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Se méfier des premières évidences de nos sens

Publié le 26 octobre 2010 par Jeanjacques

Dans beaucoup de domaines le savoir a progressé par dépassement et refus de l’évidence première, de ce qui tombe immédiatement sous les sens et se donne comme vérité définitive. Nos ancêtres voyaient effectivement la Terre plate, les astres tournoyant autour d’elle, l’air si léger ne pouvait avoir de poids, les corps les plus lourds devaient avoir des vitesses de chute différentes etc…

  

Aujourd’hui, il nous demeure évident également que là où nous n’apercevons pas de matière, ni gaz ni particule, nous avons affaire au vide. Il nous semble commun, puisque nous l’avons expérimenté, que lorsque nous nous déplaçons dans cet espace, nous ne rencontrons aucune résistance, ce qui renforce notre certitude que le vide est Rien. Mais comme nous ne parvenions pas à comprendre comment la transmission à distance entre deux corps séparés était possible alors qu’il y a le Rien, certains ont imaginé l’existence d’une substance, l’éther, occupant tout ce vide. Se fiant toujours à nos sens premiers, comme nous pouvions librement nous déplacer dans cet espace éthéré, puisque nous ne rencontrions aucune résistance, nous ne pouvions imaginer cet éther autrement que très léger et très fluide. A l’espace proprement dit se rajoutait une substance particulière qui occupait cet espace si bien que nous avions deux objets physiques différents qui se superposaient en occupant le « même lieu » Einstein suite à l’expérience de Michelson et Morley mis fin à ces divagations.

  

Comme aujourd’hui il n’est pas de théorie physique des plus sophistiquées qui d’une façon ou d’une autre ne prête des propriétés au vide, notamment d’être le lieu d’une énergie infinie, on est en droit de se demande : où se trouve l’erreur ?

Il semble qu’à l’origine on a bien trop fait confiance à l’évidence de nos sens et qu’on a raisonné sur les propriétés du « vide » à partir de celles de la matière en opposant vide et plein, néant et matière, fluidité et rigidité. Dans le monde de la matière, rigidité et élasticité sont en effet contradictoires. Mais peut-on plaquer ces propriétés sur celles de l’espace ? Et si l’espace EXISTE comme différent de la matière, si nous lui prêtons des propriété différentes, il doit par définition demeurer comme substance qui se remplit lui-même de son être. Si l’espace occupe l’espace, il ne peut y avoir aucun « trou » d’espace entre lui comme c’est le cas de la matière.

A priori, on ne peut concevoir une substance qui composerait l’espace que comme absolument rigide pour occuper TOUT l’espace, sans vide aucun à partir duquel, comme pour la matière, nous pourrions introduire la notion de densité différentielle et donc de plus ou moins grande élasticité. L’espace doit être absolument dense pour exister comme espace, c’est là une exigence première à partir de laquelle la notion d’espace acquiert sa pleine signification. Mais, le second sens, la "mission" seconde de l’espace, outre son existence, c’est justement d’être la « fonction » de l’univers qui autorise le mouvement, le déplacement des corps. Il faut donc que ses propriétés soient en conformité avec sa fonction et qu’un corps qui s’y déplace n’en soit pas empêché, qu’il y rencontre peu de résistance. Peu de résistance et non nulle résistance car dans cette dernière hypothèse nous retomberions dans le néant du vide sans substance constitutive de l’espace.

  

Ainsi, un espace plein d’une substance ne peut être qu’absolument rigide mais doit permettre le mouvement des corps en son sein. Par nature, l’espace-substance doit concilier rigidité absolue et plasticité, ce qui nous semblait contradictoire pour la matière. Nous avions donc raison de nous méfier des premières évidences de nos sens, comme de croire que la matière est la seule substance qui existe et à partir de laquelle nous pourrions déduire toutes les propriétés de l’univers.


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