Suite à la note d'hier, une amie a voulu réagir et je publie ici son texte, plus précis et technique que le mien :
Le mouvement IADE a débuté depuis mars 2010 suite au protocole Bachelot de février 2010 (Les fausses déclarations faites par notre cher ministre furent nombreuses !)
Certes ce mouvement concerne les IADE, mais les conséquences du protocole vont avoir des répercutions sur tout le personnel paramédical et sur la population en général.
FACILITER L'ACCÈS AUX SPÉCIALITÉS PARAMÉDICALES ? :
Je suis infirmière anesthésiste diplômée depuis 2008. Pour accéder à cette spécialité, j'ai passé un concours (après avoir travaillé 6 ans comme infirmière) puis fait 2 années intensives d'école avec 700 heures de cours théoriques et le reste du temps en formation pratique dans les blocs opératoires.
=> Mais d'après Mme Bachelot, nous n'avons pas assez de cours théoriques pour être reconnus au niveau master, et avoir ainsi la classification qui nous est dûe au regard de nos années d'études !!!
D'autre part, selon son protocole que nous propose le ministère (p 21): « sera mise en place en priorité, pour les agents pouvant y prétendre, l'ouverture à la validation des acquis de l'expérience des diplômes d'infirmier spécialisé de bloc opératoire, de puéricultrice, d'infirmier anesthésiste et de cadre de santé ».
=> Mais « en priorité » cela signifie "non exclusivement" donc cela concerne n'importe quel agent pour n'importe quelle spécialité !!!
Cette validation des acquis ( VAE ) va débuter pour toutes les spécialités ce qui ne va pas sans poser certains problèmes, sans laisser en tous cas quelques questions en suspend:
-Quid alors des cours universitaires ?
-Disparition des concours d'entrée , ce qui enlève une sélection ?
-Y aura -t-il des stages pratiques?
-La durée et le contenu des modules universitaires?
-Est-ce la disparition des formations telles qu'on les connait?
-A cette facilité d'accès aux spécialités paramédicales s'ajoute la fin des mises en situation professionnelles pendant les études d'infirmières (sans parler de la disparition de l'examen en fin d'études, déjà effectif).
=> Cette diminution des sélections facilite l'accès aux diplômes et donc ne peut que poser des questions sur la formation effective de nos futurs collègues et donc de nos/vos futurs soignants : Comment et par qui allons-nous être soignés demain?
INCERTITUDE FACE AU PASSAGE EN LICENCE ET MASTER :
Mme Bachelot a dit "régulariser une injustice" en donnant aux
IDE diplômés à partir de 2012 la licence (BAC + 3)
Ndlr : c'est une partie du protocole d'accord avec les infirmiers concernant les études et la carrière
Cependant d'autres questions restent en suspend :
-Qu'en est-il pour les IDE déjà diplômées?
-Auront-elles aussi la licence et à quelles conditions?
=> Le master n'est donc pas encore acquis pour les professionnels spécialisés malgré nos compétences et notre niveau d'étude ( IADE= BAC +3 + 2 ans = Bac + 5 non?), donc les infirmières seront considérées comme niveau licence mais celles qui poursuivent leurs études après ce diplôme ne verront pas leur travail reconnu et restent au même niveau ??? ( D'ailleurs Mmes les puéricultrices et les infirmières de bloc, pourquoi ne vous battez-vous pas avec nous pour obtenir votre master ! ? )
DEPART A LA RETRAITE RETARDE :
Dans son protocole Mme Bachelot parle d'une "revalorisation des grilles indiciaires et du passage en catégorie sédentaire".
Ndlr : Dans son accord RB propose de payer un peu plus les ide mais en reculant l'age de la retraite.
Ndlr2: La blague est quand même qu'entre la proposition faite et aujourd'hui l'age de la retraite (sauf virement surprenant) a déjà de fait reculé pour tous et part aux calanques grecques pour celles qui voudront signer.
-Cette revalorisation salariale est faible par rapport aux 5 années supplémentaires à travailler( et 7 ans pour les diplômé de 2012) avec un allongement des cotisations (de 39 à 41 ans).
-A savoir : L'espérance de vie d'une infirmière est inférieure à celle d'une femme française, et une IDE sur 4 part à la retraite en invalidité.
=> Ce ministère ne nous fait aucun cadeau avec le changement de la grille indiciaire mais gagne de l'argent, son seul but est de faire des économies, quel qu'en soit le risque pour notre santé, voire de nous forcer à prendre des retraites anticipées (en créant des conditions pour un taux plein inatteignables) pour ne jamais nous payer ce qui nous sera dû...
PENIBILITE DU TRAVAIL :
-Lechangement salarial se fait à condition de vouloir passer en catégorie sédentaire et refuser la catégorie active !
Ndlr : c'est une partie de l'accord les infirmières reconnues bac+3 passeraient de la catégorie B "active" à la catégorie A "sédentaire" ce qui a une influence importante sur la considération de la pénibilité et la retraite.
-Selon eux, nous sommes sédentaires malgré : le travail de nuit, les repas pris sur le pouce, les mauvaises conditions de travail vu le manque de personnel. Votre travail devient aussi pénible que celui des employés de bureau ! ? ? ?
-Si vous refusez ce changement de catégorie, les jeunes diplômés seront mieux payés que certaines d'entre vous.
Face à un ministère méprisant, qui a envoyé les CRS lors de notre dernière manifestation du 1er octobre faisant 30 blessés, 15 arrestations et 3 collègues devant les tribunaux(Passez donc surhttp://blouseblanche.fr/ afin de signer la pétition pour les soutenir) nous multiplions donc les actions pour nous faire entendre et faire valoir nos et os droits. En effet ce ministère a oublié une question cruciale : Qui les surveillera lors d'une anesthésie et qui viendra lorsqu'ils appelleront le 15 ???
La presse ne relayant pas ces informations : la population n'est absolument pas au courant de ce que va devenir leur système de santé ! Alors les IADE sont en colère ! Pour eux et pour leur patients !
J'espère que ce récapitulatif vous alertera suffisamment.
Informez-vous sérieusement, analysez ce qu'on vous dit et faites entendre vos voix.
Audrey,une IADE