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lettre à Laurence Parisot

Publié le 25 octobre 2010 par Despasperdus

Chère Laurence,

Nos amis s'inquiètent que le mouvement social durcisse malgré le vote imminent de la réforme des retraites. Il règne en France un climat pré-révolutionnaire très préoccupant.

Visiblement, le pouvoir a perdu la confiance du peuple français malgré quelques diversions savamment menées au nom de la sécurité, et relayées par l'excellent travail de communication des grands médias.

L'heure est gravissime.

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La politique ostentatoire de classe menée tambour battant par le pouvoir sarkoziste exaspère une population qui peine à mesurer la chance qu'elle a de vivre dans une société libre, où tous les secteurs d'activités sont régis par la main invisible du marché... où chacun a sa chance pour créer sa propre entreprise, où la concurrence est libre et non faussée au sein du vaste espace de l'Union européenne !

Depuis 2007, voire même sous Chirac, nous vivions un rêve éveillé. L'Etat providence qui résulte des conquêtes ouvrières a été complètement démantelé. Il ne reste plus que quelques beaux lambeaux, comme le régime des retraites par répartition, l'hôpital public, l'éducation nationale ou la sécurité sociale qu'il conviendra de reprendre... le moment venu.

Mais, Nicolas Sarkozy et son équipe ont perdu le sens des réalités, reclus dans les palais de la République. Ils se sont précipités. Et puis, l'affaire Woerth est arrivée au plus mauvais moment, et elle fut très mal négociée. Un autre scandale, celui de Monsieur le Frère et de son fond par capitalisation, risque d'éclater à tout moment ! Le pouvoir politique de droite n'a pas mesuré que le peuple affamé est resté particulièrement chatouilleux sur ces questions bassement matérielles !

Convenez que l'autisme de Sarkozy et de sa bande prend le pays en otage. Le pouvoir actuel pêche par manque de souplesse tactique et de sens politique. Le Conseil d'administration du Club encourage vivement le Medef à dénoncer cette situation de blocage. Il lui demande d'appeler au dialogue social et à la paix des justes, quitte à suspendre la réforme ! Vous ne devez aucun cas lier l'avenir du patronat et des conquêtes libérales à celui de l'UMP et de son chef.

N'oublions pas que nos partenaires socialistes ont eu le mérite de garder le contact avec le peuple en lutte tout en ayant approuvé l'essentiel de la réforme, à savoir l'allongement de la durée des cotisations. La direction du parti socialiste a réussi un numéro d'équilibriste de haute voltige entre un Filoche qui rassure la vieille garde marxiste et un Valls qui indique l'orientation à suivre. Martine Aubry et son staff ont réalisé une parfaite synthèse en trompe l'œil. C'est un signe qui ne trompe pas et que le Medef doit prendre en considération.

D'ailleurs dans l'histoire récente, le parti socialiste, à part quelques crises infantiles de gauchisme, a toujours été un allié sûr et discret du patronat. Les socialistes ont plus privatisé que la droite. Ils ont carrément libéralisé le secteur de la finance sous Bérégovoy. Ils ont même créé le bouclier fiscal. Ils ont respecté les dogmes monétaristes et anti-inflationnistes. Ils ont redonné le goût de l'entreprise aux français tout en justifiant la précarité sociale, s'inspirant de la fameuse phrase d'un camarade teuton sur les investissements d'aujourd'hui qui feraient les emplois de demain : hilarant n'est-ce pas ? Mais tellement efficace ! Ils n'ont jamais remis en cause les réformes des retraites Balladur et Fillon. Et surtout, ils ont toujours soutenu les politiques les plus néo-libérales de l'Union européenne, jusqu'à voter le traité de Lisbonne. La liste n'est pas exhaustive... Ces gens-là ne sont pas nos ennemis !

Compte tenu des éléments susnommés, le patronat doit rester lucide en pleine tempête sociale ! il serait insensé que le Medef continue à soutenir son ami le président Sarkozy et l'UMP, au risque de tout perdre ! Ne tombez pas dans le sentimentalisme pour sauver un fidèle et zélé serviteur. Soyez réaliste et pragmatique.

Après plus de 10 ans de droite, le peuple choisira la gauche.

Aussi, il faut empêcher le Front de gauche de prendre le pouvoir ! Nos amis en Amérique latine peuvent témoigner des conséquences sociales d'une véritable alternative politique de gauche ! Le Medef devra soutenir discrètement le parti socialiste pour que l'alternance politique soit la plus douce et la moins conséquente possible. Le candidat social-démocrate devra donc faire l'objet d'un traitement médiatique particulier et de sondages d'opinions favorables.

Le Club estime que l'actuel directeur du FMI - qui mène actuellement une courageuse et violente croisade libérale en Europe - ferait un excellent candidat de gauche... Qu'en pensez-vous ?

Bien à vous.

Cordialement

Le président du Club des néo-libéraux sociaux.


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