Highway Patrol

Un accessoire indispensable dans les séries américaines, c’est la voiture. La société Américaine est automobile et ses constructeurs sont de généreux annonceurs. Ça n’a pas changé puisque de nos jours, la première question que se pose un producteur c’est la marque de la prochaine voiture que conduira James Bond. Donc, on pourrait qualifier de naturel le concept de cette série de 1955, qui sera d’ailleurs souvent repris par la suite : les aventures des policiers de la route. Ici, les épisodes se concentrent sur le premier d’entre eux : leur chef Dan Mathews et bien qu’inaugurant le genre, ce programme va faire preuve d’originalité. Le générique ci-dessous est aussi martial qu’un défilé militaire, tout à fait dans le style de l’époque.

Comme vous l’avez vu, le dernier plan du générique est estampillé du logo des studios de monsieur Frederick William Ziv (Ziv Television Programs qui sera pas la suite absorbé par United Artists Television), un pionnier qui fut un des premiers producteurs indépendant de la télévision après avoir conçu et distribués de nombreux programmes radiophoniques. Jusqu’au milieu des années 1960, le studio produira une cinquantaine de séries dont Boston Blackie, Bat Masterson, The Cisco Kid ou Sea Hunt… Et Highway Patrol va être un de ses plus beaux succès, enchaînant quatre saisons et alignant plus de cent cinquante épisodes qui seront largement diffusés et rediffusés.

Les épisodes qui commencent par nous montrer le délit du jour et ses criminels, ce sont des poursuites ou des enquêtes. Soit les bandits sont cachés quelque part dans l’immensité du réseau routier qui quadrille un paysage quasi désert (la série est tournée en grande partie en extérieur dans le sud de la Californie, ce qui n’est pas courant) et il faut les retrouver, soit il faut les confondre en recueillant preuves et témoignages. Les deux thèmes sont toutefois toujours savamment détournés pour que les histoires soient assez uniques. Elles sont écrites par les meilleurs, ou plus précisément : les meilleurs ont aussi écrit sur cette série. Il y a par exemple (et entre autres) Gene Roddenberry (le créateur de Star Trek) qui se cache timidement derrière un pseudonyme, Gene Levitt (futur créateur de Fantasy Island) ou Teddi Sherman qu’on doit citer parce que c’est une des rares femmes scénaristes de cette époque.

C’est très Western, à cause du décor, des longues traques, des coups de revolver et du chapeau que porte tout le temps le héros. Ce Dan Mathews en charge de la police de la route, c’est Broderick Crawford qui l’interprète et qui ajoute au luxe apparent de la série car il a obtenu quelques années auparavant l’Oscar du meilleur acteur (All the King’s Men, de Robert Rossen, 1950). Il sera encore plus tard en interprète principal dans les série King of Diamonds et The Interns. La voix que vous avez entendu sur l’intro, c’est celle d’Art Gilmore qu’on entendait alors résumer l’intrigue de plein d’autres séries et qui a passé plus de temps dans sa carrière derrière les micros que devant les caméras (il sera quand même lui aussi policier en voiture dans Adam-12). Viennent régulièrement : William Boyett (également plus tard dans Adam-12), Vance Skarstedt, Ron Foster, Terry Frost (une gueule de cowboy vue dans la moitié des westerns de la télévision) ou Wayne Heffley. Apparaissent pour un épisode ou deux : le futur Zorro et Dr robinson de Lost in Space : Guy Williams, la future Jeannie de ses rêves : Barbara Eden, l’extraterrestre de la télé le plus fameux du monde : Leonard Nimoy et un Clint Eastwood qui avait encore besoin de se présenter à l’époque.

Bien sûr, plus d’un demi-siècle plus tard, tout a pris une patine nostalgique adorable : les vêtements, les uniformes, les décors, les accessoires… Mais ne salivez pas non plus : pour le moment, seule la première saison a été éditée en DVD par MGM.

J.B.

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