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Propos sur le livre « Confusion d’une musulmane » de Olfa Youssef

Publié le 25 octobre 2010 par Maitre_zaz

Le livre de Olfa YOUSSEF « Confusion d’une musulmane » a fait couler beaucoup d’encre et cela continuera encore. Elle remet en cause toutes les interprétations et toutes les lectures du Coran ainsi que celles de la Sunna, tout en posant des questions intéressantes, sérieuses et amusantes par moment.
Ce ne sont pas des questions qui cherchent forcément des réponses mais incitent les esprits à chercher plus loin ; elles rappellent que certes le Coran est valable pour tous les temps et tous les espaces, ce qui n’est pas le cas des interprétations humaines qui reflètent en général des convictions personnelles, temporelles, et assujetties elles-mêmes à interprétation et critique qui ne pourront jamais égaler le sacré.
Olfa YOUSSEF, dans son livre revoit les questions de l’héritage, du mariage et de l’obéissance de la femme envers son mari, ainsi que la vie sexuelle dans la société musulmane.
D’une manière intelligente et incontestable, s’appuyant sur des textes coraniques et invoquant les multiples contradictions et confusions dans lesquelles se trouvent souvent « rijèl eddine », elle a osé démontrer que la « chariâa » a été mise en place par des hommes pour satisfaire leurs égos et maintenir leurs pouvoirs dans les sociétés patriarcales.
Étant donné que les femmes musulmanes ont toujours été exclues de la société et éloignées de toute réflexion possible. Elles ignorent les droits qui leurs ont été octroyés par l’Islam, ce qui fait que la plupart du temps elles acceptent des discriminations supposées êtres imposées par Dieu, alors qu’en réalité il ne s’agit que de simples interprétations humaines maintenues « sacrées » avec le temps.
Les traditions et les innovations ont pris le pas sur les vrais enseignements Islamiques (Coraniques), et où les femmes sont traditionnellement soumises et oppressées.
En matière d’héritage la femme hérite seulement de la moitié de ce que peut hériter un homme, les « chouyoukh » justifient cela par : le fils est responsable d’une famille, tandis qu’un mari prend soin de la fille. Ceci est un préjugé courant chez les musulmans, même les plus modernes parmi eux ne veulent pas renoncer à cette règle, pourtant le quotidien nous prouve que la femme participe à toutes les dépenses et des fois plus que le frère ou le mari.
Le Coran donne aux parents une totale liberté de donner à leurs enfants autant qu’ils estiment convenable, même si cela signifie donner le double aux femelles de ce que les mâles obtiendraient. Le Coran, cependant, commande que si aucun testament n’est laissé, alors les biens sont distribués de telle manière que le fils obtienne le double de ce que la fille obtient. Cependant, le Coran recommande de laisser un testament, pour que tout soit conforme aux contextes spécifiques du décédé. Par exemple, si le fils est riche et la fille est pauvre, on peut laisser un testament donnant tout à la fille, ou deux fois plus que le fils.
Le Coran fournit toutes les preuves possibles pour démontrer que l’homme et la femme sont égaux à la vue de Dieu, et traite les deux genres de la même manière.

En matière de mariage et de divorce, on constate aussi l’absence du rôle actif de la femme. En s’appuyant sur certains versets coraniques comme : « Les hommes ont la prééminence sur les femmes »180. « Le mariage est la moitié de la religion ». « Mariez les célibataires d’entre vous »181. « Vos femmes sont un vêtement pour vous, et vous êtes le leur. « Voyez vos femmes dans le désir de recueillir les fruits qui vous sont réservés »182. Ainsi, la femme est-elle faite pour l’homme. Le fameux El Ghazali a commenté crûment ces versets, pour lui le plaisir sexuel que les femmes procurent est pour l’homme « le délassement qui chasse la tristesse et repose le cœur». Donc pour lui l’unique rôle que la femme peut avoir dans un mariage est la procréation et la satisfaction des désirs des hommes.

Comment peut-on croire à l’inexistence du plaisir féminin (orgasme) en l’absence du phallus? C’est encore une fois nier l’existence de la femme et la réduire à un simple objet d’assouvissement du plaisir sexuel de l’homme, et pourtant la femme peut avoir un plaisir sans la participation de l’homme par la masturbation par exemple.

Olfa YOUSSEF, a aussi parlé d’un sujet qui évoque le dégout : l’homosexualité, un sujet tabou, vis-à-vis duquel l’incompréhension et la méconnaissance donnent lieu à toutes sortes d’opinions. Le Coran aborde l’homosexualité entre autres en condamnant le peuple de Loth
(Peuple de Sodome et Gomorrhe) dans leurs pratiques sexuelles.
Ainsi dans la Sourat An-Naml (Les fourmis) versets (54-57) Loût, quand il dit à son peuple: « Vous livrez- vous à la turpitude alors que vous voyez clair;". [54] Vous allez aux hommes au lieu de femmes pour assouvir vos désirs? Vous êtes plutôt un peuple ignorant. » [55]

Et comme l’auteur l’a bien démontré, la femme est toujours absente, comme si l’homosexualité concernait les hommes sans les femmes. Surement, encore une fois, à cause de l’absence du phallus sans lequel l’homme ne peut imaginer un acte sexuel, et encore moins un orgasme.

Je voudrais donner mon avis sur ce sujet en particulier : Contrairement à l’homosexualité féminine (lesbiennes) où les femmes ont des rapports sexuels d’égale à égale, chez les homosexuels hommes (pédérastes) il y a ce qu’on appelle l’actif (celui qui pénètre) et le passif (celui qui se fait pénétrer). Je parle de ce détail pour montrer à quel point l’homme peut être vicieux, en considérant péjorativement comme homosexuels les partenaires passifs alors que les actifs développent une réputation de virilité débordante qui leur apporte la considération et l’estime des autres parfois. Donc ce n’est pas l’homosexualité que l’homme rejette mais le fait d’avoir le rôle passif qui est « normalement » réservé à la femme objet. L’homosexualité féminine aussi, dégoute l’homme jusqu’à l’ignorer, car dans cette relation il ne peut voir autre chose que l’acte sexuel en lui-même, ainsi les relations entre deux femmes pour lui se résument dans la plupart des cas, à des simples rapports d’assouvissement des besoins sexuels. Les sentiments sont ainsi discrédités et révoqués, et donc tout autre cadre de vie en commun, en couple est complètement exclus.
L’homosexualité représente 10% de la population mondiale pour ceux qui ne se cachent plus, Et on peut compter 15 et 17% au total. Certaines coutumes ou religions ou même lois, dans certains pays dont les nôtres obligent au silence et au secret, mais ne le renions pas, ils existent naturellement même si la ;" normalité ;" créée par l’Homme les rejette. S’ils sont là, c’est que Dieu l’a permis. Et si Dieu a permis qu’ils soient sur la terre auprès de nous tous, je ne pense pas que ce soit pour qu’on ait de la haine pour eux. Dieu a voulu que les êtres soient différents, certainement pour nous apprendre à aimer plus que nous-mêmes.
Je veux dire aussi à ceux qui parlent au nom de Dieu, que c’est la ségrégation qu’ils imposent entre les sexes et l’interdiction de tout rapport avant le mariage, qui renforcent cette tendance.

Pour revenir au sujet du livre et essayer de trouver des réponses aux questions de la musulmane confuse, faut-il une réforme totale sur l’interprétation des textes ?
L’Islam abstrait et pur n’existe pas. Parce qu’il est dépendant – par l’interprétation comme par les pratiques – de ce que les gens en font. Il ne faut jamais oublié que ceux qui interprètent sont des humains qui peuvent être influencés par des faits psychologiques, tel l’état d’esprit, avec quelle activité mentale le lecteur aborde-t-il et comprend-il le texte ? Ou Sociologiques comme la culture, l’éducation, le milieu du lecteur affectent-ils sa manière d’interpréter le texte ?
De ce fait, il ne peut pas y avoir une interprétation unique d’un texte, une signification unique et vraie du Coran comme peuvent le croire certains, mais il existe une multitude d’interprétations et de significations qui doivent pouvoir faire débat. On ne doit pas non plus nous laisser envahir par le passé. Or dans l’Islam contemporain on remarque cette idéalisation permanente du passé, et si le présent est souvent critiqué, en revanche le passé est toujours justifié. Cela témoigne d’un grand manque de confiance en soi et dans les temps présents.

Aucune lecture ne pourra jamais prétendre avoir clos l’interprétation du livre ! Je dis ceci et je termine avec une citation que j’aime beaucoup de l’Emir Abdelkader, et qui sera ma réponse à tous les détracteurs : « Dis à celui qui considère ses contemporains comme du néant et donne la prééminence aux Anciens: Cet Ancien a été un Moderne en son temps et ce Moderne deviendra un jour ancien ».

Zahira DRIS



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