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De l'intérêt des coopérateurs

Publié le 23 octobre 2010 par Bix

Beaucoup de militants un peu chevronnés vous le diront : il arrive souvent que les nouveaux arrivants dans les partis soient déçus.

La création du statut de "coopérateur" chez Europe Écologie - Les Verts répond en partie à cette problématique de la déception du nouveau. Mais laissez-moi vous raconter une histoire... celle de l'arrivée du nouveau militant dans un parti, au hasard les Verts.

Souvent, les nouveaux militants arrivent avec plein d'envies et de motivation en rapport avec le fond, le contenu des programmes, les actions à mener. Du concret en somme, de l'action partisane, en direction de la population, des électeurs...

Hélas, trois fois hélas, bien souvent les nouveaux militants débarquent en réunion pour ne rien trouver de tout ça. Café un peu glauque, salle polyvalente derrière la mairie d'un village, salle de mairie intimidante... loin très loin des ors républicains. Un ordre du jour qu'on pourrait caricaturer comme suit :

  • tour de table pour se présenter (alors que la prise de parole est une habitude à prendre, habitude que n'a pas forcément le nouveau),
  • point sur la situation locale (avec un élu municipal si le nouveau militant a de la chance) ou débat sur les prochaines élections au sujet des candidatures,
  • discussion sur de l'interne genre le prochain congrès ou l'article du JDD / Le Parisien / Ouest-France / DNA (au choix) qui met en scène un ponte localo-national.

Un débat sur la biodiversité ? Une formation sur les paradis fiscaux ? Il n'en sera jamais question. En effet, les réunions de groupe local se concentrent généralement sur de l'organisation, de la logistique. De l'interne bien lourd.

Corollaire de cette prégnance de l'interne, le nouveau est, au choix :

  • soupçonné d'être ambitieux et de vouloir prendre la place des "dirigeants" présents[1], le nouveau sera mal accueilli, voire ignoré, délaissé ;
  • vu comme porteur de mandat potentiel, il sera faussement choyé et quasiment manipulé pour bien voter aux congrès et AG locales.

Tout ça, bien sûr, alors que c'est absolument l'inverse que ce que le nouveau militant venait rechercher, à savoir du militantisme pour des idées et/ou les personnes qui les portent. Cette déception du militant, c'est ce que j'ai principalement retenu des personnes passées en coup de vent, lors de la vague d'adhésions en 2002 par exemple.

Il y a eu tout un débat pendant le processus de pour savoir quels devaient être les droits des coopérateurs par rapport aux adhérents du parti stricto-sensu. Pour ma part, j'ai toujours défendu les adhésions différenciées[2] avec notamment un texte de contribution au débat (4 statuts différents !).

Qui dit statuts différents dit droits différents et devoirs différents.

L'intérêt du (statut de) coopérateur, ce n'est pas de créer de la chair à canon militante pour aller coller des affiches ou distribuer du tract le dimanche matin par moins 2, encore moins servir de bras pour porter des votes en congres. C'est avant tout permettre à des personnes d'adhérer à des valeurs et d'être protégées du fonctionnement interne inhérent aux partis.

L'intérêt de proposer à des gens d'être coopérateur, à savoir simplement formaliser un statut de sympathisant, c'est de permettre à des gens de ne faire que ce qui leur plait dans la politique, c'est-à-dire militer concrètement, que ça se traduise par le collage d'affiche ou la participation à l'organisation d'évènements comme des réunions publiques.

On pourra nous railler en nous accusant de créer un parti de supporters, je préfère ça à un club d'apparatchiks. D'autant que rien n'interdit au "coopérateur" de franchir le pas de l'adhésion au parti stricto-sensu, dans le délai qui lui convient. On peut même imaginer des allers-retours, ce qui nous épargnerait les démissions du parti pour d'obscures raisons internes sans espoir de retour.

Donc, de grâce, ne transformons pas les coopérateurs en adhérents-bis, ce serait une grosse et grave erreur et nous ferait manquer une des principales innovations que nous portons actuellement.

Notes

[1] soupçon renforcé dans les petits groupes locaux de moins de 10 personnes, où la bascule est si facile à faire...

[2] Après plusieurs années d'incompréhension de ma part face aux personnes qui ne voulaient pas adhérer à un parti par simple refus de la chose politique.


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