Le retour de Shérek le jaune

(ne sont-ils pas mignons, tous les deux ? En vrai, ils sont ici)

Un affreux, sale , bête et méchant gauchiste nous confiait récemment qu’avec le leader de la CeuxFeuxDeuxTeux, « la trahison n’était jamais une surprise » et que « Tout juste peut-on chercher à deviner le moment et la manière dont il va trahir… ». Ce n’est pas faux.

Le jour de gloire est arrivé, contre nous de la tyrannie, fort heureusement et bien à propos, l’étendard sanglant s’est levé : c’était hier, dans Mots croisés. Mr Chérèque s’est soudain trouvé très spontanément une passion pour la démocratie après avoir contribué à bloquer sauvagement (« zavez pas vu combien ça nous coûte, à nous autres, les vrais travailleurs ! »), le pays avec ses hordes de manifestants ivres de violence, de bouffer du patron et de tordre le cou aux plus fortunés en rayant avec leur clé la carrosserie rutilante de leur belle Bm ou Mercédès… (ah non, zut, ça c’est la CGT… merdre !) alors qu’ils n’ont pourtant pas démérité et qu’il faudrait voir à ne pas oublier que c’est eux qui font la France, son économie, ses richesses, son travail, ses chômeurs (ah non, ça c’est pas eux non plus, c’est la CGT putain ! Mme Parisot l’a pourtant dit assez haut et fort hier, nom de bois !).

Mais bon, je ne sais pas pourquoi ce dénuement pourtant heureux du conflit des retraites me laisse un tel goût amer dans la bouche et la nausée au bord des lèvres :  Shérek le jaune n’en est pas à son premier coup d’essai en termes de compromis…sion. Ainsi, ce fameux document décrit dans un livre de 2007 (Jacques Cotta, « Riches et presque décomplexés » (Fayard), p 125) et repris ensuite par bien des sites et blogs de l’époque :

« Durant une heure, je vais de surprise en surprise. Le leader de la CFDT réserve à ses hôtes très satisfaits un discours des plus politiques. « L’économie est poussive » et « le premier des problèmes concerne l’investissement » car nous « n’avons pas décliné les objectifs de Lisbonne ».
 Plus clairement ? demande Sophie de Menthon.
 Les réformes de la recherche, des régimes sociaux, des retraites, de l’assurance-maladie, de la santé, des hôpitaux n’ont pas été accomplies. »

Qu’on se le dise : la réforme des retraites est un authentique progrès facteur de régression comme le peuple en avait tant besoin… et la CFDT enterre la hache de guerre avant même que celle-ci ne soit terminée, sous le prétexte fallacieux qui ne trompe personne de respecter la démocratie… alors qu’il s’agit de baisser son pantalon devant le MEDEF, même si c’est sans vulgarité, tout en finesse et avec doigté… comme sait si bien le faire le rusé céfédétiste.

Si Madame Parisot était médecin, on pourrait sans peine évoquer le plaisir de Shérek le jaune à bénéficier d’un tel toucher rectal… qui rime si bien avec patronal.

Mais méfiez-vous, (pseudo) victoire bien mal acquise ne profite jamais, Mesdames et Messieurs les représentants de l’oligarchie…

Car il y aura d’autres combats. Et même celui-ci n’est pas tout à fait terminé… contrairement à ce dont se félicitent déjà les fossoyeurs de la démocratie et des acquis sociaux : on les aura !

..