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Entrevue de Mark Shuttelworth du 27 décembre 2007

Publié le 06 janvier 2008 par Cédrick Hannier

Il y a un peu plus d'une semaine, a été publié une entrevue de l'un des hommes les plus connus actuellement dans le monde GNU/Linux : Mark Shuttleworth. Dans cette entrevue il parle du chemin qui l'a permis d'arriver dans cet univers du logiciel libre et de ce qu'il l'a poussé à faire ce qu'il fait et à ne pas faire une autre chose. Je ne sais pas si vous voyez ce que je veux dire


Personnellement, je pense que l'image que veulent véhiculer certains hommes n'est pas le plus important, mais c'est le concept qu'ils portent en eux qui l'est, comme celui du logiciel libre, du partage, du communautarisme, etc...


En dépit de ce que des personnages tels que Torvalds, Stallman ou Maddog ont pu dire ou faire pour attirer l'attention sur Linux, cela a plutôt fonctionné grâce à ceux qui agissent sans faire trop de bruit. Moins technique que les personnes précédemment cités, Mark Shuttleworth est de ceux qui ont porté Linux au regard du grand public grâce à Ubuntu.


Ceux qui ne le connaissent pas encore vont se demander qui est Mark Shuttleworth. Pour résumer, en 1995, il fonda Thawte, société spécialisée dans la sécurité internet. Il vendit cette dernière en 1999 à VeriSign. Il créa alors HBD Venture Capital, une société de capital risque et la Shuttleworth Foundation, qui crée des projets éducatifs en Afrique du Sud. On le connaît aussi pour avoir fait les gros titres en 2002, pour avoir réalisé son rêve de gosse, en devenant le premier Sud-Africain à voyager dans l'espace (moyennant la somme de 20 millions de dollars quand même) comme cosmonaute civil sur un vol de 8 jours à bord d'un vaisseau spatial russe Soyuz. En 2004 il crée Ubuntu, une nouvelle distribution Linux (dont l'objectif avoué est de populariser ce système d'exploitation) via sa société Canonical Ltd. En 2005, il fonde la Ubuntu Foundation et lui apporte une contribution initiale de 10 millions de dollars. La fondation a pour but de rémunérer les développeurs d'Ubuntu.


L'entrevue originale en anglais vous pouvez la trouver ici.Et voici le résultat de la traduction que j'ai effectué avec beaucoup de peine re glissé dans cette traduction):


Vous avez investi plus de 10 millions de dollars de votre fortune personnelle pour le développement d'Ubuntu et vous vous êtes lancé dans une campagne personnelle pour apporter aux plus grand nombre une distribution Linux libre, facile à utiliser et fiable. Pourquoi ?


A l'université, j'avais beaucoup de difficultés à relier mon ordinateur personnel au réseau universitaire. Et puis un jour quelqu'un m'a donné une pile de disques de Slackware ce qui a beaucoup attiré mon attention. J'ai été fasciné par la quantité et la qualité des outils qui étaient fournis avec Linux, même si ce système était encore très jeune à l'époque. C'était comme de vivre sans rien dans le désert et ensuite de marcher sur un buffet de nourriture où je pouvais manger ce que je voulais. Ensuite je me suis intéressé à Internet et j'ai fondé une petite compagnie appelée Thawte (1995) qui vendait des certificats numériques que je créais, du moins au début, avec un logiciel de cryptographie qui était disponible sous licence open-source.


Pourquoi avez-vous pensé à créer cette entreprise en 1995, exactement au moment ou Internet commençait à se démocratiser un peu partout dans le monde ?


J'étais pauvre. J'étais désespéré. Je voulais grimper dans un wagon de ce train appelé Internet et je voulais trouver une affaire qui n'exigeait pas de grande infrastructure ou de grandes sommes d'argent pour démarrer.


La clé étaient Linux. C'est Linux qui m'a permis de me relier au réseau et qui m'a permis d'assimiler toute cette connaissance. C'est Linux qui m'a permis de monter des serveurs dans une compagnie avec un compte client, puis d'avoir des serveurs dans trois pays et de les administrer tous à distance par ligne téléphonique. Tu pouvais le faire uniquement avec Linux.


J'ai vendu cette société en 1999, au sommet de la bulle Internet. Cela m'a alors donné l'occasion de me reposer et de me demander quelles sont les choses auxquelles je voulais prendre part dans ma vie. Vous savez, la vie est courte.


Une de ces choses était d'explorer l'espace, de faire partie de cette grande aventure. J'y suis allé et je l'ai fait. L'autre était de faire partie de ce mouvement du logiciel libre, celui qui m'a été salutaire, faire connaître cela à une assistance beaucoup plus importante. C'est la genèse de Ubuntu.


Ubuntu LInux a parcouru un long chemin en seulement trois ans. Êtes vous proche de votre rêve d'un Linux pour tous ?


Bon, en vérité nous avons fait partie de ce processus qui a permis de rendre Linux, plus largement utilisé, intéressant et utile. Une partie de ceci nous le devons à une synchronisation chanceuse. La Communauté Linux a décidé en 2004 qu'il y avait un problème intéressant. Les gars du kernel Linux sentaient qu'ils avaient prouvé qu'ils pouvaient rendre un kernel stable, fiable, robuste et que le prochain défi était le bureau. Donc nous avons profité de ce moment pour entrer en scène au même moment ou tout le monde s'intéressa à cela.


Ubuntu a gagné sa réputation avec ses systèmes d'exploitations Desktop. Quelle est la stratégie d'Ubuntu sur le marché d'entreprise avec sa version serveur ?


Naturellement, cela prendra du temps d'accumuler un portefeuille de clients complet avec certification. Mais beaucoup d'organisations ont fait le premier pas en déployant Ubuntu sur un serveur quelque part même si c'est juste une affaire interne, comme un banc d'évaluation ou d'essai pour du calcul de haut rendement, des endroits où ils se disent qu'ils peuvent prendre quelques risques ou encore des emplacements qui ne dépendent pas tellement de tiers certifications. Ainsi, par exemple, des gens que déploient LAMP aiment Ubuntu parce qu'ils ont tout ce dont ils ont besoin. Nous avons vu une adoption rapide sur ce segment. Il se passera évidemment du temps pour que les gens effectuent un déploiement au coeur de leurs réseaux et sur leurs serveurs de bases de données, parce que nous devons construire des relations forte avec les fournisseurs de logiciel. Ce n'est pas le travail de toute une vie, mais bien quelque chose qui portera sur plusieurs années.


Quels types de réponses avez-vous par les fournisseurs traditionnels ?


Cela a surpris pas mal de monde. Vous savez, n'importe quelle surprise est une mauvaise surprise pour les personnes qui ont passé beaucoup de temps à jouer au jeu auxquels les grandes compagnies jouent sur le marché. Je pense que nous avons secoué un peu un marché bien établi et prévisible ainsi cela prendra du temps pour que ces compagnies adoptent une position sur la façon dont elles se sentent au sujet des changements que nous provoquons.


D'après vous qu'elle sera la prochaine grande chose dans le monde de Linux où Ubuntu peut faire encore plus de vagues ?


Je crois que la virtualisation est une des choses les plus excitantes qui se produit dans Linux aujourd'hui et nous essayons d'incorporer les technologies les plus passionnantes et le plus mûres dans Ubuntu.


Qu'est ce qui est le plus passionnant dans votre travail ?


Les raz de marée. Je suis fasciné par les choses qui balayent la société et qui change tout ce qu'elles touchent et cela de différentes manières. Internet a été le premier grand raz de marée dont j'ai pu être témoin. Mais en observant l'ampleur des modifications d'Internet sur la société, on se rend compte que cela a changé la façon de travailler de ma mère, la manière de fonctionner des entreprises, Internet à aussi modifié la façon dont les gens conçoivent des produits et ainsi de suite, c'est particulièrement excitant. Je voulais un projet qui provoque le même phénomène.


Le logiciel libre fait partie d'un phénomène plus vaste, lequel est une reconnaissance de la valeur d'un travail partagé. Historiquement les choses partagées avaient une mauvaise réputation. La réputation en question était que les gens abusaient toujours des choses partagées et dans un monde physique et matérialiste, quelque chose qui est partagé est abusé et devient sans valeur. Dans le monde numérique je crois que nous avons l'effet inverse, quelque chose qui est partagé prend plus de valeur que quelque chose qui ne l'est pas, aussi longtemps que tout monde le partage et y contribue.


C'est un concept fascinant, qui je pense va toucher beaucoup d'industries. Celle du logiciel est la première. Faire partie de cela est avec certitude faire partie du prochain raz de marée.

                                                                               

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