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Suisse et corruption : l’illusion

Publié le 26 octobre 2010 par Kalvin Whiteoak

Suisse et corruption : l’illusionDans son index 2010, l’ONG Transparency International classe la Suisse au 8e rang du peloton de tête des Etats vertueux: le fonctionnaire ou politicien moyen helvète serait presque aussi incorruptible que le Danois ou le Singapourien de base, une image presque christique en somme.

Les braves chercheurs de l’ONG en question sont toujours quelque peu empruntés pour dresser leur tableau de chasse. Il faut dire que la matière est sensible et que les informations disponibles ne sont pas aussi nombreuses que la liste des divorces de célébrités publiée par Voiga ou Gali.

Mais peut-on franchement affirmer que la corruption au sens strict est presque absente de Suisse ? Ce serait commettre une grave erreur que de le croire sans autre. Simplement en Helvétie, elle porte un autre nom et revêt une autre robe. On y rencontre au quotidien le copinage, le népotisme, l’octroi d’avantages et de marchés publics ou privés qui n’ont pas grand chose à envier à la Somalie et à d’autres pays fort mal classés.

Simplement, comme pour beaucoup d’autres choses dans ce brave pays, tout se passe en douceur et hors la vue du notaire ou de l’ONG Transparency. Pour se rendre compte de ce qui se passe réellement, il faut vivre au cœur du pouvoir politique, qu’il soit communal, cantonal ou fédéral. Ce pouvoir est gangrené par le népotisme et le retour d’ascenseur, et ceci restera vrai aussi longtemps que les partis seront financés de façon occulte et sans aucun contrôle par les grandes entreprises.

Parfois, comme dans l’affaire UBS, une brèche dans cette omerta se créée, permettant de voir mieux qui fait quoi pour qui et pour quoi. Mais prétendre que la Suisse est vertueuse sur ces points relève de la gentille utopie de post soixante huitards retardés. Même au sein des grandes organisations internationales comme la FIFA, dont on rappelle que le siège est en Suisse pas vraiment pour rien, les corrompus et les corrupteurs sont légions. Or tout le personnel de ces gigantesques conglomérats n’est pas somalien ou afghan.

Pour se convaincre de ce qui précède, il faut étudier sur la durée et au niveau local l’adjudication des travaux publics. Un exemple magnifique où les enveloppes ne sont pas forcément légion, comme chez les Bettencourt, mais où les retours d’ascenseur à titre onéreux sont automatiques et très nombreux chaque année. Comme ils le sont au niveau fédéral où l’interpénétration des personnels de toutes origines rend les choses plus faciles.

La Suisse ne vend pas des armes de façon plus vertueuse que ses concurrents.

Le reste suit sur le même mode.

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