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Les journalistes français devraient prendre des cours d’histoire des idées… et d’anglais

Publié le 25 octobre 2010 par Lecriducontribuable

Deux articles de presse parus récemment confirment aux lecteurs qui l’avaient remarqué que les journalistes français ne connaissent pas toujours bien les courants de pensée qu’ils veulent critiquer, surtout lorsque ceux-ci sont nés outre-Manche ou bien outre-Atlantique. Les journalistes parisiens paraissent alors « perdus dans la traduction », pour paraphraser le titre d’un film de Sofia Coppola. Car la traduction des concepts politiques est périlleuse.

Ainsi, la correspondante du Figaro aux États-Unis, Laure Mandeville, écrivait dimanche un nouvel article au vitriol sur le mouvement des « Tea Parties ».

Deux confusions de taille dans le corps du texte. Elle fait témoigner un Américain qui se plaint de ce que le gouvernement américain a eu une « politique beaucoup trop libérale », ajoutant : «L’État ne peut se substituer aux individus et leur assurer à tous la réussite. C’est normal qu’il y ait des pauvres. Trop de protection met en péril notre économie». Est-ce vraiment le discours de quelqu’un qui dénonce une « politique beaucoup trop libérale » ?

Non ! Laure Mandeville ignore simplement, ou feint d’ignorer (accordons-lui le bénéfice du doute et admettons qu’elle est de bonne foi), que « liberal », en anglais, ne signifie pas « libéral », mais « social-démocrate », « socialiste », voire « gauchiste », soit presque l’inverse de son équivalent français. Le politologue et sociologue américain James Burnham a bien expliqué l’évolution du terme « liberal » dans son livre Suicide of the West (1964).

Plus loin, Laure Mandeville écrit que les frères Koch, financiers des Tea Parties, sont aussi ceux du « Parti libertaire ». La journaliste décrit également le Cato Institute comme un think-tank « libertaire »… En fait, la correspondante a mal traduit le terme « libertarian » qui signifie « libertarien », c’est-à-dire partisan de toutes les libertés, économiques notamment, ce qui n’est pas le cas des libertaires de gauche, lesquels ne sont favorables qu’aux libertés « sociétales » : drogue, avortement, euthanasie, contraception, etc.

Les « bobards » de Marianne

À Marianne, c’est le rédacteur en chef économique et social, Hervé Nathan, qui a pris la plume pour dénoncer le programme de rigueur du Premier ministre britannique, le conservateur David Cameron, dont nous avons eu l’occasion de dire qu’il n’était pas si « rigoureux » qu’on veut bien le croire.

Mais qu’à cela ne tienne ! Pour Hervé Nathan, le programme de David Cameron « frise le libertarisme » (sic), son projet étant… « libertarien »… Là encore, le journaliste a mal traduit le terme « libertarian », un terme qui, d’ailleurs, convient assez peu pour décrire la politique menée par Cameron.

Hervé Nathan commet en outre une erreur majeure en écrivant que le néo-conservatisme est né dans les années 1980 au Royaume-Uni, alors qu’il est né aux États-Unis dans les années 1950 comme l’a relaté l’écrivain Alain Laurent.

Hervé Nathan précise dans son profil sur Marianne2.fr qu’il a co-écrit le livre Les Bobards économiques. Il lui reste donc à écrire Les Bobards philosophiques et Les Bobards linguistiques en erratum à l’article incriminé.


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