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pourquoi "les mots plastiques" ?

Publié le 11 septembre 2010 par Raphaelec

Sur Trottoir bleu, le blog que je partage avec Emmanuelle Vial, au gré des commentaires, j’ai pris l’habitude d’échanger à propos de sujets artistiques qui me tiennent à cœur. Cette réflexion, je voudrais la poursuivre et l’enrichir ici, dans une espèce de journal d’atelier.

Voilà bien un paradoxe, et presque une contradiction : en effet, si j’ai choisi de créer des images, c’est assurément parce que j’estimais que le mot ne pouvait me convenir comme médium : il s’insère dans un système discursif, ce que Saussure appelle la chaine des signifiés. La première conséquence en est que le langage ne se comprend qu’avec du temps, le temps de lire, le temps d’écouter. A contrario, l’image se donne à voir d’un seul coup d’œil, en un instant. Elle fait appel d’abord directement à nos sens et suscite normalement une émotion esthétique. Je dois avouer au passage que c’est une des raisons pour lesquelles l’art conceptuel me laisse froide… Il faut réfléchir avant d’apprécier. Devant une toile, je suis émue (ou pas…) d’abord, puis je peux éventuellement ensuite me demander pourquoi.

Mais surtout le mot est pour moi une espèce de filtre que nous plaquons sur la réalité, qui nous empêche de la voir telle qu’elle est. Ainsi quand nous passons à côté de la table de la cuisine, nous ne la contemplons presque jamais pour elle-même : elle est transparente, elle sert, elle est utile, pour s’y appuyer quand on mange, mais elle n’a la plupart du temps pas d’existence propre… je voudrais réhabiliter les tables, tous les objets de notre quotidien, repeupler ce monde fantomatique qui se contente d’être désigné…

Alors pourquoi tout ce bavardage ? Et bien justement car j’aime forcément me contredire ! (une des bonnes façons de lutter contre les mots, avec les oxymores, que j’apprécie tellement-voir la définition-)…Et puis, même s’il y a deux moments où devant une image rien n’est mieux que  silence : le temps où on la crée, le temps où on la regarde, il reste que chaque fois que je prends un pinceau, que j’appuie sur le déclencheur, j’opère des choix, et que de cela on peut discuter.




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