Magazine Politique
L'éditorial du Monde daté du 21 octobre et signé par Eric Fottorino est d'une saveur amère. Alors que le quotidien du soir suit de près le mouvement social sur les retraites et dissèque ses conséquences parfois avec talent (les analyses de Michel Noblecourt sont toujours lues avec intérêt par les acteurs de la chose sociale), que son édition en ligne affiche en temps réel l'état des mobilisations lors des journées d'action, voilà que le patron du quotidien pleurniche à qui veut l'entendre que la presse quotidienne nationale est prise en otage par des "éléments minoritaires et incontrôlés de la CGT" en ne pouvant pas paraître lors des journées d'action. S'en suit une vision apocalyptique où la PQN étranglée par ces grèves à répétition, laisse la place à une presse de copier-coller et à des sites web plus ou moins bien informés et objectifs, où les kiosques n'ayant plus de pitance ferment les uns après les autres etc. Que le titre vespéral souffre des ces non-parutions répétées est une chose entendue. Comme d'autres entreprises. Pendant que sa rédaction assure le suivi au jour le jour d'une actualité sociale chargée, le président du directoire s'offre un petit éditorial de petite entreprise centrée sur ses petits intérêts et vitupérant contre ces salauds de grévistes. Symbole de cette frayeur (et de la césure entre la direction du groupe issue d'une crise interne et sa rédaction), alors que l'un des deux cortèges parisiens défilait boulevard Blanqui mardi dernier, le siège du Monde avait baissé ses grilles, à la grande tristesse d'un journaliste du quotidien défilant avec son syndicat...