Ok. Ceux qui me connaissent savent. Ceux-là, prenez-donc le temps d’écouter Dan au complet. Plus de 10 ans déjà. Et je me souviens de ça aujourd’hui. J’avais besoin d’automne. De feuilles mortes. Et de calme. J’avais besoin de replonger dans mes souvenirs. Faire mon sacro-saint bilan de l’année. Parce que moi je fais ça en automne. Et comme novembre approche, j’angoisse. Et quoi de mieux qu’aller se promener dans la forêt berlinoise? Alors c’est avec mon cahier, un livre et Daniel dans les oreilles que je pars pour Grunewald et Teufelsberg (Montagne du Diable, en allemand. Tsé moi les signes de la vie, je les prends pas à la légère…)
Ya rien comme sentir la nature mourir. L’odeur de la terre humide. De la décomposition. Et les sentiers. Et la lumière d’octobre.
Ya rien comme marcher dans les feuilles mortes pour penser au passé. J’aime tellement les réactions chimiques. La fermentation. La combustion. La corrosion. Le vieillissement cellulaire. Le temps passe, mes amis. Et je change pas. Enfin, pas vraiment. Toujours aussi intense. Toujours la même maudite tête de cochon. Toujours aussi folle. Je revois ma vie. C’est tout le temps la même maudite affaire. Tous les ans. Mais là, je suis loin faque c’est différent. J’ai pas vraiment le choix de faire mon bilan toute seule. Pis me regarder aller. De réécouter les paroles de la chanson “Deviens-tu c’que t’as voulu?” de Dan Boucher et je me dis que ça sonne pas pareil pentoute dans mes oreilles aujourd’hui. Oh my God! Et là, je freake. Parce que je vieillis. Mal ou bien je le sais pas vraiment. Mais je sais que le temps laisse sa marque. Que je me voyais à telle place à mon âge. Que j’aurais écris 3-4 romans ou pièces de théâtre. Que j’aurais fini ma maitrise. Que je serais amoureuse. Que, que, que…
Pis là, je me rends à l’évidence. Encore une fois, je suis lente. Calvaire! 10 ans plus tard dans les maritimes. Sérieux. J’ai comme eu un coup au coeur. 10 ans plus tard, j’écoute 10 000 matins. J’y suis presque à 10 000 matins. Et ces maudites paroles qui me reviennent dans la tête:
“J'sais pus quel bord aller
J'ai trop voulu chercher, pis courir
Pis attendre avant d'écrire
De peur de barbouiller
(…)
Emberlificotaillé, rien qu'à voir
Que c'pas d'même partout
J'me sens jaloux
Comme un riche malade qui a peur d'la mort
Peureux chez nous
Peureux dans mes trésors
La peur, la jalousie
La peur de rester pris, d'être oublié
La chienne de voir les autres me dépasser”
Bref. Vous avez compris. Comment ça se fait que j’étais intense de même à 17 ans moi ??? Et je repense à moi. Et à mes amis. Mes amis, vous êtes encore tous là. De nouveaux se sont rajoutés. Mais vous autres, mes vieux amis, mes vieux de la vieille, ma gang de malades, vous êtes encore là. Dans ma vie. 10 ans plus tard. Et je me rends compte que “ya le temps passe, juste en face, de l’autre bord”, comme dirait Vallières. Pis en ce moment, c’est l’automne. Bon. Moi je suis triste l’automne. Des fois. Pas tous les jours. Mais je suis plus sujette à la bipolarité, disons. Et je me dis que l’automne c’est le temps de la récolte. Heu… Je suis censée récolter quoi, moi, cette année? La question est surtout, mais kessé que j’ai semé? Hum. J’ai lancé plein d’affaires dans l’univers. Mais semer… C’est un bien grand mot.
Et pendant ma ballade, je me suis rendue compte qu’il y avait des érables. Que je marchais dans le bois. Que c’était un peu comme le parc des 7 chutes, mais moins les chutes. Pis plus la ville. Avec beaucoup plus d’histoire. Et sans le sirop d’érable. Mais quand même. L’automne. L’odeur reste la même. Partout. Des feuilles mortes, ça reste toujours ben des feuilles mortes. Pis j’ai oublié pendant quelques heures que j’étais loin. Pis que dans le fond, je me sentais comme chez-nous ici.
J’ai reçu un courriel aujourd’hui –après ma ballade automnale- qui m’a beaucoup fait réfléchir. Qui m’a inspiré ce billet. Faudrait que je me remette à écrire. Sérieusement. Et de manière sérieuse. Sérieux. Mais chu tellement paresseuse. Et aussi je pense parce que je commence à être heureuse. Dans le fond. J’écris juste quand ça va mal. Faudrait j’en profite là. Je suis sur une lancée. Pis j’aime tellement ça exagérer…
Enfin bref. La nuit tombe, y fait frette, je dois rentrer. Mais j’aime tellement les espaces transitionnels. Je pense que je vais faire une thèse là-dessus. Ou comment passer d’un lieu à l’autre. D’un état à un autre. De solide à liquide. Mais le plus fascinant c’est la sublimation. N’est-ce pas?
Et j’ai une pensée toute particulière pour ma petite soeur. Que je serre très fort dans mes bras. Un immense câlin d’amour. Et une poignée de main de soeur. Tu me manques. Tu es le jour et moi la nuit. Toi l’ange, moi le démon. La téquila et le citron. On se complète si bien!