce serait bien dans le pragmatisme viking que cette loi d’efficacité : le moindre effort pour rentrer chez soi, même s’il n’y a pas de vent, la mer vous poussant le knorr sans voile ni rames.

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Pâturages et pêche étaient les principales ressources des colons, venus pour échapper au pouvoir royal qui se faisait insistant en Norvège. Céréales et bois seront toujours importés. Les chefs étaient accompagnés de clients et d’esclaves celtes, razziés dans les îles britanniques lors des raids vikings. Le ‘Livre de la colonisation’ au XIIe siècle (Landnamabok) énumère 400 chefs et plus de 1000 immigrants venus avant 930. Erik le Rouge, banni d’Islande, a colonisé le Groenland à partir de 985, terre aperçue pour la première fois vers 900. L’un de ses fils, Leif l’Heureux, allait explorer le Vinland sur la côte canadienne. Lucien Musset, historien spécialiste du monde nordique ancien, estime la population de l’Islande médiévale à 30 000 personnes environ et celle du Groenland à 3000 seulement. Jules Verne, dans ‘Voyage au centre de la terre’ évalue la population à 60 000 personnes en 1863. Les habitants sont un peu moins de 320 000 aujourd’hui.

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Le pays, au relief tourmenté, se découvre en 4×4 et à pieds. J’ai donc voulu partir avec Terres d’Aventure en 1987, l’un de mes premiers voyages. Las ! Le circuit était complet et je me suis retrouvé en Norvège. J’y ai rencontré Éliane, qui m’a entraîné à Katmandou l’année suivante. L’Asie m’a séduit et je l’ai arpentée longtemps. Mais je n’ai pas oublié l’Islande. La crise financière et l’endettement faramineux des banques du pays, la paralysie du trafic aérien au printemps par l’éruption du volcan au nom qui n’est imprononçable que pour ceux qui ne veulent faire aucun effort. Eyjafjallojökull  se dit éyafialayeukoul ; c’est un peu long mais parfaitement formulable.

Le souvenir de Jules Verne m’a fait choisir le circuit intitulé ‘Voyage au centre de la terre’… Pas de descente en cratère pour ce trek islandais, ni même d’ascension du Snaeffels, cher à Alex, 18 ans en 1863 dans le roman de Jules Verne. Mais un circuit en boucle qui suit les fjords de la moitié ouest de l’île en revenant par les glaciers du centre et les cascades du sud. Falaises en trapp où nichent les macareux, longues plages de sable noir, coulées d’obsidienne dans les monts centraux, prés vert et jaune, plateaux désertiques, flots gris orage – le paysage est contrasté et le circuit en parcourt la palette en deux semaines.

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Un mois d’août, me voici donc à Roissy, au terminal anarchique et encombré d’où partent les charters. Il pleut et les grands départs rendent tout déplacement très lent. Au comptoir d’Islande, familles, jeunes couples, ados et retraités partagent la queue. L’enregistrement d’à côté, pour le Maroc, voit des enfants petits, déjà en tongs et débardeurs et prêts pour la plage. Dans la queue d’Islande, les vêtements sont polaires et les passagers plus âgés. J’aime à attarder mon regard sur les teints frais des filles émoustillées par le départ comme par leur copain musclé à côté ou par la perspective de rencontres en vacances. Un vieux couple derrière moi râle déjà de tout ce qui ne va pas comme ils veulent. Un père barbu emmène ses deux garçons de 15 et 13 ans pour une semaine découvrir ‘L’âme islandaise’, un autre circuit Terdav. Lui a l’apparence d’un instituteur et les gamins sont tout maigres mais jolis de visage. Une autre famille réuni les parents dans la trentaine, un Martin bronzé de sept ans et sa petite sœur. Une mère seule emmène son adolescent de 14 ans à la crinière de lion.

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La compagnie est l’Iceland Express, un charter minimal aux avions loués qui ont plus de vingt-cinq ans, les sièges écrits encore en hébreu pour avoir appartenu à El Al. Pas de repas servi, tout est payant, les boissons à 2€, 5€ si elles contiennent de l’alcool (très taxé en Islande), le sandwiche mou à 8€. Évidemment, tous les liquides et toutes les pâtes sont interdits à l’embarquement, même le beurre de la tartine ! Il faut payer à la sandwicherie du terminal ou payer dans l’avion. Un film à la gloire des minorités hispaniques américaines passe sur les écrans, mais il faut débourser plusieurs dizaines d’euros pour avoir l’écouteur. Je me contente de ne rien prendre du tout. Il n’y a heureusement que trois heures de vol.


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